Concilier l’inconciliable ?

31/07/2008
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Concilier l’inconciliable semble impossible . Si la synthèse (thèse antithèse) peut se réaliser lorsque les éléments d’un domaine particulier ne sont que contraires , elle semble illusoire lorsque ces éléments sont antagoniques.

 

Or, il est évident que le néocolonialisme économique enfoncé dans la gorge du peuple haïtien dès 1915 et renforcé sans relâche avec ses monstrueuses tentacules, la privatisation et la globalisation, par les gouvernements haïtiens et l’étranger à partir surtout de 1971, a finalement causé les fameuses récentes émeutes de la faim. Ainsi que le départ du gouvernement Alexis en collusion avec Préval pour le maintien de cette politique responsable en premier lieu de la destruction de la production nationale, de l’invasion des produits étrangers importés et d’une écologie qui voit le tarissement des rivières et cours d’eau , le déboisement affolant de nos mornes.

 

Les masses haïtiennes, « à genoux et la corde (du lynchage) au cou » crient « assez ou nous cassons tout. » Une telle politique et une politique de renaissance nationale à partir de la renaissance des régions rurales sont évidemment antagoniques. Des organisations populaires comprennent parfaitement cet antagonisme et offrent une solution radicale : « fòk nouvo gouvènman prezante yon plan dijans ki pral konbat plan neyoliberal la k ap fini ak pèp ayisyen an » (COASHI Yves Pierre-Louis In Haïti Liberté, 16-22 juillet 2008).

 

En fait, Michèle Duvivier Pierres-Louis, si elle est reconnue éligible également par le Sénat, devra confronter le dilemme de la conciliation de l’inconciliable qu’elle s’est créé.

 

En effet, en deux occasions différentes elle a annoncé d’une part son intention de poursuivre le projet de recouvrement économique d’Alexis, dicté par les Institutions internationales, c’est-à-dire le néolibéralisme économique en cours, et d’autre part l’adoption d’une revitalisation économique en faveur de l’intérêt national. En somme, un véritable mât de cocagne appelé « mat suifé » en Haïti. Il est vrai qu’un escaladeur habile et tenace s’aidant de terre et de cendre arrive parfois à cueillir le prix attaché au sommet.

 

Nous croyons cependant que le dilemme du Premier ministre désigné est plus compliqué et plus sérieux. C’est ici que se pose sans ambages la nécessité de l’inversion de la vapeur économique et du rôle historique que peut jouer l’Assemblée Nationale en forçant tout Premier ministre éligible à la mise à mort, sans tambour ni trompette, de tout vestige du néolibéralisme, sous quelle que forme qu’il se présente.

 

Dans le cas de Michèle Duvivier Pierre-Louis exiger qu’elle étende sur une grande échelle, à l’échelle nationale, le programme que FOKAL ne cesse de promouvoir depuis sa fondation. Une telle unité de vision et de construction collective du nouveau gouvernement et du parlement, appuyée par les organisations populaires qui la préconisent, par les syndicats, les institutions progressistes et toux ceux qui désirent un vrai changement de la politique économique du pays, ferait luire l’espoir d’une véritable volonté nationale prête à tous les sacrifices pour ensemble sauver Haïti.

 

- Franck Laraque est Professeur émérite, City College, New York

Source: http://www.alterpresse.org/spip.php?article7532

https://www.alainet.org/fr/active/25554?language=es
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