Les mouvements sociaux entre l’autonomie et la lutte pour le changement

07/12/2007
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Les mouvements sociaux, dans leur grande majorité, revendiquent leur indépendance par rapport au gouvernement de gauche. Même si certains ont opté pour soutenir sans équivoque les politiques officielles, les mouvements les plus importants gardent une certaine distance et ne sont pas avares de critiques.

Pour les mouvements sociaux de la région, l’arrivée au pouvoir de gouvernants de centre gauche et de gauche a représenté un véritable tremblement de terre interne. Pas tant à cause de la nécessité de prendre position sur les changements enregistrés sur la scène politique mais surtout parce que l’initiative est passée des mouvements aux gouvernements. On n’est déjà plus à l’époque des grandes mobilisations qui déterminaient l’agenda politique de la région, comme ce le fut probablement jusqu’au déraillement de la Zone de Libre-Echange des Amériques (ZLEA) au sommet de Mar del Plata (Argentine), en novembre 2005. La situation est devenue beaucoup plus complexe que dans la période dominée par les politiques néolibérales classiques et par les gouvernements conservateurs qui ont provoqué une vague de résistances.

Les changements impulsés en grande mesure par l’action des mouvements sociaux ont contribué à les écarter de l’avant-scène. Selon moi, ce paradoxe est au centre des problèmes qu’affrontent les mouvements, car ils n’y étaient pas préparés. Parallèlement, la nouvelle conjoncture a mis au premier plan la question de l’intégration régionale – avec deux projets en compétition – face à laquelle de nombreux mouvements rencontrent des difficultés au moment de prendre position [[1]]. Il semble évident que les États-Unis ne jouent pas seul dans une Amérique du Sud qu’on ne peut plus considérer comme son « arrière-cour », et qu’un certain multilatéralisme est en train de se consolider. Celui-ci est impulsé notamment par un pays comme le Brésil qui a démontré sa capacité de peser de manière déterminante dans la région. Les mouvements sociaux n’ont pas toujours su prévenir la profondeur des changements en marche, tant à l’échelle locale qu’à l’échelle régionale, et se positionner face à des situations beaucoup plus complexes et contradictoires qui n’acceptent pas de lectures simplistes.

L’Uruguay n’échappe pas à cette réalité. Comme nous le verrons, plusieurs mouvements ont été neutralisés par les gouvernements mais les plus importants – tant quantitativement que par leur potentiel d’émancipation – gardent une certaine distance avec les pouvoirs publics. Le conflit avec l’Argentine sur l’installation d’usines de celluloses sur le fleuve frontalier Uruguay [[2]] est peut-être la seule exception que vit le pays.

Ombres et lumières sur les droits de l’Homme

La principale rupture par rapport aux gouvernements antérieurs est l’attitude du gouvernement de Tabaré Vazquez sur la violation des droits humains au cours de la dictature militaire (1973-1985). Pour la première fois, le pouvoir exécutif a décidé de creuser dans les casernes de l’armée à la recherche de restes de prisonniers-disparus. Le tournant n’est des moindres, même si les résultats n’ont pas été ceux que l’on escomptait, puisque les militaires refusent de collaborer en apportant des informations. Malgré tout, des corps de disparus ont été trouvés et un climat s’est installé qui a permis de traîner devant les tribunaux certains des principaux accusés de ces violations des droits humains.

Même si le gouvernement a refusé d’annuler la « Loi de caducité » qui, en 1986, a amnistié les bourreaux, les changements dans la politique gouvernementale marque une inflexion, peut-être la plus importante (…) de l’actuel gouvernement. En d’autres mots, nous sommes face à un changement radical que personne ne peut nier et qui aura des impacts profonds sur la subjectivité des Uruguayens dans les prochaines décennies.

Les points négatifs, quant à eux, on les trouve dans deux aspects : la non annulation de la « Loi de caducité » et la tentative de Vazquez de célébrer le jour du « Nunca Más » (« Jamais Plus ») en encourageant une réconciliation entre bourreaux et victimes. Par rapport à la loi d’amnistie, le mouvement syndical et une bonne partie des autres mouvements ont lancé une campagne pour sa dérogation. Mais le groupe le plus important, des familles de prisonniers-disparus, a décidé de ne pas y participer puisqu’il n’a pas réussi à prendre de position unanime en son sein. En fait, une des personnes les plus connues de ce mouvement a été nommée par le gouvernement à un poste officiel et adopte la même position que ses supérieurs : il ne faut pas annuler une loi injuste parce que de toute façon les violeurs des droits humains sont jugés. Ce groupe est la principale force sociale neutralisée par le gouvernement de gauche.

Toutefois, Vazquez a dû faire marche arrière dans sa tentative de célébrer la journéedu « Nunca Más » puisqu’une bonne partie de la société et les principaux mouvements leur ont tourné le dos. C’est le syndicat des enseignants qui cette fois a joué un rôle important. Une vaste consultation démocratique de ses bases a donné un résultat sans appel : 90% des enseignants se sont opposés à participer au défilé civique et militaire que le président avait convoqué pour sceller la réconciliation. Le 29 mai dernier, la centrale syndicale Plenario Intersindical de Trabajadores – Convención Nacional de Trabajadores (PIT-CNT) a soutenu une grève nationale de 24 heures de tous les secteurs de l’enseignement. Ils exigeaient du gouvernement qu’il respecte sa promesse électorale d’augmenter le budget de l’éducation. Le jour même, des milliers de travailleurs ont exigé de meilleurs salaires et « jamais plus » de terrorisme d’État. Le 20 mai, date de la commémoration de l’assassinat de quatre Uruguayens à Buenos Aires en 1976 (le sénateur Zelmar Michelini, le député Héctor Gutiérrez Ruiz et deux militants tupamaros), par des militaires uruguayens avec l’appui de la dictature de Videla, plus de 50 mille personnes sont descendues dans la rue pour exprimer leur rejet de la réconciliation annoncée par Vazquez. Le président n’a pas eu d’autre choix que de faire marche arrière ou alors il risquait de provoquer une crise au sein même de sa force politique.

L’autonomie historique du mouvement syndical

Le mouvement syndical uruguayen a une longue tradition d’indépendance par rapport aux partis de gauche, même si presque tous ses dirigeants militent dans l’un ou l’autre secteur du Frente Amplio. Avec le temps, un principe commun s’est imposé ; il dit que les syndicats ne doivent se soumettre ni à l’État ni aux partis, quelles que soient leurs affinités. Sous le gouvernement de Tabaré Vazquez, ce principe a été respecté.

Il est indéniable que la centrale syndicale PIT-CNT est une des grands bénéficiaires de la politique actuelle, puisque l’exécutif est revenu à la politique de négociation tripartite (État, syndicats, chefs d’entreprises) qui avaient été abandonnées au début des années 90 avec la vague néolibérale. La réinstallation des Conseils de salaires (Consejos de Salarios) où l’on discute des conditions de travail des salariés a donné lieu non seulement à une augmentation du salaire réel mais aussi à la possibilité qu’émergent de nouveaux syndicats là où jusqu’à aujourd’hui les droits syndicaux n’étaient pas respectés. En deux ans, des dizaines de sections syndicales ont été créées et le nombre de membres a doublé.

Malgré cela, le mouvement syndical a su maintenir son indépendance et l’a démontré à plusieurs occasions. L’exemple le plus évident a peut-être été la mobilisation syndicale contre l’impérialisme et la signature d’un traité de libre-échange avec les Etats-Unis lors de la visite de George W. Bush en Uruguay en mars 2007. Ce n’est pas le seul exemple. Comme nous l’avons vu, les syndicats ont joué un rôle important au moment de rejeter la réconciliation avec les militaires de la dictature et de nombreux syndicats, surtout ceux du secteur public (enseignants, administration centrale et municipale) n’ont pas cessé d’organiser des arrêts de travail et des grèves pour réclamer des salaires dignes. Le PIT-CNT a réalisé plusieurs arrêts de travail partiels et une grève de 24 heures contre la politique économique du gouvernement, en continuité avec celle de ses prédécesseurs.

Au moment d’évaluer le mouvement syndical sous le gouvernement de gauche, Juan Castillo, secrétaire général du PIT-CNT, croit qu’il a réussi à réaffirmer son autonomie et son indépendance tout en intervenant sur la scène politique. En ce sens, il reconnaît les changements en cours et défend une plus grande implication du mouvement syndical dans ce qui devrait être une démocratie participative. «  Au sein du mouvement, il existe trois courants : ceux qui ne veulent pas critiquer pour ne pas compliquer la tâche du gouvernement, ceux qui disent que rien n’a changé et que ce sont tous les mêmes, et, entre les deux, ceux comme nous qui croient qu’il faut reconnaître les avancées tout en critiquant les erreurs et les manques  », explique Castillo.

Le mouvement syndical n’a pas de cadres dans le gouvernement du Frente Amplio. Fidèle à sa tradition légendaire, chaque fois qu’un syndicaliste entre dans le système politique, il abandonne naturellement le mouvement. « C’est quelque chose qui ne se discute pas, c’est normal », dit Castillo tout en rappelant que 30 des 51 députés de la gauche sont issus du monde syndical. En somme, l’autonomie fait partie de la culture politico-sociale du pays.

Les coopératives de logement

La Fédération des coopératives de logement par aide mutuelle - la FUCVAM, Federación de Cooperativas de Vivienda por Ayuda Mutua - est le mouvement le plus important et le plus massif après le syndical. Né il y a plus de 30 ans, elle est composée d’environ 500 coopératives qui grâce à l’occupation de terres dans des zones urbaines ont réussi à construire environ 20 mille logements. Elle est fortement en conflit avec le gouvernement actuel puisque les autorités affirment qu’il n’y a pas d’argent pour la construction. En outre, le parlement a adopté, avec les votes de la gauche, une loi qui punit durement les occupations. Les dirigeants de la fédération sont très durs avec le gouvernement.

« Nous sommes face à des gens qui savent gouverner et qui savent comment s’y prendre avec les associations  », dit Daniel de Souza, secrétaire général de la FUCVAM. Ce qui est train de se passer sous un gouvernement de gauche leur paraît déconcertant : « Ce n’est pas une question spontanée. Ces gouvernants ne sont pas nouveaux, ceux qui sont au ministère du Logement gouvernent Montevideo depuis près de vingt ans. » [[3]] Ils devront s’efforcer, au cours des prochains mois, de contrer les nouvelles lois et réglementations qu’ils considèrent comme un « recul au niveau légal » car, dans le cas contraire, les conquêtes du mouvement social seront en péril. En juin, la Justice a condamné à la prison cinq membres de coopératives pour avoir occupé un terrain à Punta del Este [une station balnéaire, ndlr], ce qui est peut être un signe avant-coureur de la nouvelle attitude du gouvernement.

En avril, le Parlement a approuvé une loi qui établit des peines de prison de trois mois à quatre ans pour ceux qui occupent des terres. La surprise est que tout le Frente Amplio a appuyé la nouvelle loi. A la FUCVAM, on est disposé à défier la loi. Le 28 juillet, en compagnie de travailleurs ruraux (les coupeurs de canne à sucre du Nord) qui occupent un terrain de 32 hectares, ils ont réalisé une action à Montevideo et une marche jusqu’au palais de gouvernement. Ils rejettent la loi qui, selon eux, « criminalise » les occupations. Plusieurs dirigeants ont affirmé pour leur part que le gouvernement cherche à « criminaliser la protestation, la capacité de mobilisation des secteurs populaires qui sont, en dernière instance, la seule garantie de faire une quelconque transformation de cette structure si injuste de la richesse ».

Mais le problème de fond cependant ne semble pas être la loi, mais plutôt le modèle économique. La FUCVAM affirme que sur les 14 mille logements promis par le gouvernement, seuls 3 mille seront construits par an au cours de ces cinq années de gouvernements. Si l’on ne change pas le modèle, « l’émigration rurale vers les villes va se poursuivre. Quand ils arrivent ici, ils n’ont pas de travail et sont doublement expulsés vers la périphérie », affirment les coopérants.

Les relations entre les coopérants et le ministère du Logement ne sont pas bonnes, mais elles tendent à empirer. La droite fait pression au parlement. Les critiques de la FUVCAM pointent la politique globale du gouvernement. Ils sentent que la question du logement ne fait pas partie des priorités gouvernementales.

« Quel hasard que nous n’ayons jamais eu de problème avec le ‘répertoire de terres’ [[4]] et qu’en deux ans de gouvernement de gauche, nous ayons dû occuper pour pouvoir avoir des terres », signale De Souza. Depuis 1989, ils ne faisaient plus d’occupations. Mais, ils sentent qu’avec la nouvelle législation, ils ne pourront pas organiser d’occupation et que l’accès aux prêts pour la construction sera chaque fois plus lent.

Il y a une forte similarité avec ce qui se passe dans d’autres pays à la tête desquels on trouve des gouvernements progressistes, comme par exemple la relation entre le Mouvement des Sans terre du Brésil et le gouvernement de Lula. Les critiques contre le gouvernement de Tabaré Vazquez sont formulées aujourd’hui à voix haute. « Ils font comme s’ils dialoguaient, mais ils n’écoutent pas, ils ne cèdent rien  », conclut De Souza.

Les plus récents, les plus autonomes

Ces deux et trois dernières années, ont éclos de nouveaux mouvements composés de jeunes qui n’ont pas été formé dans les grandes organisations comme les mouvement syndical ou étudiant-universitaire. Ils ont pourtant fait preuve d’un grand dynamisme, de beaucoup de créativité et de capacité à mettre leurs combats à une bonne place dans l’agenda national. Je fais référence aux revendications pour la légalisation de l’avortement et aux mobilisations pour la diversité sexuelle.

Il s’agit de mouvements « minoritaires » mais qui sont largement acceptés par la population. Les collectifs de femmes en faveur de l’avortement légal ont dû s’affronter au net refus du président Vazquez et de la majorité masculine du Frente Amplio, au moment de modifier la loi. Malgré cela, des activistes féministes, en alliance avec des législatrices de gauche, ont su défier leurs dirigeants tout en sachant que le président peut mettre son veto à toute décision du parlement qui légalise l’avortement.

Parallèlement, le mouvement pour la diversité sexuelle a conquis des espaces et est formé aujourd’hui d’un réseau de groupes de base essentiellement composés de jeunes. Déterminés à ne pas rester enfermés dans les territoires culturels des groupes gays et lesbiens, ils ont tissé des alliances avec les femmes qui luttent pour la légalisation de l’avortement et ont même obtenu le soutien de la central syndicale et d’autres mouvements « traditionnels ». Ils mettent à nu les inconséquences du gouvernement : « Un gouvernement qui se dit progressiste doit créer les conditions pour garantir le respect des droits humains de tous ses habitants. Un gouvernement progressiste peut avoir des marges d’action plus ou moins limitées en matière économique, financière et de production. Maintenant, dans le domaine culturel, il faut reconnaître qu’il y a une diversité des gens en matières sexuelle, religieuse et ‘reproductive’. Mais la réforme culturelle est loin d’être à l’agenda », indique le groupe Mujer y Salud (Femme & santé) [[5]].

C’est précisément un tournant qui gagne des adeptes chez les jeunes. Si, sur le terrain économique, il n’y pas d’alternatives – dit le groupe ci-dessus -, parce ce que c’est un pays très petit et très dépendant, dans d’autres domaines, comme les droits humains et les relations sociales et culturelles, il y a bien une alternative et elle dépend de la pression sociale qui sera exercée sur les gouvernants. En d’autres mots, le conservatisme de la gauche commence à se lézarder par la veine culturelle, là où il n’y a aucune excuse valide parce qu’il s’agit simplement de discrimination.

Ces nouveaux mouvements, erronément qualifiés de minoritaires, brisent plusieurs digues idéologiques comme celle qui dit que critiquer un gouvernement de gauche, c’est faire le jeu de la droite. Ils brandissent des sondages qui affirment que 63% des Uruguayens sont pour la dépénalisation de l’avortement, dans un contexte dans lequel la population comprend que seules les classes moyennes hautes peuvent accéder à un avortement réalisé en toute sécurité. Dans ce secteur, les arguments de type idéologique traditionnel ont peu d’incidence et ses activistes se sentent beaucoup plus libres au moment d’affronter le gouvernement de centre gauche.

Les écologistes sont un autre secteur qui a démontré son autonomie face à l’État. Leur combat principal est leur opposition au modèle forestier [la monoculture d’arbres destinés notamment à la production de cellulose, ndlr] et aux usines de cellulose, particulièrement contre l’entreprise finlandaise Botnia qui commencera à produire avant la fin de l’année. Toutefois, deux événements ont perturbé le mouvement. D’un côté, le conflit avec l’Argentine à partir des blocages du pont international entre la ville uruguayenne de Fray Bentos et la ville argentine de Gualeguaychu a détourné le débat sur le modèle forestier et la production de cellulose vers des questions de nationalisme qui ont profité au gouvernement. D’un autre côté, les ONG de défense de l’environnement ont joué un rôle très important mais font de l’ombre au mouvement de base, c’est-à-dire au vrai mouvement social. En tout cas, l’écologisme uruguayen continue d’être très isolé et pourra bientôt lever la tête une fois terminé le long litige avec l’Argentine.

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On peut affirmer en gros que les mouvements sociaux uruguayens sont en train de sortir d’une période de faiblesse qui a coïncidé avec l’essor du modèle néolibéral. Dans les prochains mois sera convoqué le IIe Congrès du peuple, une instance qui permettra de faire converger tous les mouvements, des syndicats et des organisations les plus institutionnalisées aux mouvements les plus locaux et dispersés. Le premier Congrès du peuple s’est tenu il y a 42 ans, en 1965. Il eut deux effets notables : il réunit 700 organisations sociales qui débattirent d’un programme de changements repris intégralement quelques années plus tard par le Frente Amplio lors de sa création en 1971. En second lieu, le Congrès du peuple joua un rôle déterminant dans la création de la Convention Nationale des Travailleurs (CNT), la centrale unitaire qui depuis lors a marqué l’histoire du pays.

Le 13 septembre dernier, plusieurs organisations ont lancé la proposition d’organiser le second Congrès du peuple ; parmi elles, le PIT-CNCT, la FUVCAM, la FEUU (les étudiants universitaires) et l’organisation des pensionnés. Selon l’appel de ces organisations, le Congrès doit chercher « à contribuer à la formation d’un bloc démocratique radical qui écarte l’actuel bloc dominant, en luttant pour approfondir le processus de changements » ouvert le 1er mars 2005 quand Tabaré Vazquez est devenu président. Les promoteurs du Congrès s’opposent aux monocultures forestières, estiment nécessaire que le « peuple organisé » participe au gouvernement national et à la gestion municipale et conclue qu’ « aucun gouvernement ne pourra gouverner, réaliser des changements et les approfondir sans nous ». De cette manière, les mouvements se préparent pour livrer une bataille décisive pour disputer aux forces néolibérales l’avenir immédiat de l’Uruguay.

Artículo publicado en español en América Latina en Movimiento, No. 424-5, ALAI, octobre 2007.

Traduction : Frédéric Lévêque, pour le RISAL (http://risal.collectifs.net/).



[1] Je fais ici référence à la Communauté Sud-Américaine des Nations (CSN) impulsée par le Brésil et à l’Alternative Bolivarienne des Amériques (ALBA) proposée par le gouvernement du Venezuela.

[2] [NDLR] Depuis de nombreux mois, de fortes tensions ont marqué les relations entre l’Argentine et l’Uruguay, deux pays dirigés par des présidents - Nestor Kirchner et Tabaré Vazquez - que l’on dit pourtant proches idéologiquement.
En cause, la volonté du gouvernement uruguayen de construire deux grandes usines de fabrication de cellulose sur les rives du fleuve Uruguay, un cours d’eau binational servant de frontière entre les deux pays. Cet investissement de la finlandaise Botnia et de l’espagnole Ence s’élève à environ 1,7 milliards de dollars, le plus gros investissement étranger en Uruguay. D’après les Argentins, ces entreprises pourraient polluer le fleuve. Le conflit, qui dure depuis plus de trois ans, a atteint de telles proportions qu’il a fait trembler le Mercosur. De plus, le gouvernement argentin a porté l’affaire devant la Cour internationale de justice de La Haye.
Voi
r notre dossier « 
La guerre du papier ».

[3] Brecha, 10 août 2007.

[4] Le second bond en avant du mouvement eut lieu en 1989. C’était une année électorale et la pression pour le logement avait été retardée par la dictature (1973-1985), au point qu’au début de cette décennie, les installations urbaines illégales se sont multipliées. Y vivaient sans emploi et immigrants ruraux. En juillet de cette année-là, après une assemblée massive, quatre coopératives occupèrent trois terrains. En novembre, Tabaré Vazquez gagna les élections à Montevideo [capitale de l’Uruguay, ndlr] et créa un ‘répertoire de terres’ publiques qui commencèrent à être négociées avec le mouvement des coopératives.

[5] Brecha, 28 septembre 2007.

https://www.alainet.org/fr/articulo/124645?language=en
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