Inde, féminisme et changement social
16/01/2004
- Opinión
Du 11 au 31 janvier, les Pénélopes se rendent en Inde pour
participer au 4e Forum social mondial à Bombay, du 16 au 21, mais
aussi à de multiples autres activités. Ce voyage présente de réels
enjeux, qu'en tant que féministes, nous ne pouvions pas nous
permettre de négliger : sortir de l'économique pur, pour croiser
l'identitaire, afin de mieux analyser encore, les effets pervers du
capitalisme.
Aller en Inde… un trip exotique ? un défi ? une routine ? de la
curiosité ? sans doute, un peu de tout ça. C'est ce savant mélange
qui a en effet décidé Les Pénélopes à reprendre l'avion pour la 4e
fois, pour se rendre au Forum social mondial. Mais, cette fois, les
enjeux se renforcent. Tout d'abord, comme depuis le premier en 2001
à Porto Alegre au Brésil, notre principal défi consiste à apporter
une perspective féministe à l'altermondialisation, tant auprès des
mouvements sociaux, environnementalistes et pour les droits humains,
que les autres. Les trois premières éditions nous ont beaucoup fait
souffrir, la seule évolution constatée résidant dans l'attention « à
ne pas avoir que des hommes aux tribunes ». Position pour le moins
minimaliste. Or, cette édition, justement parce qu'elle est
indienne, consacre un axe de travail entier au patriarcat. Quel
bonheur ! quelle magie ! De plus, elle est précédée par deux jours
consacrés au féminisme, en noir dans le texte. Un grand changement
qui va sans doute bouleversé les a priori des altermondialistes
européens. Du moins, espérons-le !
TGV vers la démocratisation des forums
Ensuite, ces Forums nous ont toujours interrogées sur leurs
composantes et plus précisément sur la participation des populations
locales. Force est de constater, que depuis le début, les habitant-
es des villes où cela se produit ne sont guère au courant, voire pas
concerné-es. Il en est de même pour bon nombre d'organisations ou de
personnes venant de pays « oubliés ». Afrique, Europe Centrale et de
l'Est, Asie justement. Nous continuons donc notre imperturbable
mission de démocratisation des forums, d'élargissement social et
géographique – comme on le dit depuis le 2e Forum social européen –
en donnant la possibilité à sept de nos partenaires de participer
activement au débat. Elles viennent de quatre continents. Jivka
Marinova de Bulgarie, Mirjana Docmanovic de Serbie-Montenegro,
Marie-Jeanne Bumanji de la République démocratique du Congo, Debora
Tagne du Cameroun, Claudia Prates du Brésil, Cristina Zepeda du
Méxique et Nathasha Le Roux de France. Toutes font partie
d'organisations de base ou/et féministes. Elles participeront à de
nombreux ateliers et/ou séminaires, dont ceux du Crid (coalition
française d'Ong de solidarité internationale) dont nous sommes
membres mais aussi les nôtres. Au programme, un atelier sur
« nationalisme, culture de paix, contre la politique de 'sécurité' »
où il s'agira de faire le lien entre politiques de paix, conflits
armés, militarisme, économie, politiques d'exclusion, nationalisme,
colonialisme et impérialisme et de déterminer quelques pistes
d'actions et de mobilisation. Un second atelier intitulé « Réseau
international femmes et economie solidaire : les avancées », afin de
rendre compte des avancées et des activités du réseau, d'identifier
les facteurs de réussite développés par les structures de base pour
surmonter les obstacles rencontrés et les mettre en commun au niveau
international. Enfin le troisième et dernier traitera de « Regards
croisés sur le féminisme : Asie, Europe de l'Est et Centrale,
Afrique » afin de répondre aux questions « qu est-ce que le
féminisme aujourd'hui ? ses analyses, ses pratiques, les échanges qu
il produit, la dynamique de changement social qu il engendre ? », de
développer un réseau féministe international et d'ancrer cette
dynamique de changement social au sein des mouvements.
De l'économistique aux nationalismes
Puis, il s'agit pour nous de continuer le processus entamé au Forum
social mondial dernier en novembre 2003 à St-Denis/Bobigny/Paris en
France. En particulier, il s'agit de mettre en avant les points de
vue des pays d'Europe centrale et orientale mais aussi du Maghreb
sur les effets néfastes du libéralisme sur leur société, certes en
termes économisitiques, comme le rétrécissement complet du marché du
travail pour les femmes mais aussi les privatisations massives,
supprimant toute notion de service public, mais également en regard
à la montée des identitarismes, nationalismes, communautarismes,
fondamentalismes et autres « ismes » ravageurs, par leurs idéologies
mais aussi par leurs actions. La montée des nationalismes en Europe
n'est un secret pour personne, mais quel glissement s'opère-t-il
tranquillement de l'économique au social, du social au religieux ou
ethnique ? Comment les féministes résistent-elles à une telle
pression ? Comment élaborer une réponse commune ? Comment toucher
l'opinion publique sur ces réels dangers ?
Elargir notre réseau
Evidemment, pour Les Pénélopes, Bombay représente immanquablement
l'occasion de s'ouvrir davantage à l'Asie et en particulier à
l'Inde. Nous travaillons donc sur place conjointement avec des
homologues philippines, indiennes et nous rencontrons sur place des
groupes de base porteurs d'économie populaire, afin d'en rendre
compte à notre retour.
Mis bout à bout, ces enjeux et engagements nous permettent
d'organiser une réunion de travail du Réseau international femmes et
économie solidaire, puisque plus de sept de ses représentantes
seront présentes et que d'autres groupes d'Inde ne manqueront pas de
nous rejoindre. Cette rencontre se tiendra le 22 janvier 2004, au
lendemain des festivités globales. Il s'agira alors d'échanger sur
les différentes activités, les nouveautés, de croiser des
partenaires comme le Réseau intercontinental de promotion de
l'économie solidaire (Ripess), mais surtout de jeter les bases d'un
plan d'action pour 2004 afin de faire émerger les facteurs de
richesse développées par ces structures de femmes dans aujourd'hui
plus de 25 pays dans le monde.
Communiquer autrement, toujours
Et puis, parce que c'est aujourd'hui un pléonasme, nous continuerons
à assurer une communication populaire, en participant à une
couverture media commune avec divers medias indépendants comme la
ciranda.net, mais aussi des médias locaux comme Diverse women for
diversity et Isis-Manille mais aussi le Forum social d'Afrique du
Sud. Ces articles rendant compte de l'événement, de ses contexte,
environnement et ambiance, permettront à tou-tes celles et ceux qui
ne peuvent pas participer de rester informé-es. Ils seront lisibles
tous les jours et en trois langues sur penelopes.org.
Que le féminisme traverse les esprits des altermondialistes et qu'il
ancre en eux les bases d'un réel changement social ! A bon
entendeur…
http://www.penelopes.org/xarticle.php3?id_article=4397
https://www.alainet.org/de/node/109131?language=en
Del mismo autor
- Un autre monde numérique est possible 18/12/2020
- Zoom : « un empire invisible » 25/11/2020
- Brésil, Espagne, France ou le retour de la banalité du mal 15/01/2019
- Inde, féminisme et changement social 16/01/2004
- Ideología y mercado: romper con las obviedades 22/05/2002
FSM
- Sergio Ferrari 10/02/2021
- Sergio Ferrari 10/02/2021
- Sergio Ferrari 08/02/2021
- Celeste Serra 02/02/2021
- Sergio Ferrari 01/02/2021