Manifestation contre le programme d’agrocarburant

23/03/2008
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Une manifestation de plus d’un millier de personnes et une pétition en faveur de la production de denrées véritablement nationales et contre le programme envisagé d’agrocarburant ont clôturé le congrès du 35 e anniversaire du Mouvement paysan de Papaye (Mpp), le jeudi 20 mars 2008, à la place Charlemagne Péralte (nom de l’un des révolutionnaires haïtiens qui ont combattu la première occupation étatsunienne du pays 1915 –1934) du chef-lieu du Plateau central.

Couverte par plusieurs journalistes, dont un de l’agence en ligne AlterPresse, la manifestation s’est déroulée sans incident sur une dizaine de kilomètres, depuis le Sant Lakay (lieu de rassemblement des paysannes et paysans congressistes) jusqu’au centre de Hinche.

Des policiers nationaux, y compris de l’unité départementale de maintien de l’ordre (Udmo), assuraient la sécurité des manifestantes et manifestants qui, animés de la musique d’ambiance associée à des tambours placés sur un camion durant la dernière partie du parcours, notamment à l’entrée sud de Hinche, lançaient des slogans contre l’impunité, l’injustice sociale, la misère et la faim. A noter la présence, au Sant lakay et aux abords de la place Charlemagne Péralte ce 20 mars, d’un véhicule de la Mission des Nations Unies de Stabilisation en Haïti (Minustah).

 « Si le gouvernement du président René Garcia Préval et du Premier ministre Jacques Edouard Alexis ne prend pas des dispositions, après cette manifestation, pour faire baisser les prix des biens essentiels à la consommation, comme le riz, il devra s’attendre à une levée de boucliers réclamant son départ à la tête du pays », avertit le directeur exécutif du Mpp, Chavannes Jean-Baptiste, qui faisait écho aux desiderata des femmes du mouvement.

Sur la place Charlemagne Péralte, les membres du Mpp appellent à une articulation d’actions au sein du mouvement social en Haïti pour changer les rapports objectifs dans la société et transformer les modes de fonctionnement de l’Etat pour une Haïti souveraine à tous les niveaux, particulièrement sur le plan alimentaire. Ils exigent la disponibilité d’intrants agricoles pour préparer les terres avec la saison des pluies qui s’annonce au Plateau central.

Dans ce contexte, ils réclament des dispositions appropriées pour la mise en terre d’au moins 100 milliers de pépinières d’arbres fruitiers et forestiers pour agir sur le phénomène de déboisement dans chaque section communale.

Haïti est en mesure de fournir 15 millions d’œufs et un million de poulets chaque mois à partir de mesures structurelles adéquates, considèrent-ils.

Une réforme agraire intégrée, de l’encadrement technique et un accompagnement de l’Etat qui doit consentir des investissements dans l’agriculture, à travers une politique agricole tenant compte des réalités nationales, une revalorisation des terres laissées en jachère, efforts pour accélérer le rythme de production avec des denrées dont le temps de récolte est plus court, une meilleure utilisation des ressources agricoles, concertation pour des plans de conservation des sols dans tous les bassins versants des sections communales, une réorganisation du système de l’élevage libre, des actions de subvention pour porter les paysans à semer davantage, dispositions pour mettre fin aux « agro-bureaucrates » (les ingénieurs agronomes qui préfèrent pratiquer la bureaucratie au lieu d’apporter leurs connaissances sur le terrain auprès des paysans) : ce sont quelques-unes des recommandations adressées par les 900 délégués paysans au congrès du 35 e anniversaire du Mouvement paysan de Papaye, 3e section communale de Hinche.

Rappelant l’initiative de collecte de signatures pour le retour des cochons créoles, quand le Mpp avait recueilli 300 mille signatures, les membres du mouvement paysan informent de la disponibilité, sur tout le territoire national, spécialement chez les organisations paysannes, de formulaires relatifs à la pétition contre le programme d’agrocarburant.

Un plein (50 litres) d’éthanol correspond à l’alimentation en maïs d’une personne pour une année, signale André Bouchut, de la Confédération paysanne de France, un des participants étrangers au congrès du 35 e anniversaire.

L’objectif à poursuivre, préconise Bouchut, consiste à créer un droit révolutionnaire, permettant de récupérer la souveraineté alimentaire et culturelle de chaque pays.

Entre-temps, la déclaration finale du congrès du 35 e anniversaire du Mouvement paysan de Papaye contient un ensemble de revendications pour la satisfaction desquelles les membres du mouvement demandent aux autorités nationales de prendre des dispositions institutionnelles appropriées. [rc apr 24/03/2008 11:00]

Ronald Colbert, envoyé especial  d' AlterPresse

Source: 
AlterPresse - Haiti

https://www.alainet.org/es/node/126504
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