Situation fragile et atmosphère de pagaille
18/04/2012
- Opinión
Environ une année après l’installation (mai 2011) d’un nouveau président (Joseph Michel Martelly) et deux mois depuis la démission (24 février 2012) du premier ministre Gary Conille, une situation globalement fragile, associée à une atmosphère de pagaille dans la gestion publique, est observée en Haïti, relève l’agence en ligne AlterPresse.
Les institutions, appelées à assumer la barque nationale, semblent totalement absentes. Ce qui met en péril le respect des droits humains à la merci de caprices de détenteurs d’armes à feu, dont des policiers nationaux et des fonctionnaires circulant à bord de véhicules immatriculés “officiel” ou service de l’État”.
Depuis le lundi 16 avril 2012, existe une vacance présidentielle de fait, avec la convalescence de Martelly, parti en urgence se faire soigner à Miami pour une embolie pulmonaire.
Des États-Unis d’Amérique, Martelly indique “ aller mieux et continuer à travailler avec l’équipe gouvernementale et les membres de son cabinet pour la bonne marche du gouvernement” et “un fonctionnement normal” du pays.
« Si le président se trouve dans l’impossibilité temporaire d’exercer ses fonctions, le conseil des ministres, sous la présidence du premier Ministre, exerce le pouvoir exécutif tant que dure l’empêchement », stipule l’article 148 de la Constitution haïtienne en vigueur.
En cas d’absence et d’empêchement temporaire du président ou sur sa demande, « le premier ministre fait exécuter les lois » et « préside le conseil des ministres », précise l’article 159 de la Constitution.
Contacté par AlterPresse le 18 avril, le premier ministre démissionnaire se garde de dire si tout se fait comme le prescrit la Constitution, mais invite plutôt à attendre de préférence sa prochaine communication.
Le premier ministre démissionnaire promet de s’exprimer, avant peu, sur la situation d’empêchement-maladie de Martelly. Parallèlement, déclarant assumer la charge de la gestion publique jusqu’à l’arrivée de son successeur au poste de chef de gouvernement, il affirme avoir passé des instructions au ministère de la justice et à la direction de la police nationale d’Haïti pour de graves incidents enregistrés le 18 avril à Port-au-Prince.
Entre-temps, le ministre démissionnaire des affaires étrangères et possible futur premier ministre, Laurent Salvador Lamothe, semble déjà endosser une fonction de premier ministre non déclaré, dont il a seulement franchi une (1) des quatre (4) étapes prévues par la Constitution du 29 mars 1987.
Toujours est-il que l’absence de direction administrative pertinente se ressent dans la gestion au quotidien de ce qui se passe sur le territoire national, dans un contexte de scepticisme sur un coup d’État éventuellement en préparation contre Martelly (selon les services secrets de la République Dominicaine).
L’annonce de “coup d’État” intervient quelques jours après les révélations sur des actes de corruption, dans lesquels serait impliqué le président Martelly. La justice haïtienne a émis un mandat d’amener contre le citoyen Pierre Kanzki, dont les avocats rejettent les accusations de « complot » portées contre leur client.
Fin avril 2012, le pays semble cheminer à vau-l’eau, dépendant de la bonne volonté des uns et/ou de la toute-puissance des autres, prêts à profiter du climat de flou institutionnel pour se positionner sur l’échiquier politique.
Flairant un danger d’exploitation d’intérêts inavouables, certains secteurs invitent à la pondération et à la prudence en ces temps politiques identifiés comme obscurs en Haïti.
https://www.alainet.org/en/node/157293
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