La juge d’instruction Mimose Janvier aurait renoncé à poursuivre… dans un contexte politique problématique

Retrait ou dessaisissement dans l’affaire Aristide ?

28/02/2012
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La juge d’instruction Mimose A. Janvier, à qui a été confié un dossier mettant en cause l’ex-président Jean Bertrand Aristide et plusieurs de ses collaborateurs pour détournement de fonds publics, trafic de drogue et association de malfaiteurs, se serait dessaisie de l’affaire pour des raisons non déterminées, apprend l’agence en ligne AlterPresse.
 
“Cela ne signifie pas que le dossier est fermé. Il se trouve provisoirement entre les mains de la doyenne du tribunal civil de Port-au-Prince, Jocelyne Casimir, en attendant qu’elle désigne un autre juge pour se pencher sur l’affaire”, précise une source informée jointe par AlterPresse.
 
Si la juge d’instruction Janvier s’est déportée de l’affaire, cela signifie que le dossier lui a bien été préalablement transmis, ajoute la source.
 
Auparavant, des sources judiciaires faisaient état d’une indisponibilité de la juge Janvier pour cause de maladie.
 
La décision d’enquêter sur les actes, reprochés à Aristide, aurait été adoptée la semaine dernière, partiellement à partir d’un document .préparé après la chute d’Aristide en 2004 par l’unité centrale de renseignements financiers (Ucref).
 
Dans un communiqué émis le lundi 27 février 2012, le ministère de la justice et de la sécurité publique a démenti des rumeurs, selon lesquelles des mandats auraient été décernés contre l’ancien président Aristide.. Le ministère de la justice a aussi évoqué les principes d’ « indépendance » du pouvoir judiciaire et d’« égalité de tous devant la loi ».
 
L’information, faisant état des poursuites judiciaires engagées contre Aristide, intervient dans un contexte politique problématique, où la nationalité du président Michel Joseph Martelly fait l’objet d’une investigation d’une commission sénatoriale.
 
Parallèlement, le premier ministre Garry Conille, qui a officiellement pris fonction le 18 octobre 2011, a remis sa démission comme chef de gouvernement le vendredi 24 février 2012.
 
Apparemment imminente en raison du refus de collaboration de ministres et de secrétaires d’État du cabinet du 18 octobre, la démission du 24 février survient quelques jours après la formation, par Conille, d’une commission d’audit sur de multiples contrats, estimés à plus de 300 millions de dollars américains / US $1.00 = 42.00 gourdes ; 1 euro = 61.00 gourdes aujourd’hui) et passés sous l’ancienne administration politique de Jean Max Bellerive durant la période dite d’urgence (mai 2010 – octobre 2011).
 
Par ailleurs, la justice en Haïti se trouve pratiquement embourbée sur le cas de l’ex dictateur Jean-Claude Duvalier (avril 1971 - février 1986), revenu au pays en janvier 2011 et contre qui des plaintes ont été déposées pour crimes contre l’humanité et détournement de fonds publics. Le juge d’instruction Carvès Jean a renvoyé Duvalier devant un tribunal correctionnel en ignorant les nombreuses plaintes de crimes contre l’humanité.
 
Aristide a dirigé le pays de 1991 à 1996 (avec une parenthèse de coup d’État militaire entre 1991 et 1994) et de 2001 à 2004. Après sa chute, il a vécu en exil jusqu’à son retour le 18 mars 2011, à la veille du second tour de scrutin présidentiel ayant porté Martelly au pouvoir.
 
 
https://www.alainet.org/en/node/156182
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