Union sacrée pour sacrée arnaque
- Opinión
Tout d'abord, le coût de l'opération est entièrement porté à charge des pouvoirs publics, ce qui entraînera une augmentation très importante de la dette publique[1]. La crise capitaliste actuelle, qui durera au moins plusieurs années, voire une dizaine d'années[2], va entraîner une réduction des recettes de l'Etat alors qu'augmenteront ses charges liées au remboursement de la dette. En conséquence, les pressions pour réduire les dépenses sociales vont être très fortes.
Les gouvernements d'Amérique du Nord et d'Europe ont remplacé un échafaudage branlant de dettes privées par un écrasant montage de dettes publiques. Selon
Cette union sacrée signifie le transfert de la facture à la majorité
Comment sont financées actuellement les opérations
La boucle est bouclée : l'Etat donne de l'argent aux institutions financières privées (Fortis, Dexia, ING, banques françaises, britanniques, nord-américaines…). Pour ce faire, les Etats émettent des titres du Trésor public qui sont souscrits par ces mêmes banques et ces assurances, qui sont restées dans le secteur privé (car l'Etat n'a pas demandé que le capital qu'il apporte lui donne droit à prendre les décisions, ni même à participer aux votes) et
Cette énorme arnaque en cours bénéficie de la loi du silence. L'omerta est de mise entre les principaux protagonistes : gouvernants, banquiers voleurs, assureurs voyous. Les grands médias se gardent bien d'analyser jusqu'au bout le mécanisme de financement des opérations de sauvetage. Ils s'attardent sur des détails : l'arbre qui cache
Au fur et à mesure de l'aggravation de la crise naîtra un profond malaise qui se transformera en défiance politique à l'égard des gouvernements qui ont réalisé ce type d'opération. Si le jeu politique
Il n'y a rien d'inéluctable en politique. Un autre scénario est tout à fait possible. D'abord, il faut affirmer qu'on peut parfaitement sauver l'épargne des citoyens et le système de crédit d'une autre manière. On peut assurer la protection de l'épargne de la population grâce à la mise sous statut public des entreprises de crédit et des assurances au bord de
L'Etat doit également entamer des poursuites légales contre les actionnaires et les administrateurs responsables du désastre financier, afin d'obtenir à la fois des réparations financières (qui vont au-delà du coût immédiat du sauvetage) et des condamnations à des peines de prison si la culpabilité est démontrée. Il faut aussi prélever un impôt de crise sur le grand capital afin de financer un fonds de solidarité pour les victimes de la crise (notamment les chômeurs) et pour créer de l'emploi dans des secteurs utiles pour la société.
De nombreuses mesures complémentaires sont nécessaires : ouverture des livres de compte des entreprises avec droit de regard des organisations syndicales, levée du secret bancaire, interdiction des paradis fiscaux en commençant par l'interdiction faite aux entreprises d'avoir quelque transaction ou actif que ce soit avec ou dans un paradis fiscal, taxe progressive sur les transactions en devise[7] et sur les produits dérivés (CDS,…), instauration du contrôle sur les mouvements de capitaux et sur les changes, arrêt net
Tout cela permettrait de sortir de cette grave crise par le haut, à savoir en prenant en compte l'intérêt des populations. Il s'agit de réunir les énergies pour créer un rapport de force favorable à la mise en pratique de solutions radicales qui ont comme priorité la justice sociale.
- Eric Toussaint, docteur en sciences politiques, président du CADTM Belgique, auteur de plusieurs livres dont « Banque du Sud et nouvelle crise internationale », CADTM-Syllepse, 2008. Coauteur avec
[1] Du côté des gouvernements et de
[2] On peut la comparer à la crise dans laquelle le Japon s'est débattu à partir du début des années 1990 et dont il sortait à peine quand cette crise l'a touché de plein fouet.
[3] Selon Barclays, cette somme se répartirait comme suit : 238 milliards pour l'Allemagne, 220 milliards pour l'Italie, 175 milliards pour
[4] Bien sûr, l'argent frais apporté par l'Etat ne sera uniquement utilisé pour l'achat de titres du trésor, il servira également à de nouvelles restructurations bancaires ainsi qu'au profit direct des banques.
[5] Espérons qu'on pourra compter également sur des parlementaires faisant leur boulot et sur des journalistes qui dans les grands medias voudront réellement analyser de manière critique la manière dont le sauvetage bancaire est réalisé jusqu'ici.
[6] Ils pourraient dénoncer cela ou tenter d'agir dès maintenant au sein des institutions parlementaires. S'ils ne le font pas alors qu'il est évident qu'ils savent parfaitement que la dette publique va fortement augmenter, c'est qu'ils partagent l'orientation choisie. De fait, ils ont choisi l'union sacrée qu'ils rompront à l'approche des élections.
[7] En 1998, environ 1500 milliards de dollars s'échangeaient chaque jour en devises sur les marchés financiers. C'est l'époque où sont nées différentes organisations dont ATTAC qui voulaient lutter en faveur d'une taxe de type Tobin sur les transactions en devise de manière à financer les besoins humains. En juin 2008, le volume journalier des transactions en devise a doublé. Les monnaies sont complètement instables notamment en raison d'opérations spéculatives permanentes.
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