Une opinion sur la conjoncture actuelle
Dans la lutte
12/12/2003
- Opinión
La bataille que livrent les secteurs populaires vénézuéliens
en appui au projet émancipateur de Hugo Chávez est un combat
décisif pour l'indépendance de l'Amérique latine.
Le Venezuela possède, de par sa position géographique et ses
richesses naturelles, une valeur stratégique incalculable.
Le pays a des frontières avec le Brésil, la Colombie, la
Guyane et les Caraïbes, il compte avec les réserves
pétrolières et gazières les plus importantes du monde ainsi
que d'innombrables ressources hydrauliques, minérales et en
biodiversité.
Tout cela fait que la résistance de son gouvernement contre
les plans états-uniens de re-colonisation du continent
exerce une grande influence dans la région. Bien
qu'accompagné aujourd'hui par le Brésil, l'Argentine et par
des révoltes populaires comme en Bolivie, le Venezuela de
Chávez avait à ses débuts initié une politique extérieure
indépendante dans un contexte de servilité dominante parmi
les gouvernements latino-américains envers le Nord.
Depuis ses débuts, il a plaidé sans relâche pour une
intégration latino-américaine et s'oppose à l'ALCA [Zone de
Libre-échanges des Amériques, N.d.T.]. Il a développé la
collaboration avec Cuba - qui a envoyé des pédagogues pour
assister la campagne d'alphabétisation massive ainsi que des
centaines de médecins qui vont soigner les gens là où
personne n'a jamais été. Défiant l'ordre mondial unipolaire,
il revendique le contrôle sur ses hydrocarbures, a
revitalisé l'OPEP et fait remonter les prix du pétrole.
Grâce à cela, il a pu augmenter les investissements de
l'Etat dans les infrastructures et les dépenses sociales et
a élevé son prestige au regard d'un Tiers monde qui semblait
résigné face à l'ordre hégémonique consécutif à la chute du
Mur de Berlin.
Mais ce qui a rendu jusqu'à présent invincible ce singulier
processus politique et qui le transforme en une référence
dans toute l'Amérique latine, c'est d'avoir obtenu que
l'immense majorité des pauvres vénézuéliens deviennent pour
la première fois les protagonistes de leur destin. Excédés
par l'exclusion auxquels ils ont été soumis par le pillage
impérialiste et son appendice national de démocratie
corrompue, ils ont trouvé dans le chavisme une cause capable
de les organiser dans la lutte pour leurs aspirations et un
instrument pour barrer, de manière électorale, la voie aux
partis politiques qui servaient de base à la domination de
l'oligarchie.
Il ne faut donc pas s'étonner du fait que l'énorme mouvement
populaire qui a amené Chávez à la présidence, loin de se
diluer, s'est au contraire renforcé. Cela fut possible parce
que Chávez n'a jamais, à aucun moment, perdu sa syntonie
avec les pauvres du Venezuela. C'est avec leur appui qu'il a
eu la majorité à l'Assemblée constituante où furent jetées
les bases juridiques qui allaient donner réalité à la
souveraineté populaire, à la démocratie participative et à
la justice sociale et permettre de refonder l'État avec le
nom symbolique de République Bolivarienne du Venezuela.
A partir de là, le mouvement bolivarien est sorti victorieux
de toutes les attaques lancées par la sédition oligarchique
téléguidée depuis Washington et Miami : lock-out patronaux,
un coup d'Etat et une paralysie de l'industrie pétrolière
par ses managers privilégiés entre décembre 2002 et janvier
2003. Cette sédition a été sans cesse encouragée par une
féroce campagne médiatique nationale et internationale faite
de mensonges et de calomnies contre le gouvernement de
Caracas - les médias privés vénézuéliens devenant même
l'avant-garde de la subversion et du putschisme.
Constatant que ses tentatives d'abattre ce gouvernement par
des moyens illégaux ont tous été mise en échec, l'opposition
a décidé de jouer la carte du référendum révocatoire
présidentiel en s'appuyant sur un article de la nouvelle
Constitution à laquelle elle s'était toujours opposé avec
rage. Mais elle savait à l'avance que sa base sociale
s'était réduite et démoralisée à un degré tel qu'il lui
était impossible de récolter légitimement les millions de
signatures pour demander un référendum, sans parler des
votes nécessaires pour destituer Chávez.
C'est pour cela qu'elle a utilisé les méthodes les plus
sales afin d'atteindre ses objectifs ; depuis la menace de
licenciement de la part des patrons envers leurs
travailleurs jusqu'à faire signer des défunts. Son objectif
est bien entendu en premier lieu de faire croire qu'elle a
obtenu le nombre de signatures nécessaires pour ensuite se
poser en victime d'une soi-disante fraude gouvernementale et
ainsi de tromper ses propres partisans pour les regrouper et
les lancer à nouveau dans la rue. Et surtout de créer des
incidents qui permettent l'application de la clause (anti)
démocratique de l'Organisation des États américains (OEA)
...
Pendant ce temps, Washington hésite entre son fervent désir
d'en finir avec Chávez et la préoccupation face à la
déstabilisation de l'une de ses principales sources
d'approvisionnement en pétrole. La soudaine et hypocrite
attitude conciliatrice avec Caracas de l'ambassadeur états-
unien Charles Shapiro n'est pas ainsi due au hasard.
Traduction de l'espagnol : Ataulfo Riera, pour RISAL.
Article original en espagnol : « Venezuela en la pelea » ,
Alai Agencia Latinoamericana de Información, 04-12-03.
https://www.alainet.org/de/node/109684?language=en
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