Sécurité alimentaire : Sombre scénario pour le premier semestre 2009
- Opinión
Près d’un an après les émeutes de la faim, qui ont secoué la république d’Haïti (en avril 2008), la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa) et Fews Net dressent des perspectives sombres concernant la sécurité alimentaire du pays pour le premier semestre 2009, selon une analyse consultée par l’agence en ligne AlterPresse.
"La sécurité alimentaire devrait s’améliorer légèrement au cours du 1er trimester (janvier à mars), pour se détériorer quelque peu au cours du 2 e trimestre (avril à juin)", selon le récent bulletin publié par la Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa) et Fews Net [1]
Les deux organisations préconisent une série de recommandations à l’attention du gouvernement, de la société civile, des organisations et bailleurs internationaux, afin d’éviter un nouveau scénario catastrophe.
Après un léger recul, le nombre de personnes touchées par l’insécurité alimentaire devrait à nouveau augmenter lors du second trimester 2009.
Actuellement, 3 millions de personnes souffrent de l’insécurité alimentaire dans le pays, soit 10 % de moins qu’avant la dernière récolte, pourtant maigre en raison des faibles précipitations du dernier trimestre 2008.
Ce chiffre de 3 millions, soit un tiers de la population haïtienne, pourrait à nouveau connaître un léger recul pour atteindre les 2,8 millions de personnes, selon la Cnsa et Fews Net.
Cette prévision est, avant tout, basée sur celle du prolongement d’une baisse du prix des céréales, particulièrement du riz et du blé, sur le marché international et son impact sur la baisse du prix des aliments de base en Haïti (diminution de l’inflation de 20 à 10 % entre septembre et décembre 2008).
"Les prix du riz, haricots noirs et maïs moulu ont baissé de 27 pour cent, 1 pour cent et 28 pour cent, respectivement de septembre à janvier 2009 sur le marché de la Croix des Bossales à Port au Prince", détaille le rapport.
La baisse profiterait surtout aux residents urbains et aux plus pauvres du milieu rural, car ces derniers achètent plus d’aliments qu’ils n’en vendent.
"Cependant, les revenus des agriculteurs risquent de baisser si leurs coûts de production baissent moins vite que leurs prix de vente".
Or, "les intrants et fertilisants, plus disponibles au niveau national, continuent à être insuffisants et distribués avec retard dans les zones éloignées de la capitale".
La diminution des prix des produits alimentaires de base sur le marché international ne peut se retrouver dans les mêmes proportions sur le marché haïtien, étant donné les "rigidités existant dans la formation des prix (de l’importateur au consommateur) en Haïti", rappelle également la Cnsa.
La période de soudure d’avril-mai et le début de la saison cyclonique sont les facteurs principaux qui expliquent le changement de scénario entre les deux premiers trimestres de l’année 2009.
Le second scenario, élaboré par la Cnsa, prévoit, en effet, une augmentation du nombre de personnes souffrant de l’insécurité alimentaire qui pourrait atteindre les 3,10 millions. Il se base également sur la prévision de pluies insuffisantes et de leur mauvaise répartition pour la saison de printemps.
"La récolte prévue en juin-juillet (2009) sera faible, en raison des facteurs climatiques défavorables et du retard dans la distribution d’intrants. Ceci laisse présager une augmentation de l’insécurité alimentaire pour la deuxième moitié de l’année".
La Cnsa épingle les départements du Nord-Ouest, du Nord-Est, du Sud-Est et de l’Artibonite comme les régions susceptibles d’être les plus touchées à l’avenir par l’insécurité alimentaire.
Actuellement, hormis le Nord-Est, ces zones figurent déjà dans la liste des régions particulièrement touchées, avec les Nippes et la Grande Anse (Sud-Ouest).
Cet état des lieux et ces prévisions n’excluent cependant pas que d’importantes poches d’insécurité alimentaire existent dans d’autres départements.
La Cnsa rapporte le jugement des Nations-Unies, selon lesquelles les programmes d’intervention d’urgence, mis en place suite aux émeutes de la faim d’avril 2008 et suite aux cyclones d’août-septembre 2008, sont insuffisants face aux besoins, tant actuels que futurs, notamment faute de financements adéquats.
Néanmoins, "avec l’exécution de ces programmes, l’état de malnutrition aigüe sévère, signalée dans certaines zones de Belle Anse (Sud-Est) et de l’Asile (Nippes), par exemple, aurait été ramené à des niveaux comparables à ceux d’avant septembre 2008".
Aussi, "la remise en état progressive des infrastructures d’irrigation, qui avaient été détruites par les inondations, et la disponibilité d’intrants et de fertilisants, ont-elles cependant contribué à relancer la production agricole dans le pays, particulièrement dans les zones irriguées du Bas Artibonite et la plaine des Cayes" (Sud).
Afin que la situation et les prévisions actuelles ne s’aggravent, la Cnsa présente une liste de recommandations à l’adresse du gouvernement, de la société civile et des agences et organisations internationales présentes en Haïti.
"Ces recommandations (...) portent sur la relance de l’agriculture et la protection de l’environnement, l’infrastructure routière, l’eau et l’assainissement, la santé et la nutrition, la poursuite des programmes d’urgence en cours et le renforcement des programmes de réduction de la vulnérabilité du pays".
La Cnsa privilégie l’approche Haute intensité de main d’oeuvre (Himo) comme "stratégie de mise en oeuvre des programmes d’agriculture et d’environnement, d’infrastructure et d’eau et assainissement" afin d’éviter une nouvelle crise”. Elle “préconise "un meilleur ciblage des groupes et des zones vulnérables, une meilleure synergie entre actions des partenaires et une bonne coordination (...) pour assurer l’efficacité et l’efficience des programmes".
La Cnsa rappelle le caractère structurel de l’insécurité alimentaire en Haïti, et le fait qu’une grande majorité des communes affronte une insécurité alimentaire modérée. [mm rc apr 28/02/2009 16:00]
[1] .Family Warning Systems Network
Source: Alterpresse www.alterpresse.org
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