Des mouches transgéniques pour l’agriculture?
30/10/2013
- Opinión
Il semble qu’on a trouvé l’invention ultime pour mettre fin à certains fléaux dans l’agriculture. Il s’agit de la mouche transgénique. Et le premier endroit de la planète où l’on envisage de l’utiliser n’est autre que la Catalogne. Ce n’est pas pour rien que l’Etat espagnol est la principale porte d’entrée des transgéniques en Europe. Dommage que ce qui nous est vendu comme la solution magique au fléau de la mouche de l’olivier soulève plus de questions que de réponses.
L’information, diffusée cet été, est passée relativement inaperçue si l’on tient compte des conséquences qu’une telle découverte peut avoir pour l’environnement et pour notre santé. L’entreprise biotechnologique anglaise Oxitec a demandé une autorisation à la Generalitat de Catalogne afin de libérer dans la campagne de Tarragone des mouches transgéniques destinées à combattre le problème de la mouche de l’olivier. Si cette requête est acceptée, ce sera alors la première fois qu’on libèrera dans l’environnement des insectes génétiquement modifiés.
Même si l’entreprise insiste sur les vertus d’une telle mesure, celle-ci soulève des doutes importants. Quelle sera la réaction des mouches transgéniques après leur introduction ? Comment vont-elles interagir avec les autres êtres vivants ? Quelles conséquences peuvent avoir son entrée dans la chaîne alimentaire en étant mangées par des oiseaux et des rongeurs ? Et sur notre santé ? Il faut tenir compte du fait que les mouches transgéniques n’ont été testées qu’en laboratoire. Or, la nature est un système complexe dans lequel plusieurs espèces interagissent de manière non mécanique.
Le principe de précaution devrait prévaloir. On ne peut pas mettre en liberté des insectes dont l’ADN a été modifié avec les gênes d’autres organismes sans être certains des conséquences que cela pourrait avoir et sans savoir si ces conséquences sont irréversibles ou non. Une fois de plus, les entreprises biotechnologiques font le choix de mener leurs expériences avec la nature et avec nous-mêmes, guidées par leur soif de profit maximal. Les insectes transgéniques ne sont en effet rien d’autre qu’une nouvelle source de bénéfices pour les multinationales de ce secteur.
Le conflit d’intérêt est un autre problème évident. Aucun pays au monde ne dispose d’une réglementation spécifique par rapport à l’introduction d’insectes génétiquement modifiés.Or, à qui donc est-on en train de demander d’élaborer des directives et un cadre de travail ? Aux mêmes employés de la principale entreprise pourvoyeuse, Oxitec. Le rapport « Genetically-modified insects : under whose control ? » de GeneWatch ne laisse aucun doute. Oxitec, par ailleurs, compte sur le soutien actif du géant de l’industrie biotechnologique Syngenta.
La science et la technologie sont des outils indispensables pour obtenir des progrès sociaux, mais elles ne peuvent pas, comme cela arrive trop souvent, être subordonnées aux intérêts du capital privé. Nous avons besoin d’informations et de transparence. Où seront exactement libérées ces mouches transgéniques au cas où la demande serait approuvée ? Sur quels champs il y a-t-il aujourd’hui des cultures utilisant des organismes génétiquement modifiés ? Ces informations, on n’a jamais voulu les rendre publiques. Nous avons le droit de décider si nous voulons ou pas des transgéniques, mais jamais personne ne nous l’a demandé.
*Article publié dans «Etselquemenges.cat», 03/09/2013. Traduction française pour Avanti4.be: Ataulfo Riera.
+info: http://esthervivas.com/francais/
L’information, diffusée cet été, est passée relativement inaperçue si l’on tient compte des conséquences qu’une telle découverte peut avoir pour l’environnement et pour notre santé. L’entreprise biotechnologique anglaise Oxitec a demandé une autorisation à la Generalitat de Catalogne afin de libérer dans la campagne de Tarragone des mouches transgéniques destinées à combattre le problème de la mouche de l’olivier. Si cette requête est acceptée, ce sera alors la première fois qu’on libèrera dans l’environnement des insectes génétiquement modifiés.
Même si l’entreprise insiste sur les vertus d’une telle mesure, celle-ci soulève des doutes importants. Quelle sera la réaction des mouches transgéniques après leur introduction ? Comment vont-elles interagir avec les autres êtres vivants ? Quelles conséquences peuvent avoir son entrée dans la chaîne alimentaire en étant mangées par des oiseaux et des rongeurs ? Et sur notre santé ? Il faut tenir compte du fait que les mouches transgéniques n’ont été testées qu’en laboratoire. Or, la nature est un système complexe dans lequel plusieurs espèces interagissent de manière non mécanique.
Le principe de précaution devrait prévaloir. On ne peut pas mettre en liberté des insectes dont l’ADN a été modifié avec les gênes d’autres organismes sans être certains des conséquences que cela pourrait avoir et sans savoir si ces conséquences sont irréversibles ou non. Une fois de plus, les entreprises biotechnologiques font le choix de mener leurs expériences avec la nature et avec nous-mêmes, guidées par leur soif de profit maximal. Les insectes transgéniques ne sont en effet rien d’autre qu’une nouvelle source de bénéfices pour les multinationales de ce secteur.
Le conflit d’intérêt est un autre problème évident. Aucun pays au monde ne dispose d’une réglementation spécifique par rapport à l’introduction d’insectes génétiquement modifiés.Or, à qui donc est-on en train de demander d’élaborer des directives et un cadre de travail ? Aux mêmes employés de la principale entreprise pourvoyeuse, Oxitec. Le rapport « Genetically-modified insects : under whose control ? » de GeneWatch ne laisse aucun doute. Oxitec, par ailleurs, compte sur le soutien actif du géant de l’industrie biotechnologique Syngenta.
La science et la technologie sont des outils indispensables pour obtenir des progrès sociaux, mais elles ne peuvent pas, comme cela arrive trop souvent, être subordonnées aux intérêts du capital privé. Nous avons besoin d’informations et de transparence. Où seront exactement libérées ces mouches transgéniques au cas où la demande serait approuvée ? Sur quels champs il y a-t-il aujourd’hui des cultures utilisant des organismes génétiquement modifiés ? Ces informations, on n’a jamais voulu les rendre publiques. Nous avons le droit de décider si nous voulons ou pas des transgéniques, mais jamais personne ne nous l’a demandé.
*Article publié dans «Etselquemenges.cat», 03/09/2013. Traduction française pour Avanti4.be: Ataulfo Riera.
+info: http://esthervivas.com/francais/
https://www.alainet.org/es/node/80551
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