Armée : Les hommes de Lamentin réclament un haut état-major

26/04/2012
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Des tentes, le drapeau d’Haïti claquant dans le vent au dessus d’une branche, mât de fortune, et partout dans la cour, des hommes en treillis militaires, pour la plupart jeunes et lourdement armés...

Tel est le décor, observé par AlterPresse, dans la base de Lamentin 52, au sud de Port-au-Prince, où, depuis plusieurs mois, des hommes déclarant appartenir aux forces armées d’Haïti (Fad’h) démobilisées en 1995, se sont établis.

Malgré des rappels à l’ordre de l’administration politique du président Joseph Michel Martelly, ces hommes armés, emmenés par Jean Fednel Lafalaise, continuent de brandir la Constitution (du 29 mars 1987) pour défendre leur légitimité.

Le chef de ces troupes controversées, Jean Fednel Lafalaise exige de l’administration politique de Martelly, la nomination, dans le plus bref délai, d’un haut état-major, dans une interview accordée à AlterPresse.

« Nous ne sommes ni Cambodgiens, ni Irakiens, nous sommes Haïtiens, des soldats d’Haïti. Nous jeter dehors ? Où irions-nous ? En République Dominicaine ? En Cambodge ? En Israël ? Nous sommes dans notre pays et personne ne peut nous jeter dehors, qu’importe son titre », martèle Lafalaise, ancien des Fad’h.

A plusieurs reprises, l’exécutif, à travers le ministère de l’intérieur, des collectivités territoriales et de la défense nationale, a demandé à ces hommes armés de quitter les espaces (publics et privés) [qui seraient au nombre de 15 sur toute l’étendue du territoire national, selon les informations disponibles] qu’ils occupent.

Dans une note rendue publique le 23 avril, le ministère de l’intérieur appelle les anciens militaires à se rendre, avec "leurs cartes" dès le mercredi 25 avril 2012 au local de l’école de la magistrature (à l’est de Port-au-Prince), pour recevoir leurs indemnités (au cas où ils n’auraient pas encore reçu ces indemnités).

A Lamentin, six mille (6,000) hommes, dont beaucoup sont trop jeunes pour avoir réellement appartenu aux anciennes forces armées, camperaient sur cette ancienne installation militaire.

Pour l’instant, Jean Fednel Lafalaise a, lui, une explication sur l’absence de décision de l’exécutif concernant ces hommes armés de Lamentin.

« Vous avez vu ces visages jeunes ici ? Cette jeunesse est là pour assurer la relève », déclare Lafalaise.

« J’ai 28 ans dans l’armée, j’ai 46 ans…Mon service est presque terminé au sein de l’armée. Il faut une relève… Ces jeunes reçoivent une formation depuis à peu près deux ans. Donc, ce sont des militaires », argue Lafalaise.

Lafalaise se montre toutefois peu convaincant sur l’origine des uniformes (neufs), des munitions et armes automatiques, ainsi que sur la source de financement de ces hommes présents dans plusieurs villes du pays.

Ces hommes armés, qu’il qualifie de « militaires », assureraient eux-mêmes leur subsistance en cotisant, tandis que les armes et uniformes appartiendraient aux anciens militaires démobilisés, tente de justifier Lafalaise.

Depuis plusieurs mois, ces hommes armés multiplient les apparitions fracassantes, dont la plus récente a semé la panique à la chambre des députés au parlement et conduit à l‘interruption d’une séance le mercredi 18 avril 2012.

« Haïti est le seul pays, où les députés appellent des agents de la mission des Nations Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah) à tirer sur les Haïtiens qui n’ont qu’un seul objectif : travailler pour instaurer un climat de sécurité dans le pays », réagit Lafalaise.

L’administration politique de Martelly, qui aura une année au pouvoir le 14 mai 2012, s’est toujours montrée favorable au rétablissement de l’armée, alors que les bailleurs de fonds d’Haïti, à l’image des États-Unis d’Amérique, sont plus réticents.

Institution symbolique pour le rôle joué notamment dans la lutte pour la conquête de l’indépendance nationale, le 1er janvier 1804, l’armée s’est disqualifiée aux yeux de la population, particulièrement durant la période du coup d’ État sanglant de septembre 1991 à octobre 1994, suite à son histoire entachée de nombreuses violations des droits de la personne.

 

https://www.alainet.org/en/node/157495
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