Face aux rapatriements massifs de migrants haïtiens, quelle est la réponse du gouvernement ?
- Opinión
P-au-P., 23 juin 2015 [AlterPresse] --- Le gouvernement tente de déployer un dispositif dans certaines zones frontalières avec la République dominicaine pour essayer de gérer les flux successifs de rapatriés ou de personnes expulsées par la le pays voisin.
Le premier ministre Evans Paul a conduit le 22 juin une délégation dans plusieurs régions de la frontière, dont Anse-à-Pitre et Tête-à-L’eau dans le sud-est, afin d’évaluer les conditions d’accueil des personnes déportées.
Dans le même objectif, le ministre de la communication, Rotchild Francois Jr, a dirigé une autre délégation à la frontière de Malpasse, dans l’ouest.
Dans les deux cas, les autorités de Port-au-Prince se sont entretenues avec les responsables locaux pour s’enquérir des dispositions mises en œuvre. La consigne du gouvernement est de prendre en charge toutes les personnes déportées.
Quelle prise en charge ?
Il y a visiblement une panne de plan bien huilé et de moyens appropriés.
Des équipes des services de l’Immigration, du Ministère de la Santé Publique et de la Population et de la Direction de la Protection Civile sont observées sur le terrain. A Ouanaminthe, le correspondant d’AlterPresse a constaté quelques tentes mises en place pour organiser l’accueil.
Un centre d’accueil transitoire a été aménagé dans une école publique à Fonds-Parisien, proche de la frontière de Malpasse, informe le gouvernement.
Mais dans l’urgence, à bien suivre les opérations en cours, elles sont loin de constituer une réponse adéquate à la situation créée. Les structures qui commencent à peine à être installées paraissent plutôt précaires face à l’ampleur des rapatriements.
S’ajoutent aussi tout ceux qui fuient la République Dominicaine pour éviter des rapatriements forcés et qui arrivent par centaines, portant des enfants à bout de bras, munis de leurs effets personnels et de leurs instruments de travail.
Autre complication, on ne sait pas encore ce qui va se passer avec des Dominicains d’origine haïtienne, susceptibles d’être déportés également.
Y a t-il des zones bien circonscrites pour les rapatriements ?
Le gouvernement haïtien est d’avis que les rapatriements doivent être circonscrits dans des postes frontaliers bien précis. C’est le point de vue avancé dans les échanges avec son homologue dominicain, si l’on en croit des sources officielles. Mais les Dominicains ne semblent pas l’entendre de cette oreille.
Les rapatriés ne sont pas amenés seulement à Ouanaminthe, Malpasse et d’autres points qui feraient partie des postes frontaliers officiels de rapatriement. Ils arrivent aussi dans diverses autres localités de la ligne frontalière de plus de 300 km.
A Savanette par exemple, dans l’est, on a recueilli une cinquantaine de personnes durant le week-end.
Plusieurs autres régions de la bande frontalière au niveau du Plateau Central (est) ont reçu en 8 jours un total de plus de 4 mille rapatriés, selon les estimations d’organismes de droits humains présents dans ces zones.
Un agent d’un de ces organismes explique que « le nombre de rapatriés est tellement élevé qu’il devient de plus en plus difficile de les enregistrer dans nos formulaires ».
23 juin 2015
http://www.alterpresse.org/spip.php?article18389#.VYrNxFJ1yyc
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