La question technologique à l’aune du développement durable

20/05/2013
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Sans un engagement collectif la révolution technologique ne bénéficiera pas au plus grand nombre : c’est ce qui ressort d’une conférence présentée le week-end écoulé à l’institut de formation technique et professionnelle Haiti-Tec.
 
« On peut faire l’étalage de tous les moyens disponibles dans cette révolution technologique à laquelle on est en train d’assister. Cependant s’il n’y a pas un engagement citoyen pour faire en sorte que cette technologie soit disponible pour tout le monde et soit utilisée à bon escient, je ne suis pas sûr que cela nous amènera au développement durable », estime le journaliste et chroniqueur multimédia, Gotson Pierre.
 
La conférence a été organisée à l’ occasion de la journée internationale des télécommunications et de la société de l’information, le 17 mai 2013.
 
Pierre exhorte les jeunes professionnels à ne pas uniquement voir « les facilités » qu’offre la « révolution technologique ». On doit aussi se rappeler que cette « société de l’information et des connaissances » est également « une société de marché où tout est marchandise ».
 
Or, souligne-t-il, le caractère durable du développement réside, selon le rapport Bootlang (Norvège) de 1987 dans la réponse qu’il apporte aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futurs à répondre aux leurs.
 
Aussi, doit-on insister pour l’opérationnalisation du trinôme efficacité économique, progrès social et préservation des écosystèmes car, les conséquences du développement ne sont pas uniquement technologiques. « Il y a également des dimensions politique, économique, culturelle, sociale et environnementale », souligne Gotson Pierre.
 
Commentant, l’intervention du journaliste Pierre, l’étudiant en technique de génie civil, Jean Marc Arthur Dorante, invite les jeunes techniciens à donner une place « au bien-être collectif et à l’avenir de la planète » dans leur pratique professionnelle.
 
Dorothie Zamor, pour sa part, dit mieux comprendre la nécessité de prioriser « le choix humain dans le développement technologique » si on veut que les technologies de l’information et de la communication soient « au service réel du développement durable ».
 
Au regard des principes de développement durable...
 
Depuis l’arrivée des compagnies de téléphonie mobile en Haïti, des citoyens et citoyennes nourrissent des soupçons sur d’éventuels effets néfastes des antennes sur la santé publique. Ces antennes sont installées dans des quartiers et même sur des toits de maisons.
 
En vertu du principe clé de « précaution » en matière de développement durable, Gotson Pierre estime que des études sérieuses devraient être menées aux fins de rassurer la population ou de revoir la stratégie d’installation de ces infrastructures qui suscitent des inquiétudes.
 
Alors que le président de la république, Michel Joseph Martelly, claironne que 2013 est décrétée « année de l’environnement », quid de la taxe pollueur/payeur préconisée antérieurement (notamment par l’ancien ministre de l’environnement, Yves André Wainwright).
 
Cela serait en conformité avec le principe de « responsabilité » pour les entreprises qui polluent l’environnement, dont, par exemple, les fabricants de peinture.
 
Enjeux et défis des Tics pour l’avenir de l’humanité
 
L’intervenant met en garde contre la vision de la technologie en tant que panacée à tous les maux. La tentation de croire que le développement technologique signifie bien-être automatiquement est grande, chez beaucoup de citoyens et de citoyennes.
 
L’internet, le multimédia, la convergence technologique, les applications sur les téléphones portables apportent, certes, annulation des frontières, réduction des distances, convergence des médias et évolution dans les habitudes. Mais des enjeux et défis sont posés à l’humanité et pas des moindres.
 
En 2013, environ 1, 3 milliard d’ordinateurs sont en utilisation dans le monde. Sachant que certains matériaux de fabrication de ces appareils ont une durée de vie voisine de 5 mille ans, Pierre se questionne sur la gestion de ces ordures technologiques par l’humanité.
 
Existe-t-il des possibilités écologiquement saines de recyclages des ordures électriques et électroniques telles les batteries et inverter que nous utilisons ici en Haïti ?
 
En 2007, les Tic étaient responsables d’au moins 2% de la production de gaz carbonique qui affectent la couche d’ozone. En 2013, l’humanité a-t-elle freiné la course, quand on craint que dans une quinzaine d’années cette production de Co2 n’atteigne les 40%.
 
Selon les statistiques, on compte plus de 2 milliards d’internautes dans le monde dont plus de 1 million en Haïti. Environ 5 milliards de personnes utilisent un téléphone portable dans le monde. 4, 5 millions sont haïtiennes.
 
Pourtant, internet constitue le réseau de communication le plus inégalement distribué. Car 22% des internautes sont en Amérique du Nord qui ne représente que 5% de la population mondiale. L’Afrique qui abrite 14% de la population du monde n’a que 2% d’internautes.
 
A l’occasion de la journée des télécommunications et de la société de l’information, l’Etat haïtien doit comprendre qu’on ne développe pas un pays uniquement avec des parcs industriels. La population doit faire bon ménage avec l’information et les connaissances, revendique Gotson Pierre plaidant pour une politique publique démocratique en matière de télécommunications.
 
L’ingénieur Daniel Louis Jean, travaillant pour le compte du Conseil national des télécommunications (Conatel) a fait un exposé d’introduction au cours duquel il a insisté sur les nombreuses avancées que connait l’humanité à la faveur des TIC.
 
Il a, entre autres, souligné les avantages que la société pourrait tirer de leur intégration au niveau de différentes sphères d’activités et à l’intérieur de l’administration publique.
 
https://www.alainet.org/en/node/76186
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