Le Nicaragua ratifie le sandinisme

07/11/2011
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Trente-deux ans après la victoire insurrectionnelle de 1979, le Front Sandiniste de Libération National (FSLN) a ratifié par les urnes sa permanence au Gouvernement du Nicaragua.
 
Entre 1979 et aujourd'hui, le Nicaragua a suivi un chemin sinueux et plein de zigzags politiques. Tout d'abord, onze années de gouvernement révolutionnaire. Puis la défaite électorale inattendue de 1990,  conséquence de la guerre d’agression. Ensuite, dix-sept années de différents gouvernements néo-libéraux, entraînant de profondes régressions sociales. Enfin, depuis 2007, le retour du FSLN au gouvernement par la voie électorale.
 
Le président actuel, Daniel Ortega, ratifié  aujourd'hui dimanche 6 novembre 2011, avec plus de 66 % des voix, continuera ainsi à diriger pour une période de cinq ans le destin de ce pays d’Amérique centrale. 
 
Malgré les critiques virulentes de l’opposition de droite, divisée en quatre forces distinctes, argumentant spécialement sur “l’inconstitutionnalité” de la réélection de Daniel Ortega, malgré ces critiques, les citoyens ont donné leur verdict. Par un nouveau mandat, le peuple exprime sa satisfaction face à la gestion publique de ces dernières années, basée sur d’importants programmes sociaux, le retour à une éducation et un service de santé gratuits, l’effort  pour redistribuer la richesse dans le cadre d’une croissante économique significative, la fin d’une profonde crise énergétique quasi permanente dont souffrait le pays, le choix d’une intégration à l'Amérique latine progressiste et autonome.
 
Le sandinisme a gagné des élections totalement  transparentes et avec un taux de participation très élevé. La fête civique qui s'ensuit est constatée par des milliers d’observateurs électoraux européens et latino-américains, ainsi que par les réseaux sociaux.
 
Au moment de cette victoire éclatante, au moment des célébrations populaires dans tout le pays, on se doit de mentionner pourtant les préoccupations présentes et futures:
 
-      Premièrement, le goût amer que laisse l'abolition de l'avortement thérapeutique, mesure décidée avec l’aval du sandinisme. Tel a été le prix fort à payer pour une nouvelle alliance effectuée il y a quelques années avec les églises, particulièrement avec la hiérarchie catholique. Cet arrière-goût d'opportunisme politique laissera des traces, malgré les résultats positifs obtenus.
 
-      Deuxièmement, le nouveau discours profondément religieux, quasi charismatique, du président Ortega et de son entourage. Ce discours tente de faire oublier le marxisme des années passées, en évoquant à grands traits un Nicaragua “chrétien, socialiste et solidaire”, principal slogan électoral du FSLN.
 
-      Troisièmement, la préparation indispensable d’une relève générationnelle de la direction sandiniste, question depuis longtemps en suspens.  Ortega terminera son nouveau mandat en 2016, à l'âge de 71 ans. Dans un pays où prédomine la génération des moins de 25 ans et où une dynamique démocratique est en marche, il faut de nouveaux acteurs/trices.
 
Malgré ces questions essentielles, il est impossible de ne pas relever l’importance de cette victoire électorale. Le FSLN a su gagner le pouvoir par les armes en 1979. Il n’a pas caché sa transformation de rassemblement guerillero en parti électoral. Il a su accepter la défaite électorale de 1990 et a été dans l'opposition avec dignité jusqu’en 2006. Aujourd’hui, revitalisé par son programme social et plébiscité par la majorité des citoyens nicaraguayens/ennes, il mérite de continuer à gouverner.
 

Sergio Ferrari, Gérald Fioretta, de Nicaragua

https://www.alainet.org/es/node/153764
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