la guerre de l'eau

30/09/2002
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Des représentants de plus de 300 organisations de la société civile et des personnalités des cinq continents se sont regroupés pour demander la participation publique à l'arbitrage du cas bolivien dénommé « la guerre de l'eau », qui oppose la compagnie Bechtel Enterprise/Aguas del Tunari à l'Etat bolivien. Bechtel a réclamé à la République de Bolivie 25 millions de dollars, en compensation du retrait de sa concession sur l'eau. Le Centre international de réglement des différends relatifs aux investissements (CIRDI), qui fait partie de la Banque mondiale, sera chargé de résoudre le cas et un comité d'arbitrage sera formé. Il s'agit d'un cas assez connu au niveau mondial, parce qu'il a mis en évidence les risques que de nombreux pays latino-américains pourraient courir dans le futur, du fait des propositions contenues dans le projet de Zone de libre échange des Amériques (ZLEA). L'histoire du cas « Bechtel versus Bolivie » a commencé en 1999, lorsque le gouvernement bolivien a lancé un appel d'offres public pour la concession privée de la gestion de l'eau de Cochabamba, troisième ville de Bolivie. Après l'appel d'offres auquel n'a répondu qu'un seul groupe, un contrat de concession de 40 ans a été signé avec Aguas del Tanari, une filiale de Bechtel Enterprise de Californie créée pour l'occasion. Une semaine après que la gestion de l'eau ait changé de mains, la compagnie a augmenté les prix de l'eau de 50 % en moyenne. Des familles qui vivent avec le salaire minimum d'environ 60 dollars par mois (et bien souvent avec moins) ont été obligées de consacrer jusqu'à 25 % du total de leurs revenus au seul maintien du service de l'eau. Finalement, la population de Cochabamba a décidé d'organiser des manifestations massives qui ont atteint leur point culminant en avril 2000. Aux fins de protéger le contrat signé avec la compagnie Bechtel, le gouvernement bolivien a pris des mesures dures, telles que la déclaration de l'état de siège, la suspension les droits constitutionnels et la répression des manifestant(e)s. Non obstant, le gouvernement n'a pas réussi à endiguer les protestations et a dû finalement modifier la Loi 2029, mettant ainsi un terme au contrat de la société Bechtel. La demande de compensation Les dirigeants de Bechtel/Aguas del Tunari ont quitté la Bolivie, mais peu après ils ont présenté une demande de 25 millions de dollars au gouvernement bolivien. Pour justifier sa demande, l'entreprise a argumenté que, par son origine hollandaise, elle était protégée par le Traité bilatéral sur les investissements entre la Hollande et la Bolivie, de 1992. Il paraît cependant évident que Bechtel/Aguas del Tunari n'a transféré son enregistrement en Hollande qu'après la signature du contrat de concession avec la Bolivie. De la même façon, quelques organisations boliviennes ont manifesté leur mécontentement vis-à-vis des directeurs de la Banque mondiale, considérant que certains d'entre eux ont pris parti en justifiant la hausse des prix de l'eau appliquée par la compagnie Bechtel/Aguas del Tunari ou en déclarant que la hausse n'était pas si grande. Face à cette demande de compensation, de nombreuses organisations de la société civile de Bolivie et d'autres pays demandent que le Tribunal accepte la participation des individus, des leaders de la société civile et des organisations concernés. Elles disent que cette participation est essentielle pour une solution légitime du conflit. De plus, elles demandent que soient rendus publics tous les documents présentés au tribunal de façon à garantir un contrôle public adéquat des demandes et des affirmations des deux parties. Elles demandent également que les membres du tribunal se déplacent en Bolivie pour recueillir des témoignages publics et que les audiences soient entièrement ouvertes au public. « Tout comme la Guerre de l'Eau est un symbole des conflits sur la privatisation -dit Tom Kruse, chercheur au Centro de Estudios para el Desarrollo Laboral y Agrario de La Paz- le recours de Bechtel contre la Bolivie est un symbole de comment les règles du commerce et de l'investissement internationaux -qui permettent et protègent ce type de recours- érodent la souveraineté et placent les bénéfices des multinationales au-dessus des besoins des pays et de la démocratie. » Texte publié en espagnol dans la revue América Latina en Movimientos, n° 359, 1er octobre 2002, Quito, Equateur. Traduit de l'espagnol par ALAI.
https://www.alainet.org/de/node/108184?language=en
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