« L’avenir du journalisme à l’ère digitale »

Tunis invite les journalistes du monde entier

27/05/2019
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Foto: Sergio Ferrari
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  • 30e congrès de la Fédération internationale des journalistes

  • En débat : la nouvelle Charte éthique mondiale

  • Ratification de la Convention internationale sur la sécurité et l’indépendance des journalistes

 

Berne, Suisse.- 300 représentant-e-s de syndicats et d’associations de journalistes en provenance des cinq continents – ainsi que les invité-e-s de plusieurs confédérations internationales – se sont donné rendez-vous du 11 au 14 juin dans la capitale tunisienne, siège du 30e congrès trisannuel de la Fédération internationale des journalistes (FIJ). Ce rassemblement, dont le thème central sera « L’avenir du journalisme à l’ère digitale », tentera de trouver des réponses collectives aux défis essentiels de la profession dans l’actuelle et complexe situation mondiale.

 

La FIJ – qui se définit comme « la voix globale des journalistes et du journalisme » – représente 600.000 travailleur/euse/s de la communication (plus de 452.000 y sont affilié-e-s), organisé-e-s au sein de 187 syndicats, actifs dans 140 pays. La discussion et la définition du programme de travail 2019-2022 constituent l’une des tâches essentielles de ce congrès.

 

Les priorités futures

 

Selon la proposition avancée pour le débat, la FIJ cherche à prioriser la défense et la promotion des conditions de travail des journalistes – cela dans tous les moyens et sur toutes les plateformes de communication. Ainsi que celles du journalisme professionnel et éthique, comme pierre angulaire de la démocratie et de la liberté. « Et lutter pour un environnement médiatique fondé sur l’éthique, guidé par l’intérêt public et adapté à l’ère digitale », souligne-t-elle.

 

La FIJ se propose de poursuivre sa participation active au mouvement syndical mondial. Elle préconise un modèle de développement économique basé sur les droits sociaux, le travail décent, la redistribution de la richesse, la démocratie participative, l’égalité entre femmes et hommes, la protection et l’inclusion sociale de tous ». Elle revendique une relation privilégie avec la Confédération syndicale internationale (CSI) et UNI Global Union.

 

Le renforcement de la solidarité mondiale, relève le document de la FIJ, constitue le moyen permettant de rendre plus efficiente l’action de l’organisation : la solidarité entre les membres et avec d’autres alliés du mouvement syndical, et dans le travail commun au sein d’entités comme l’Organisation internationale du travail (OIT).

 

En prêtant attention au « questionnement du modèle économique qui prive les travailleurs d’un statut professionnel approprié ». En défendant la justice fiscale comme « levier clé pour assurer la redistribution de la richesse » et en plaidant pour que les entreprises qui bénéficient du travail de « nos membres soient obligées de contribuer à la durabilité des médias d’intérêt public et à la protection sociale de toutes les travailleuses et de tous les travailleurs ». en outre, l’intégration de la perspective de genre dans toutes les activités devient une priorité essentielle de l’organisation.

 

La lutte pour la sécurité des journalistes, les droits humains et la liberté de la presse continue d’être l’ABC de la FIJ. En ce sens, la fédération se propose de jouer un rôle dirigeant dans le combat contre l’impunité et collabore à cette fin intensément avec des institutions comme l’UNESCO et la Commission des droits humains de l’ONU.

 

La Charte éthique mondiale des journalistes, qui sera débattue à Tunis, prétend devenir contraignante « pour tous/toutes les journalistes et toutes les rédactions du monde », souligne Anthony Bellanger, secrétaire général de la FIJ. Et de rappeler que ce nouveau document – dont la version initiale comprend 16 articles – implique une actualisation dépassant et questionnant le Code des principes professionnels adopté par l’organisation lors de son congrès tenu en 1954 à Bordeaux (France). « La situation des journalistes dans les années 1950 n’a absolument plus rien en commun avec celle de 2019 », relève Bellanger.

 

Actualiser les engagements

 

Entre l’avenir – exprimé dans le plan de travail en discussion – et l’actuel quotidien difficile du journalisme, le congrès de Tunis établira un pont de réflexion et d’action, comme le montre son programme. 63 motions enrichiront le débat, en présentant une véritable radiographie de la pratique journalistique et de l’état général de la profession.

 

Une douzaine des résolutions proposées se réfèrent à la violation de la sécurité des travailleur/euse/s de la presse dans diverses régions du monde. La convention sur la sécurité et l’indépendance des journalistes, qui sera présentée en octobre 2019 à l’Assemble générale de l’ONU, à New York, se profile comme un instrument fondamental de cette défense. « Un document essentiel, qui fait partie de la lutte de la FIJ contre l’impunité », souligne Bellanger, en rappelant que « 97 de nos sœurs et de nos frères ont perdu la vie en 2018, pour le simple fait d’être journalistes », exemples tragiques d’une profession chaque jour plus risquée.

 

Un autre groupe de motions concerne la dénonciation des attaques contre la liberté de la presse et des médias. Non seulement en raison de la montée d’idéologies ultra-nationalistes et du durcissement de régimes autoritaires dans diverses régions de la planète, mais aussi de la concentration monopolistique des médias.

 

La situation préoccupante prévalant dans de nombreux pays latino-américains (comme le signale la motion élaborée par la Fédération des journalistes d’Amérique latine et de la Caraïbe), dans plusieurs pays européens, en Inde et dans le monde arabe, etc… permettra au congrès de débattre de la réalité mondiale et de se positionner pour défendre le libre exercice du journalisme, aujourd’hui si fragilisé.

 

Les négociations collectives (qui jouent un rôle central en tant que fondement de la démocratie, du développement et de la cohésion sociale) ; la défense des médias indépendants, du service public, de l’information et du droit d’auteur ; les défis éthiques des sites en ligne ; la lutte contre les désinformations, les « fausses nouvelles » et le harcèlement cybernétique ; la priorité donnée au travail avec les jeunes et la nécessité générale du renforcement syndical apparaissent comme des thèmes essentiels du débat de Tunis.

 

- Sergio Ferrari est journaliste indépendant, co-président du secteur Presse de SYNDICOM (Syndicat suisse de la Communication), membre de la Fédération internationale des journalistes (FIJ).

 

https://www.alainet.org/de/node/200045
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