Elections nicaraguayennes du 6 novembre
« Le sandinisme a parié sur une meilleure redistribution de la richesse »
03/11/2011
- Opinión
Avec une victoire quasiment assurée – à en croire les prévisions des différents sondages -, l’Alliance Nicaragua Unida Triunfa, impulsée par le Front sandiniste de libération nationale (FSLN) – avec pour candidat présidentiel l’actuel titulaire de cette fonction Daniel Ortega – renforcerait son pouvoir politique au Nicaragua. Les dernières estimations faites ces dernières semaines, depuis la mi-octobre, donnent des indications de votes favorables entre 52 % et 60 %. La seconde coalition, regroupant un secteur de la droite libérale et les rénovateurs sandinistes (MRS), ne dépasse pas 20 % des intentions de vote. « C’est le résultat de la politique menée ces cinq dernières années par le sandinisme au gouvernement », souligne Adrián Martínez, dirigeant syndicat de la Centrale des travailleurs pour leur propre compte (CTCP).
Pour Martínez, deux causes principales au profil gagnant du sandinisme. « D’une part, les réalisations concrètes en faveur des secteurs les plus défavorisés durant ces 5 années de gouvernement. Le FSLN s’est préoccupé d’assurer une redistribution plus équitable de la richesse dans le pays ».
D’autre part, explique le dirigeant de cette centrale autonome (membre du Front national des travailleurs, d’orientation sandiniste), « le FSLN a su intégrer dans son programme politique les revendications populaires les plus ressenties, comme la distribution de la terre, la titularisation des parcelles urbaines à leurs occupants, la santé et l’éducation gratuite, la promotion sociale des plus marginalisés, la restitution de leur dignité aux secteurs marginalisés par 17 années de néo-libéralisme » [ndt : sous les gouvernements – Violeta Barrios de Chamorro, Arnoldo Aleman, Enrique Bolaños - qui ont succédé au sandinisme après la défaite électorale de février 1990].
La pratique de la CTCP paraît donner force à ses arguments. « En à peine 10 ans d’existence, nous avons aujourd’hui 50.000 affilié-e-s. Un chiffre significatif pour un secteur – celui des travailleurs informels ou pour leur propre compte – qui réunit plus de 1.150.000 personnes en ville et à la campagne. Au Nicaragua (environ 7 millions d’habitants), le secteur informel est le plus grand économiquement parlant. »
« Nous sommes un secteur émergent. Depuis des années, nous jouons un rôle essentiel dans la production de la richesse. Mais jusqu’à l’arrivée du FSLN au gouvernement en 2007, nous étions totalement ignorés. Nous n’existions pas. La droite ne voulait pas nous accepter comme sujets économiques en compétition avec leurs entreprises et leur propre pouvoir économique », affirme Martínez.
Bien que la majorité des dirigeants de la CTCP « s’identifie au sandinisme », explique-t-il, la Centrale comme telle est indépendante, autonome. « Nous sommes conscients que nous devons continuer à nous mobiliser pour être reconnus et obtenir des avancées significatives comme la sécurité sociale ou la formation technique et professionnelle de nos affiliés ».
Si, durant ces cinq dernières années, le gouvernement sandiniste a priorisé « les secteurs ruraux, nous attendons de sa part que, dans la prochaine phase, il mette l’accent sur l’appui au secteur de la population que nous représentons ».
Et quelle proposition font les partis d’opposition, lors de ces élections, aux travailleurs pour leur propre compte ? « La persécution, comme cela se passe dans les autres pays d’Amérique centrale, car ils estiment que notre base produit l’instabilité sociale », nous répond Martínez.
Il se réfère à une récente annonce électorale télévisée de Fabio Gadea, candidat présidentiel de l’Alliance libérale indépendante, la seconde force politique du pays, annonce dans laquelle ce dernier menace les travailleurs informels d’être expulsés de leurs lieux de travail publics, c’est-à-dire les sémaphores, les stations de bus, les coins de rue de la capitale. « Une véritable offense, qui a provoqué parmi notre base une réaction profonde d’indignation. Non seulement nos membres l’ont dénoncé publiquement, mais ils nous demandent même d’intenter une action juridique contre ce candidat pour ses paroles agressives ».
- Sergio Ferrari, depuis le Nicaragua.
Collaboration de presse de E-Changer, ONG de coopération solidaire, partenaire de la CTCP (deux volontaires suisses y travailleurs dans le secteur des femmes et de la communication publique)
Annexe :
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Flor Avellán, candidate des travailleurs pour leur propre compte
Dans l’un des coins de la route en direction de Masaya, dans la capitale nicaraguayenne, travaille depuis des années la vendeuse de serviettes Flor Avellán. Depuis la fondation de la Centrale des travailleurs pour leur propre compte, Flor Avellán est devenue l’une de ses militantes en première ligne. Aujourd’hui, elle assume la direction du secteur féminin de la Centrale, une militance non-professionnelle qu’elle assure tout en continuant de travailler sur un poste de vente en plein air, auquel elle se rend chaque jour avec ses enfants mineurs – durant les heures extrascolaires – et avec d’autres membres de sa famille.
Par décision de son syndicat, Flor Avellán figure sur la liste des candidat-e-s à la députation du FSLN, lors des élections du 6 novembre. Si l’alliance obtenait plus de 50 % des suffrages, les possibilités pour Flor Avellán d’être élue – elle figure au 14e rang des candidats dans la circonscription de Managua – seraient grandes.
« Peu n’importe d’entrer ou non au Parlement. Etre candidate est déjà pour moi un énorme stimulant. Et pour notre centrale, une reconnaissance politique significative », assure-t-elle avec un orgueil non dissimulé. (Sergio Ferrari/E-CHANGER)
https://www.alainet.org/es/node/153775
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