L'OMC à Bombay : quoi de neuf aujourd'hui ? Où en sommes nous ?

10/01/2004
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Nous voulons changer la musique ! Avec S.P. Shukla (Inde), Yash Tandon (Ouganda), Dot Keet (Zimbabwe), Rafael Freire Neto (Brésil), Anu Rhada (USA), Vandana Shiva (Inde), Paul Nicholson (Espagne), Walden Bello (Philippines), ces (3) derniers du même réseau global…. Si les thèmes de prédilection et les parcours des uns et des autres peuvent présenter quelques nuances, le constat est le même, chacun dans son secteur de lutte : rappelons le, même si nous le connaissons déjà. Le constat : " un état des lieux " Tous insistent sur l'impact très négatif pour le monde de ces politiques : " l'OMC est comme un empire " ! Destruction des économies locales, monopolisation par les multinationales -mais aussi dégradation- des ressources naturelles, de l'eau aux semences (exemple de Nestlé dans l'agroalimentaire mais aussi 4ème propriétaire de l'eau) ; pillage des savoirs traditionnels des pays pauvres sous couvert des accords sur la propriété intellectuelle, stratégies visant à voler les derniers savoir faire, élément de survie de ces populations ; laminage des petits paysans par la mono- production industrielle imposée induisant une baisse drastique des prix, source de manque à gagner extrême (Vandana Shiva avance le chiffre de 26 milliards de dollars pour les paysans indiens et le nombre impressionnant de suicides qui s'ensuivent -25000 en Inde en 4 ans….) ; avec comme outil de domination le libre échange (en accords multilatéraux ou bi-latéraux, plus insidieux ou pervers encore, où les USA excellent particulièrement -exemple ZLEA ou FTAA- ) ; c'est le fondement du système. En résumé, une criminalisation de l'économie mondiale. Mais aussi, et pour répondre aux besoins du système privilégiant l'exportation, il était nécessaire d'imposer un modèle -un modèle conforme- de consommation, de comportement ! A CANCUN, quoi de nouveau ? : " Nous avons gagné " ? Plus encore que précédemment, l'image d'une nouvelle réalité s'impose : deux mondes côte à côte ou plutôt face à face ; le premier, qui négocie le patrimoine de l'humanité, le G7(8), avec institutions, media, armes, confortablement installé dans des hôtels de luxe… … un système, isolé, sans vision aucune sur la " réalité " du monde qui l'entoure… dehors, un deuxième monde, du travail, de la pauvreté, de la faim et la malnutrition, des groupements de lutte, des paysans (plus de 55 % de la population mondiale sont des paysans). (Ici, est rappelée la symbolique du suicide de Lee, non un suicide de désespoir, mais, face aux enjeux des négociations, de réelle résistance : il est mort pour défendre le droit/souveraineté alimentaire, le droit de produire localement face à la libéralisation des échanges). Cancun, c'est aussi et surtout l'émergence d'une société civile globale, d'une ALLIANCE de toutes les mouvances. Après l'échec de DOHA, les pays du Sud ont entrepris un énorme travail de remobilisation dans tous les pays, et à Genève, aidés par des ONG, des associations, d'élaboration d'une pensée politique cohérente, claire en vue d'une déclaration forte et d'une manifestation commune. (Ici, Paul évoque également la symbolique de la manifestation : arrivés face au mur de sécurité, derrière lequel se campent les forces de la répression, les anciens, en tête du défilé, s'écartent ; alors 200 femmes coupent les grilles puis laissent à leur tour la place aux suivants, des coréens, armés de cordes qu'ils attachent aux grilles ; enfin, tous ensemble tirent pour arracher ce mur qui protège " l'autre monde ", se retrouvant alors face aux forces de police, armées ; là, pas de confrontation, tous tournent le dos à l'OMC, pour marquer leur refus de ses politiques, criant " le Droit n'est pas à vendre " ; le service d'ordre était assuré par les black blocks). CANCUN, c'est l'émergence du groupe des 21, sa résistance au dictat des blocs USA/UE, qui a réussi à bloquer le processus ; pays les plus forts du Sud, en défense de leurs intérêts propres... Mais aussi, ce que les media ont " oublié ", le groupe des 90, les plus petits pays d'Asie, d'Afrique, plus radicaux, plus revendicatifs et qui ont su faire pression sur les 21, les amenant à prendre en compte et représenter les revendications des petits producteurs. " Nous avons gagné ", mais l'OMC est toujours là et à chaque bataille gagnée, le G7 oppose une nouvelle offensive ! Après CANCUN, où allons-nous ? " Vers un nouvel ordre mondial… Il faut un combat global " Face à l'image négative de Cancun rendue par les media, quelle perspective ? Tous sont unanimes. Les défaites… associées à la réflexion rendent le succès possible. " Nous gagnons grâce à des arguments idéologiques " (les mouvements passés, Noirs, Femmes, Dalit… sont des exemples de victoires -comment contourner les obstacles pour atteindre aux Droits-). Outre les combats à l'échelle globale entre les pays (tous, il y a du Sud au Nord et du Nord au Sud) -où nous devons lier les mobilisations contre l'OMC et la guerre pour une mondialisation des droits humains-, mobilisons nous également à l'échelle locale, nationale avec des alliances larges de tous les secteurs. La globalisation n'est pas un concept mais des pratiques : les gouvernements locaux sont " invités " à se plier aux lois des multinationales par " intéressement ". Il nous faut trouver une stratégie de pression sur eux pour qu'ils refusent ce partenariat, qu'ils sachent qu'ils s'exposent à des réactions violentes de masse s'ils n'ont pas soutenu nos revendications. Il est absolument nécessaire de soutenir les besoins de base. Il s'agit d'attaquer partout le libre échange dans le monde, y compris à l'échelon régional, et de privilégier des échanges équitables. " Une résistance globale est née, mais nous-mêmes, par nos propres comportements, nous inscrivons souvent en faux vis à vis de cette résistance " nous dit Vandana Shiva, qui collecte de village en village des semences traditionnelles pour sauvegarder le patrimoine agricole, donc le droit à la souveraineté alimentaire. Il nous faut donc impérativement remettre en question les paradigmes actuels du développement ! (*)Geneviève Masson. Avec la collaboration du " chuchoteur " Régis Maubret (Babels) http://www.france.attac.org/a2345
https://www.alainet.org/fr/articulo/109195
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