Rapatriements : Des chiffres alarmants
03/03/2012
- Opinión
Les rapatriements des Haïtiens et Haïtiennes de la République Dominicaine entre janvier 2011 et 2012 ont dépassé 15 mille et continuent de s’opérer dans le mépris total de leur dignité et du protocole d’accord paraphé entre les deux Etats sur la question en 1999, selon le Groupe d’appui aux rapatriés et refugiés (Garr).
En l’espace d’une année, 15 647 Haïtiens ont été reconduits aux différents portails frontaliers entre Haïti et la République Dominicaine, dont 9 458 à celui de Belladère dans le Plateau Central.
Les données du Garr proviennent des observations faites au niveau des points frontaliers de Belladère, Ouanaminthe et Malpasse.
En 2010, 6 939 personnes ont été reconduites à la frontière haitiano-dominicaine selon le Garr. Un chiffre qui a fait plus que doubler en janvier 2012.
En décembre 1999, un protocole d’accord fixant les conditions de rapatriement d’Haïtiens et Haïtiennes de la République Dominicaine vers Haïti a été signé entre les deux républiques partageant l’île d’Haïti.
Selon les clauses de ce document aucun rapatriement ne peut être effectué de nuit, c’est-à -dire entre 18:00 et 8:00, ainsi que dimanche et jours fériés. Il est aussi fait obligation à l’Etat de l’Est de permettre aux rapatriés de récupérer leurs effets.
« Toutefois, il est régulièrement violé par le gouvernement Fernandez pourtant signataire de ce Protocole en 1999 », déplore le Garr.
« Je vivais depuis plus de 10 ans là-bas, les agents de la migration dominicaine ne nous ont même pas permis de récupérer nos effets avant de nous contraindre à laisser le pays », a regretté Robenson, maçon de profession, accueilli à la frontière par les responsables du Garr.
« Je rentrais de mon travail après 6 heures du soir quand des soldats dominicains m’ont arrêté et conduit sur-le-champ au portail de Belladère », a confié un autre rapatrié.
En 2011, la chasse aux sans-papier et l’épidémie de Choléra ont servi de prétexte à des civils pour déguerpir, en recourant à la violence et avec la complaisance des autorités locales, des Haïtiens de leur domicile notamment à San Jose, La Mina et ailleurs, rappelle le Garr.
L’organisation exhorte l’Etat haïtien à saisir l’opportunité de la ratification du Pacte international sur les Droits Economiques, Sociaux et Culturels par le parlement haïtien le 31 janvier dernier pour « se soucier davantage des droits économiques de ses migrants-es et rapatriés et de l’observance des engagements pris par l’Etat dominicain à travers le Protocole de 1999 ».
https://www.alainet.org/en/node/156327
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