Célébrer la journée mondiale du travail décent au pays du chômage
07/10/2013
- Opinión
Quoique conscients d’une situation haïtienne invitant plutôt à célébrer une journée mondiale duchômage, plusieurs centaines de syndicalistes issus de différentes centrales du pays ont défilé dans les rues de Port-au-Prince, le 7 octobre 2013, à l’occasion de la journée mondiale du travail décent pour réclamer de meilleures conditions de travail pour les travailleurs et travailleuses.
Convoquée par la Coordination syndicale haïtienne (Csh), la marche a reçu le soutien de plusieurs fédérations affiliées à la Confédération des travailleurs haïtiens (Cth), de la Confédération des travailleurs des secteurs public et privé en Haïti (Ctsp), a constaté AlterPresse.
« Syndiquons-nous pour un travail décent (Ann òganize nou nan sendika pou bon jan travay) » a été le thème de la journée en Haïti.
Selon les propos de Carlo Napoléon, secrétaire général de la Csh, un emploi décent ou emploi vert requiert des conditions salariales décentes, un environnement de travail sain et sécuritaire tant psychologique que physique et la protection sociale.
« Tout travail décent doit permettre au travailleur de répondre correctement à ses besoins » a martelé Napoléon.
Le 7 octobre est une journée de mobilisation lancée depuis 2008 par la Confédération syndicale internationale (Csi) et la Confédération syndicale des travailleurs et travailleuses des Amériques (Csa).
« Le 7 octobre porte les germes de l’espoir et de l’engagement pour changer cette société d’exploitation » a lancé un syndicaliste.
Banderoles, maillots frappés à l’effigie du thème de la journée, pancartes : les syndicalistes sont partis de près de l’église du Sacré-Cœur de Turgeau (centre de la capitale) pour aboutir devant les locaux du parlement haïtien au bicentenaire (secteur ouest), déterminés, sans grand signe de fatigue, preuve d’une cause dans laquelle ils semblent croire profondément.
« Un salaire minimum fixé en fonction des intérêts des travailleurs/travailleuses et non dans l’intérêt des entreprises ; les travailleurs ne sont pas des machines, il faut respecter leurs droits ; nous exigeons le respect des libertés syndicales ; mobilisons nous pour un autre code du travail » sont parmi les revendications inscrites sur les pancartes des marcheurs et marcheuses.
Dans un message, les leaders syndicaux demandent au parlement de « ratifier puis appliquer la Convention de l’Organisation internationale du travail #122 ». Des messages ont été délivrés également devant les ministères des affaires sociales et de l’emploi, à la condition féminine et aux droits des femmes.
Le président de la fédération des travailleurs de la santé, Levy Milot Felix, a plaidé pour une augmentation de salaire de ses collègues.
Il a profité de la marche pour dénoncer l’attitude « démissionnaire » de l’Etat haïtien qui semble faire place à des organisations non-gouvernementales dans le secteur de la santé.
Jean Nathan Aristil, secretaire général adjoint de la Ctsp et de la Fédération des syndicats des travailleurs de l’Edh (Festredh) a lancé un non catégorique au projet de privatisation de l’institution publique, selon sa compréhension de l’appel à l’investissement privé lancé par le premier ministre Laurent Lamothe le 27 septembre 2013 au consulat haïtien à New-York.
« Il y a une politique de black-out programmé pour justifier qu’Edh n’est pas productive et qu’il faut la privatiser », renchérit-il.
Si les syndicalistes se sont montrés très critiques envers le pouvoir en place, ils n’ont pas pu le faire devant le palais présidentiel. Comme pour beaucoup de manifestations publiques antérieures, les agents du Corps d’intervention et de maintien de l’ordre (Cimo) ont été là pour empêcher d’aller revendiquer devant les ruines du palais.
https://www.alainet.org/en/node/79983
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