Il faut aller jusqu'au bout
24/11/2002
- Opinión
Adolfo Pérez Esquivel
Le pays vit des moments difficiles, d’une extrême gravité. Il va nous falloir
beaucoup de courage et de sérénité si nous voulons nous assurer qu’à l’avenir
les gestes posés par le gouvernement, le Congrès, les banques, les différents
acteurs économiques ainsi que les forces de l’ordre iront dans le sens d’une
amélioration, tout en respectant les droits de la population.
La population subit la faim et la paupérisation comme jamais auparavant,
conséquences des politiques qui, depuis plus d’une décennie, sont destinées à
satisfaire les exigences du Fonds monétaire international (FMI). Ces
politiques ont privilégié le service de la dette extérieure, objectif que la
justice argentine a elle-même qualifié d’illégitime, ce qui a entraîné la
désindustrialisation et la privatisation de l’économie ainsi que la
concentration de la richesse. De plus, la population endure les terribles
conséquences politiques et culturelles de la recette néolibérale qui sont,
entre autres, la perte de sa souveraineté, le fait que les notions de
politique et de démocratie aient été vidées de leur sens ainsi qu’une forte
crise d’identité s'accompagnant d’une remise en cause des valeurs
traditionnelles.
Cependant, l'actuel président n'a pas modifié ces politiques, qui au demeurant
ont fait fiasco, et ce, même si la population continue de dire : ÇA SUFFIT !
(slogan que scandent les manifestants). Jusqu'à présent, le président n'a pas
essayé de trouver de solutions viables, mais s'est contenté de prendre des
demi-mesures qui pérennisent l'incertitude et favorisent la radicalisation des
conflits plutôt que de résoudre les problèmes; ce que la population espère et
ce dont elle a un besoin urgent.
Pour que l'espoir puisse renaître, il va falloir changer de cap et choisir
entre continuer à gouverner dans l'intérêt du FMI, des grands centres du
pouvoir économique et militaire qu'il représente et de leurs alliés argentins,
et privilégier le droit de la population à un emploi et à un salaire décent, à
l'éducation, à la santé, au développement culturel et démocratique, à la
liberté et à l'auto-détermination.
Le peuple se rebelle parce qu'il n'en peut plus de tant d'impéritie et de
corruption. Il ne supporte plus le pillage impitoyable du pays. Il se mobilise
de mille manières parce qu'il sait qu'un autre pays est possible. C'est
pourquoi il a entrepris de construire un tel pays.
Il est encore temps de sauver la dignité et l'avenir de notre pays. La seule
chose qui fasse défaut, c'est la volonté politique d'ignorer les prétensions
impériales des États-Unis, du FMI et de leurs complices locaux, et
d'entreprendre les changements radicaux qui privilégieront le respect de la
vie et de la dignité de toute la population.
* Adolfo Pérez Esquivel (prix Nobel de la paix)
Traduit de l'espagnol (Argentine) par Arnaud Bréart.
https://www.alainet.org/es/node/106689
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