Le Pape et les droits des chrétiens et des chrétiennes
29/04/2007
- Opinión
Serpaj - Buenos Aires, le 18 avril 2007.
Le Saint Office n’a jamais été saint mais a toujours été un office bureaucratique. L’histoire de l’Eglise est marquée par des périodes obscures avec des actions totalement contraires à l’Evangile. C’est au nom de Dieu qu’ils prétendaient défendre l’orthodoxie et les valeurs de la foi et qu’ils ont pratiqué des tortures, qu’ils ont discriminé, qu’ils ont tué et qu’ils ont imposé la « Sainte Inquisition », qui a fortement marqué cette époque d’obscurantisme.
A notre époque, avec ses grandes avancées technologiques et scientifiques, bien des choses ont changé à l’intérieur du Vatican et des Eglises locales, certaines dans le bon sens, d’autres dans le mauvais sens. Cela dépend surtout de celui qui occupe le siège de Pierre, mais parfois, cela vient aussi des Eglises locales.
Avec le temps, l’Inquisition est devenue la Congrégation de la Doctrine de la Foi, qui apparaît ainsi moins conflictuelle, pour essayer de faire oublier sa triste histoire mais sans perdre de vue sa fonction de surveillance et en exerçant toujours sa tâche inquisitoriale. Elle a changé de nom mais continue à condamner les « déviations » de ceux que le Vatican considère comme « rebelles » et qu’il faut à tout prix discipliner pour qu’ils ne deviennent pas des « brebis égarées ».
Celui qui était alors le Préfet de la Congrégation de la Doctrine de la Foi est devenu à présent le pape Benoît XVI. Dans cette période antérieure, il a exercé son rôle d’inquisiteur face aux théologiens de la Libération qu’il accusait alors et qu’il accuse toujours d’approfondir davantage la condition humaine de Jésus plutôt que sa divinité. D’autre part, il accuse aussi ces mêmes théologiens d’utiliser la méthode d’analyse marxiste pour appréhender la réalité. Aujourd’hui, en tant que Pape, il n’abandonne pas sa façon de penser et il prend des mesures qui provoquent bien des situations préoccupantes et témoignent d’un grand retour en arrière de l’Eglise. Par exemple, on revient aux messes en latin et au chant grégorien (très beau et édifiant en lui-même, mais qui n’est pas unique), et on minimise l’oeucuménisme et le dialogue interreligieux à cause des possibles déviations, car « Dieu est seulement au Vatican ».
On renforce à nouveau l’imposition du célibat sacerdotal en excluant plus de 150 mille prêtres mariés qui ont opté en toute liberté de conscience afin d’être cohérents avec l’Evangile dans leur vie. L’expulsion de l’église dont ils souffrent va contre leurs droits.
Le Pape oublie que Pierre, son prédécesseur, était un homme marié avec une famille. Jésus ne l’a jamais marginalisé pour autant.
L’obéissance sur laquelle se base l’Eglise ressemble à celle de la structure pyramidale des forces armées qui impose la règle de l’autoritarisme. Cette « obéissance aveugle » nie la liberté de conscience de ceux qui la pratiquent en les soumettant à des comportements corporatistes qui finissent toujours par provoquer de fortes crises d’identité et altèrent bien des valeurs.
Jésus nous enseigne la façon d’assumer pleinement « l’obéissance en liberté » qui respecte la conscience et les valeurs spirituelles en s’exerçant dans l’Amour. Les préoccupations et les interrogations des chrétiens et des chrétiennes d’aujourd’hui qui cherchent à vivre leur foi et leur engagement évangélique avec leurs peuples, sont fort nombreuses. Ils reconnaissent le visage de notre Seigneur dans celui des enfants, des personnes âgées, des jeunes, des hommes et des femmes pauvres, des participants de nos communautés religieuses et de tous les hommes du monde.
Ce qui nous préoccupe, c’est la façon dont la politique vaticane continue son œuvre en sanctionnant et en imposant silence à certains théologiens comme elle l’a fait avec Leonardo Boff qui malheureusement a du se séparer de la structure ecclésiale pour pouvoir rester fidèle à l’Evangile. Ce qui nous préoccupe encore, c’est la persécution et la mise au silence de Gustavo Gutiérrez, d’Anthony de Mello, de Ronaldo Muñoz, du théologien Hans Kung et maintenant du Père Jésuite Jon Sobrino qui vient d’être sanctionné. On lui impose silence et on lui interdit d’enseigner la Parole de Dieu dans les universités, les séminaires et dans bien d’autres groupes de chrétiens. La répression ecclésiastique prive de leurs droits ces membres de l’Eglise, met des barrières à leur liberté et les soumet à l’uniformité vaticane qui est le plus souvent éloignée de la réalité et de la vie de foi des peuples.
La plupart des théologiens sanctionnés sont issus de la rénovation de l’Eglise du Concile. Ils ont assumé leur engagement dans la vie même du peuple de Dieu sur les chemins de la libération. Mais de quoi le Vatican a-t-il donc peur ?... A-t-il peur de quelques théologiens latino-américains qui cherchent de nouveaux chemins pour vivre l’Evangile ensemble avec leurs peuples ?...
Je ne sais pas si Benoît XVI dans sa vie sacerdotale a eu l’occasion et le courage de cheminer ensemble avec les peuples en comprenant la douleur et l’espérance vive de la foi de ces hommes et de ces femmes qui essayent de vivre leur foi dans différentes parties du monde.
Nous devons nous souvenir de tous ceux qui ont donné leur vie en sacrifice pour que d’autres puissent avoir la vie, de tous ceux qui ont assumé la croix du Christ dans l’Amour, comme Monseigneur Oscar Romero, Monseigneur Enrique Angelelli et bien d’autres frères et sœurs dans la foi.
Le martyrologe en Amérique latine s’est transformé en semence de vie. Si le Pape, avec humilité et compréhension, se rapprochait des réalités de la vie des chrétiens dans le monde, sa vision et sa manière de penser changeraient et il reconnaîtrait le visage du Christ dans celui de nos frères et de nos sœurs.
Le retour en arrière que nous sommes en train de vivre est important. Nous sommes tous concernés. Le Pape oublie tous les apports de l’Eglise dans son cheminement avec le Peuple de Dieu, tout ce qui a été vécu et toute la spiritualité née de la foi dans les Communautés de base. Il oublie aussi la fidélité dans la foi des religieux et des religieuses et l’effort des chrétiens pour parvenir à un dialogue oeucuménique et interreligieux entre les églises du Christ pour rechercher de nouveaux liens et nous réunir tous dans la foi. C’est tout cela que le pape risque de remettre en question aujourd’hui. Il éloigne de l’Eglise beaucoup de croyants dans le monde, des croyants qui ne se sentent plus reconnus et identifiés dans ses structures et qui cherchent d’autres chemins de foi dans d’autres églises.
Jean XXIII voulait ouvrir les portes et les fenêtres et secouer la poussière séculaire de l’Eglise pour qu’elle puisse entrer dans la Lumière et dans l’Espérance. Il voulait rénover et revitaliser une église décadente et ankylosée, satisfaite d’elle-même et éloignée du message de l’Evangile. Cette force, cette impulsion créatrice de l’Esprit s’est manifestée dans le Concile Vatican II qui a fortement marqué le besoin de retourner aux sources. Le Concile s’est ensuite renforcé à Medellin et à Puebla où l’option préférentielle pour les pauvres a été demandée aux chrétiens.
Ce fut là une étape vitale d’espérance et de rénovation pour l’Eglise. Jean XXIII a su promouvoir la manière de savoir écouter le peuple de Dieu dans son cheminement et la rénovation dans la prière et l’engagement face aux défis de vivre la Parole de Dieu ensemble avec les plus pauvres et les plus nécessiteux.
C’est à partir de tout cela que Jon Sobrino a su conjuguer toutes ces valeurs en défense des droits des plus pauvres et des exclus. C’est dans cette façon de faire que se rencontre surtout notre Seigneur. Cette attitude réaffirme la divinité du Christ dans son humanité dans tout son sens transcendant et vital. L’attitude du Pape Benoît XVI n’est pas nouvelle, non seulement depuis ses prises de position lorsqu’il était à la Congrégation de la Foi, mais bien avant, lorsqu’il a tenté de réduire au silence les voix prophétiques qui avaient choisi d’assumer leur engagement comme prêtres ou comme membres de l’Eglise, ensemble avec les pauvres.
Comme un Père qui aime ses enfants et qui essaye de les réunir, le Pape devrait retrouver les voies du dialogue et de la fraternité, il devrait ouvrir son cœur et son esprit pour écouter d’autres réalités et faire preuve de compréhension dans l’unité de la foi et la diversité des cultures pour prendre en compte tout ce qui constitue la construction du Royaume de Dieu et la vie même des peuples.
La lettre que Jon Sobrino a envoyée au supérieur des Jésuites, son supérieur, le Père Peter-Hans Kolvenbach, est à la fois hardie et prudente. Il cherche à entrer dans l’analyse et la compréhension de son débat avec celui qui était alors le Cardinal Ratzinger et définit avec précision les étapes de ses écrits théologiques.
Mais, au-delà des raisonnements intellectuels entre théologiens, il reste la façon de vivre et le besoin de partager la vie avec nos peuples à partir de la foi.
Malheureusement, à cause de cette incompréhension et de la persécution vaticane, quelques théologiens ont dû quitter la structure de l’Eglise pour pouvoir rester cohérents avec eux-mêmes et fidèles à l’Evangile.
« Qu’est-ce que la Vérité ? ». C’est la question que l’évêque de Sao Feliz de Araguaya au Brésil, Don Pedro Casaldàliga, ce frère qui m’est cher dans la foi et l’engagement, pose dans sa lettre à Jon Sobrino. « …Souvenons-nous que nous sommes des millions à vous accompagner, mais, c’est surtout Jésus de Nazareth qui vous accompagne. Rappelez-vous ces quelques lignes que j’ai écrites lors du martyre de vos compagnons jésuites assassinés en 1989 à l’Université d’Amérique Centrale (UCA) au Salvador: « Maintenant, je suis la vérité crucifiée, la science prophétique en compagnie totale avec les compagnons de Jésus ». Je disais aussi à Jon : « Au-delà de ces événements actuels, nous sommes nombreux à entendre la question décisive de Jésus : « Et vous-mêmes, qui dîtes-vous que je suis ? » Parce que c’est le Jésus véritable que nous voulons suivre ».
Il me reste seulement à dire que les paroles me manquent pour exprimer mes sentiments et mes préoccupations. Je cherche dans la prière la lumière qui me manque et je crois que nous devons suivre les conseils de nos frères indigènes du Cauca en Colombie: « Il nous faut faire cheminer la parole, car la parole sans action est vide de sens. Si la parole et l’action se situent en dehors de la communauté et de la spiritualité du groupe, c’est la mort ».
Nous devons choisir le chemin à suivre.
Paix et Bien.
Le Saint Office n’a jamais été saint mais a toujours été un office bureaucratique. L’histoire de l’Eglise est marquée par des périodes obscures avec des actions totalement contraires à l’Evangile. C’est au nom de Dieu qu’ils prétendaient défendre l’orthodoxie et les valeurs de la foi et qu’ils ont pratiqué des tortures, qu’ils ont discriminé, qu’ils ont tué et qu’ils ont imposé la « Sainte Inquisition », qui a fortement marqué cette époque d’obscurantisme.
A notre époque, avec ses grandes avancées technologiques et scientifiques, bien des choses ont changé à l’intérieur du Vatican et des Eglises locales, certaines dans le bon sens, d’autres dans le mauvais sens. Cela dépend surtout de celui qui occupe le siège de Pierre, mais parfois, cela vient aussi des Eglises locales.
Avec le temps, l’Inquisition est devenue la Congrégation de la Doctrine de la Foi, qui apparaît ainsi moins conflictuelle, pour essayer de faire oublier sa triste histoire mais sans perdre de vue sa fonction de surveillance et en exerçant toujours sa tâche inquisitoriale. Elle a changé de nom mais continue à condamner les « déviations » de ceux que le Vatican considère comme « rebelles » et qu’il faut à tout prix discipliner pour qu’ils ne deviennent pas des « brebis égarées ».
Celui qui était alors le Préfet de la Congrégation de la Doctrine de la Foi est devenu à présent le pape Benoît XVI. Dans cette période antérieure, il a exercé son rôle d’inquisiteur face aux théologiens de la Libération qu’il accusait alors et qu’il accuse toujours d’approfondir davantage la condition humaine de Jésus plutôt que sa divinité. D’autre part, il accuse aussi ces mêmes théologiens d’utiliser la méthode d’analyse marxiste pour appréhender la réalité. Aujourd’hui, en tant que Pape, il n’abandonne pas sa façon de penser et il prend des mesures qui provoquent bien des situations préoccupantes et témoignent d’un grand retour en arrière de l’Eglise. Par exemple, on revient aux messes en latin et au chant grégorien (très beau et édifiant en lui-même, mais qui n’est pas unique), et on minimise l’oeucuménisme et le dialogue interreligieux à cause des possibles déviations, car « Dieu est seulement au Vatican ».
On renforce à nouveau l’imposition du célibat sacerdotal en excluant plus de 150 mille prêtres mariés qui ont opté en toute liberté de conscience afin d’être cohérents avec l’Evangile dans leur vie. L’expulsion de l’église dont ils souffrent va contre leurs droits.
Le Pape oublie que Pierre, son prédécesseur, était un homme marié avec une famille. Jésus ne l’a jamais marginalisé pour autant.
L’obéissance sur laquelle se base l’Eglise ressemble à celle de la structure pyramidale des forces armées qui impose la règle de l’autoritarisme. Cette « obéissance aveugle » nie la liberté de conscience de ceux qui la pratiquent en les soumettant à des comportements corporatistes qui finissent toujours par provoquer de fortes crises d’identité et altèrent bien des valeurs.
Jésus nous enseigne la façon d’assumer pleinement « l’obéissance en liberté » qui respecte la conscience et les valeurs spirituelles en s’exerçant dans l’Amour. Les préoccupations et les interrogations des chrétiens et des chrétiennes d’aujourd’hui qui cherchent à vivre leur foi et leur engagement évangélique avec leurs peuples, sont fort nombreuses. Ils reconnaissent le visage de notre Seigneur dans celui des enfants, des personnes âgées, des jeunes, des hommes et des femmes pauvres, des participants de nos communautés religieuses et de tous les hommes du monde.
Ce qui nous préoccupe, c’est la façon dont la politique vaticane continue son œuvre en sanctionnant et en imposant silence à certains théologiens comme elle l’a fait avec Leonardo Boff qui malheureusement a du se séparer de la structure ecclésiale pour pouvoir rester fidèle à l’Evangile. Ce qui nous préoccupe encore, c’est la persécution et la mise au silence de Gustavo Gutiérrez, d’Anthony de Mello, de Ronaldo Muñoz, du théologien Hans Kung et maintenant du Père Jésuite Jon Sobrino qui vient d’être sanctionné. On lui impose silence et on lui interdit d’enseigner la Parole de Dieu dans les universités, les séminaires et dans bien d’autres groupes de chrétiens. La répression ecclésiastique prive de leurs droits ces membres de l’Eglise, met des barrières à leur liberté et les soumet à l’uniformité vaticane qui est le plus souvent éloignée de la réalité et de la vie de foi des peuples.
La plupart des théologiens sanctionnés sont issus de la rénovation de l’Eglise du Concile. Ils ont assumé leur engagement dans la vie même du peuple de Dieu sur les chemins de la libération. Mais de quoi le Vatican a-t-il donc peur ?... A-t-il peur de quelques théologiens latino-américains qui cherchent de nouveaux chemins pour vivre l’Evangile ensemble avec leurs peuples ?...
Je ne sais pas si Benoît XVI dans sa vie sacerdotale a eu l’occasion et le courage de cheminer ensemble avec les peuples en comprenant la douleur et l’espérance vive de la foi de ces hommes et de ces femmes qui essayent de vivre leur foi dans différentes parties du monde.
Nous devons nous souvenir de tous ceux qui ont donné leur vie en sacrifice pour que d’autres puissent avoir la vie, de tous ceux qui ont assumé la croix du Christ dans l’Amour, comme Monseigneur Oscar Romero, Monseigneur Enrique Angelelli et bien d’autres frères et sœurs dans la foi.
Le martyrologe en Amérique latine s’est transformé en semence de vie. Si le Pape, avec humilité et compréhension, se rapprochait des réalités de la vie des chrétiens dans le monde, sa vision et sa manière de penser changeraient et il reconnaîtrait le visage du Christ dans celui de nos frères et de nos sœurs.
Le retour en arrière que nous sommes en train de vivre est important. Nous sommes tous concernés. Le Pape oublie tous les apports de l’Eglise dans son cheminement avec le Peuple de Dieu, tout ce qui a été vécu et toute la spiritualité née de la foi dans les Communautés de base. Il oublie aussi la fidélité dans la foi des religieux et des religieuses et l’effort des chrétiens pour parvenir à un dialogue oeucuménique et interreligieux entre les églises du Christ pour rechercher de nouveaux liens et nous réunir tous dans la foi. C’est tout cela que le pape risque de remettre en question aujourd’hui. Il éloigne de l’Eglise beaucoup de croyants dans le monde, des croyants qui ne se sentent plus reconnus et identifiés dans ses structures et qui cherchent d’autres chemins de foi dans d’autres églises.
Jean XXIII voulait ouvrir les portes et les fenêtres et secouer la poussière séculaire de l’Eglise pour qu’elle puisse entrer dans la Lumière et dans l’Espérance. Il voulait rénover et revitaliser une église décadente et ankylosée, satisfaite d’elle-même et éloignée du message de l’Evangile. Cette force, cette impulsion créatrice de l’Esprit s’est manifestée dans le Concile Vatican II qui a fortement marqué le besoin de retourner aux sources. Le Concile s’est ensuite renforcé à Medellin et à Puebla où l’option préférentielle pour les pauvres a été demandée aux chrétiens.
Ce fut là une étape vitale d’espérance et de rénovation pour l’Eglise. Jean XXIII a su promouvoir la manière de savoir écouter le peuple de Dieu dans son cheminement et la rénovation dans la prière et l’engagement face aux défis de vivre la Parole de Dieu ensemble avec les plus pauvres et les plus nécessiteux.
C’est à partir de tout cela que Jon Sobrino a su conjuguer toutes ces valeurs en défense des droits des plus pauvres et des exclus. C’est dans cette façon de faire que se rencontre surtout notre Seigneur. Cette attitude réaffirme la divinité du Christ dans son humanité dans tout son sens transcendant et vital. L’attitude du Pape Benoît XVI n’est pas nouvelle, non seulement depuis ses prises de position lorsqu’il était à la Congrégation de la Foi, mais bien avant, lorsqu’il a tenté de réduire au silence les voix prophétiques qui avaient choisi d’assumer leur engagement comme prêtres ou comme membres de l’Eglise, ensemble avec les pauvres.
Comme un Père qui aime ses enfants et qui essaye de les réunir, le Pape devrait retrouver les voies du dialogue et de la fraternité, il devrait ouvrir son cœur et son esprit pour écouter d’autres réalités et faire preuve de compréhension dans l’unité de la foi et la diversité des cultures pour prendre en compte tout ce qui constitue la construction du Royaume de Dieu et la vie même des peuples.
La lettre que Jon Sobrino a envoyée au supérieur des Jésuites, son supérieur, le Père Peter-Hans Kolvenbach, est à la fois hardie et prudente. Il cherche à entrer dans l’analyse et la compréhension de son débat avec celui qui était alors le Cardinal Ratzinger et définit avec précision les étapes de ses écrits théologiques.
Mais, au-delà des raisonnements intellectuels entre théologiens, il reste la façon de vivre et le besoin de partager la vie avec nos peuples à partir de la foi.
Malheureusement, à cause de cette incompréhension et de la persécution vaticane, quelques théologiens ont dû quitter la structure de l’Eglise pour pouvoir rester cohérents avec eux-mêmes et fidèles à l’Evangile.
« Qu’est-ce que la Vérité ? ». C’est la question que l’évêque de Sao Feliz de Araguaya au Brésil, Don Pedro Casaldàliga, ce frère qui m’est cher dans la foi et l’engagement, pose dans sa lettre à Jon Sobrino. « …Souvenons-nous que nous sommes des millions à vous accompagner, mais, c’est surtout Jésus de Nazareth qui vous accompagne. Rappelez-vous ces quelques lignes que j’ai écrites lors du martyre de vos compagnons jésuites assassinés en 1989 à l’Université d’Amérique Centrale (UCA) au Salvador: « Maintenant, je suis la vérité crucifiée, la science prophétique en compagnie totale avec les compagnons de Jésus ». Je disais aussi à Jon : « Au-delà de ces événements actuels, nous sommes nombreux à entendre la question décisive de Jésus : « Et vous-mêmes, qui dîtes-vous que je suis ? » Parce que c’est le Jésus véritable que nous voulons suivre ».
Il me reste seulement à dire que les paroles me manquent pour exprimer mes sentiments et mes préoccupations. Je cherche dans la prière la lumière qui me manque et je crois que nous devons suivre les conseils de nos frères indigènes du Cauca en Colombie: « Il nous faut faire cheminer la parole, car la parole sans action est vide de sens. Si la parole et l’action se situent en dehors de la communauté et de la spiritualité du groupe, c’est la mort ».
Nous devons choisir le chemin à suivre.
Paix et Bien.
https://www.alainet.org/de/node/120820?language=es
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