Duvalier échappe à la justice - Qu’en sera-t-il de ses consorts ?

13/10/2014
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L’ex-dictateur Jean-Claude Duvalier, dont les funérailles privées ont eu lieu le samedi 11 octobre 2014 à Port-au-Prince, a échappé à la justice qui le poursuivait pour crimes contre l’humanité et crimes financiers, mais son décès ne met pas à l’abri ses « consorts », relève l’agence en ligne AlterPresse.
 
Après une mobilisation de la société civile haïtienne contre l’idée de lui accorder des funérailles nationales, au risque de bafouer la mémoire des milliers de victimes, le tyran Duvalier (1971 – 1986) n’a reçu l’hommage que de sa famille, ses proches et ses partisans.
 
Sa mort, à l’âge de 63 ans (3 juillet 1951 - 4 octobre 2014), a apparemment ouvert la voie à la restitution des fonds détournés, gelés dans des banques étrangères, particulièrement 6 millions de francs gardés dans les banques de la Suisse.
 
Alix Fils-Aîmé, l’un des plaignants, demande que l’argent serve la démocratie.
 
« Il faudrait une commission, composée, entre autres, de représentants de victimes de la dictature, d’organismes de défense des droits humains, pour réfléchir dans quel domaine l’investir », propose Fils-Aîmé.
 
Il faut accorder la priorité à l’investissement dans une « éducation anti-duvalier, c’est-à-dire anti-dictature », sorte d’éducation à la démocratie, suggère Fils-Aimé.
 
Le processus de restitution des 6 millions de francs suisses, détournés par le feu tyran, est en cours, immédiatement après son trépas le 4 octobre 2014, selon les précisions du Département fédéral des affaires étrangères (Dfae), rapportées par la Radio télévision suisse (Rts) sur son site internet.
 
Connue sous le nom de « lex Duvalier », la loi sur la restitution des avoirs d’origine illicite, qui est entrée en vigueur en février 2011, favorise le processus.
 
Cependant, ce n’est qu’en décembre 2013 que le Tribunal administratif fédéral autorise que ces fonds soient restitués à la république haïtienne.
 
Il semblerait que c’est sous forme de programmes d’aide que ces fonds parviendront à Haïti.
 
Le retour de Michèle Bennett, ex-femme de Duvalier
 
La mort du dictateur ramène, à Port-au-Prince, son ex-femme, Michèle Bennett, connue pour ses fastes et ses dépenses outrancières aux frais de la république, lors de la présidence de son mari, feu Jean-Claude Duvalier.
 
Fils-Aimé estime que « cette dame ainsi que d’autres potentats du régime (...) devraient se trouver sous les verrous, au lieu de se pavaner en toute arrogance dans les rues de la république ».
 
En janvier 1996, la cour suprême de New York a sommé Bennett de rembourser plus de 6,5 millions de dollars étasunisiens au pays (US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui).
 
Cet argent proviendrait des détournements, opérés dans les caisses de l’Etat et déposés sur les avoirs immobiliers et les comptes en banque à New York de Bennett, selon une dépêche parue le 4 janvier 1996 sur le site internet du journal français Libération.
 
Le remboursement a-t-il été effectif ?
 
Bennett n’aurait jamais exécuté la sommation de cette cour américaine, affirme à AlterPresse Fritz Longchamp, ancien ministre des affaires étrangères d’Haiti en 1996, reconnaissant simplement avoir entendu parler de la décision.
 
« Peut-être qu’elle en avait fait appel ou l’a ignorée tout simplement, vu qu’elle ne vivait pas à New-York », suppose l’ancien chancelier haitien.
 
Alix Fils-Aîmé, député en 1996, ne croit pas, non plus, que l’ancienne épouse de Jean-Claude Duvalier ait remis un sou, des millions détournés à la république.
 
En tout cas, Jean-Claude Duvalier est mort et enterré.
 
Mais, d’autres potentats du régime, encore vivants, se sont montrés lors des funérailles du 11 octobre 2014, perçues comme une occasion de grandes retrouvailles duvaliéristes.
 
Le Collectif contre l’impunité maintient que le décès du despote « ne peut pas servir de prétexte pour perpétuer l’impunité ».
 
Joint par AlterPresse, l’avocat des victimes, Jean Joseph Exumé, ne veut, pour le moment, faire aucun commentaire dans la presse, le dossier étant en cabinet d’instruction, argue-t-il.
 
La cour d’appel de Port-au-Prince a ordonné, le 20 février 2014, un supplément d’instruction, et désigné, pour ce faire, le juge Durin Duret Junior.
 
Dans le cadre de cette instruction, le juge a démarré l’audition des plaignants en mai 2014.
 
13 octobre 2014
 
https://www.alainet.org/es/node/164751
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