Présent et futur du Forum social mondial

02/02/2009
  • Español
  • English
  • Français
  • Deutsch
  • Português
  • Opinión
-A +A

Belém de Pará

Avec des forces rénovées, le FSM commence à regarder vers le futur. Bien que le Conseil international (structuration de coordination) devra, ces prochains mois, décider du lieu de la prochaine session en 2011, les alternatives semblent claires. « Nous sommes convaincus que nous organiserons à nouveau la prochaine session en Afrique », nous a déclaré Taoufik Ben Abdallah (Sénégal), représentant du Forum social africain à Belém. Ben Abdallah prévoit que le choix se dessinera entre le Sénégal et l'Afrique du Sud, deux pays qui ont déjà posé leur candidature. « Néanmoins, nous savons qu'il y aura d'autres propositions ».

Un autre secteur – les membres brésiliens du Conseil international – n'exclut pas la possibilité d'une session du FSM aux Etats-Unis, si possible dans une région de la frontière sud. « Nous devons réfléchir sérieusement si cette option (qui serait en soi une innovation) est viable ou non », souligne Francisco « Chico » Whitaker, membre de ce Conseil.

Ces deux options reposent sur un bilan positif de la session de Belém. Cândido Grzybowski, membre actif du comité d'organisation (et l'un des fondateurs du FSM) a donné des chiffres significatifs lors du bilan final : 133.000 participant-e-s en provenance de 142 pays ; 2.300 activités (toutefois, ce chiffre n'inclut pas celles qui n'ont finalement pas eu lieu…), organisées par 5808 entités inscrites : dont 4200 d'Amérique latine, un peu moins de 500 d'Europe et de 500 d'Afrique.

La participation européenne relativement faible à cette session « correspond à une situation très difficile que nous vivons sur ce continent », relève Raffaella Bollini, dirigeante de ARCI (l'une des plus grandes organisations culturelles italiennes) et représentante du Forum social européen à Belém.

« Nous sommes plongés dans une crise non seulement sociale, mais aussi culturelle. Nous sommes conditionnés par une pensée d'accumulation, de croissance, de mystification du marché, complètement déconnectée de la nature, sans capacité d'en sortir. Dans ce cadre, la résistance des mouvements sociaux n'affronte pas seulement les politiques gouvernementales, mais aussi une bonne partie de la gauche politique, fille de ce paradigme mercantile », explique Rafaella Bollini.

Pour elle, les alternatives européennes et celles du sud doivent se créer en commun entre les acteurs sociaux de toute la planète. « Belém a été un exemple très opportun de cette recherche », résume-t-elle, en soulignant l'importance de l'Assemblée des assemblées, qui a clôt le FSM.

Dimanche après-midi, 22 assemblées sectorielles ont présenté dans un plénum en plein air (menacé au début par une pluie torrentielle) leurs conclusions. Des peuples originaires de l'Amazonie aux groupes descendant d'Africains victimes de la traite, en passant par les secteurs qui avaient travaillé les thèmes des crises financière et écologique ou analysé ceux des moyens d'information et de la lutte idéologique.
A propos de la crise financière, quelques propositions tendent à exiger des Etats d'investir dans la promotion du bien public commun les sommes consacrées aujourd'hui au sauvetage du système bancaire, ainsi qu'une meilleure démocratisation des institutions onusiennes et financières internationales et une solidarité interrégionale plus active.

Pour les journalistes et les communicateurs sociaux, le défi passe par un meilleur contrôle citoyen des médias (Observatoires de l'information), par le développement des médias alternatifs et communautaires, par l'affrontement à la frontière digitale, vers un « Internet gratuit pour tous ».

Pour leur part, les peuples indigènes estiment que la lutte pour la terre et les territoires est un point essentiel de leur revendication quotidienne. Tout comme le combat contre les grandes multinationales d'extraction et de bio-carburants, afin de contester radicalement le modèle actuel de développement, « en s'affrontant à la vision de surconsommation du Nord et des élites du Sud ».

Belém a signifié un pas en avant dans les propositions des mouvements sociaux. Ces prochaines semaines, les cahiers de propositions et les agendas des différents acteurs seront diffusés. Néanmoins, l'exercice a déjà commencé, le dimanche 1er février, au FSM.

(Traduit de l'espagnol : H.P. Renk)

https://www.alainet.org/pt/node/132127
Subscrever America Latina en Movimiento - RSS