Martinique: Agir pour une vie meilleure

28/04/2010
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« Le pot de terre ne peut lutter contre le pot de fer !» « Ravet pa ni rézon douvan poul ! »* Voilà deux proverbes qui résument bien le sentiment dominant qui habite la population. L'idée que cela ne sert à rien de lutter, qu'on ne gagnera jamais dans les combats qu'on mène contre le système, est bien ancrée dans l'opinion populaire. Comment s'en étonner ? L'histoire enseignée encense les grandes figures des classes dominantes, cultivant le mythe des sauveurs suprêmes, et cache totalement les épopées populaires. Ou, plutôt, elle met celles-ci en lumière lorsque les rêves ont été écrasés (Comme avec la Commune de Paris). Les médias aux ordres sont, en règle générale, muets sur les efforts d'organisations de la population et sur la portée de ses victoires syndicales ou autres. Les films, les séries télévisées font rêver avec les succès individuels d'un pauvre qui a réussi dans la vie ; mais c'est quand la « Fille du jardinier » a pu épouser le riche héritier ou quand un jeune courageux a pu s'imposer contre les manœuvres déloyales d'individus qui lui barraient la route dans un système qui, soi-disant, donnerait sa chance à tous !

         Et pourtant, dans le quotidien et tout au long de l'histoire, les peuples ont fait montre d'une ingéniosité et d'un courage admirables pour s'opposer à la domination et aux abus des classes dominantes, contraignant celles-ci à reculer dans bien des domaines. Les combats individuels que mènent, pour survivre, les victimes du système contre ses injustices et ses barrières sont souvent empreints d'héroïsme et couronnés de succès. La grandeur humaine et les progrès sociaux sont le fruit de cet affrontement incessant. Oui, chaque jour, sur la surface de la planète, les peuples réalisent des exploits, les travailleurs remportent des victoires et des actes de solidarité humaine justifient l'espérance. Mais sur cela, les médias aux ordres font un silence total, pour cultiver l'angoisse et le désespoir, écrasant le monde de toutes les informations scabreuses qu'ils peuvent glaner.

          Eh bien ! La première chaîne qu'il convient de briser pour être en mesure d'agir pour une vie meilleure, est celle qui paralyse les esprits. Se réapproprier la véritable histoire et les victoires populaires, reprendre confiance en soi, se purger du « syndrome de Lynch* »: ce sont là les premières clés d'un engagement personnel et collectif porteur de véritable épanouissement. Nous avons déjà montré que, sans une compréhension valable de la politique, on ne sera jamais en mesure de transformer le monde. Il faut ajouter, maintenant, que si l'on dispose de la terre la plus fertile qui soit et d'outils solides pour le labourage et puis qu'on reste bras croisés en espérant que le Saint- Esprit se mette au travail, on attendra indéfiniment la récolte ! C'est la responsabilité de chacun qui est interpelée aujourd'hui. Face au rouleau compresseur des classes dominantes qui écrase toutes les conquêtes sociales, qui s'attaque à toutes les libertés individuelles et collectives et qui met la planète elle-même en danger, chacun d'entre nous a le devoir impérieux de s'engager pour améliorer la situation. La qualité de sa propre vie en dépend ; le maintien du tissu social en dépend ; l'avenir même de l'humanité en dépend. Nous avons déjà montré qu'il y a nécessité de surmonter la grande méfiance propagée quant à l'engagement politique. Heureusement, beaucoup de gens semblent plus motivés par  « l'engagement citoyen ». En tout état de cause, puisqu'il s'agit de lutter pour une vie meilleure et, au bout du compte, de « changer le monde », convenons qu'il est indispensable d'approfondir cette notion d'engagement. De quelle forme d'engagement s'agit-il ? Quels objectifs sont visés ? Quels moyens mettre en œuvre pour atteindre ceux-ci ? Parler d'engagement, ici, évoque l'idée de prendre une décision, de « donner sa parole », de se lier par un contrat moral. Et c'est bien de cela qu'il s'agit : « Ki disposozisyion nou ka pran épi ko-nou, épi sa ki alantou-nou? Ki mannyiè nou ka mennen bak-nou pou nou sa alé douvan ? »*

REPRENDRE EN MAINS LA DIRECTION DE SA PROPRE VIE

 Le premier effort d'engagement, celui qui conditionne tous les autres et qui est, croyons le, à la portée de chacun d'entre nous, consiste à travailler à reprendre en main la direction de sa propre vie. Cela signifie : s'émanciper mentalement et reconquérir son libre arbitre, sortir du cercle vicieux de la déchéance, de l'autodénigrement, de la déshumanisation, briser le carcan de l'aliénation et changer en mieux ses comportements quotidiens. Il s'agit, désormais, de ne plus agir sous la télécommande des profiteurs du système.

A propos des objectifs que nous nous donnons dans la vie

 Les classes dominantes sont parvenues à donner à la grande majorité des individus une image dévalorisée d'eux-mêmes. Dans le même temps, au travers de leur littérature, de leurs films (etc.), ils ont propagé des modèles que chacun est censé imiter pour espérer avoir de la considération sociale ou se sentir « bien dans sa peau ». Cependant, la réalité cruelle du système est que, dans les faits, bien peu sont autorisés à gravir les barreaux de l'échelle. De là naissent les frustrations et le mal-être, l'endettement et toutes sortes de difficultés matérielles pour l'immense majorité. Là, doit se mener la première « lutte de libération » qui nous conduira sur le chemin du mieux-vivre. Reconquérir la fierté de ce que nous sommes. Ne plus penser notre épanouissement à travers la singerie des modèles qu'ils nous offrent. Au placard les stars et le relooking! Nos objectifs devraient plutôt être de réunir des conditions pour une vie équilibrée et décente pour notre famille, d'atteindre l'épanouissement intellectuel et culturel ainsi qu'une saine intégration dans un tissu social ré-humanisée. Admettons-le une fois pour toutes: on ne pourra y parvenir qu'au prix d'un véritable engagement. Se poser quotidiennement la question de ce qui contribue réellement à l'épanouissement humain, décider de ses actions en s'appuyant chaque fois sur les objectifs évoqués plus haut, voici ce qui nous permettra de reprendre notre vie en main. Bien sûr, un tel effort n'est pas évident à faire pour tous. Mais, comment peut-on reprocher aux autre de ne rien faire pour soi, quand, soi-même, on n'essaie pas de se prendre en main ? En observant son entourage, on pourra se rendre compte que de nombreuses personnes, se trouvant dans des difficultés analogues aux nôtres, quand elles n'ont pas baissé les bras, sont parvenues à remonter la pente! Et puis, si nous apprenons à regarder autour de nous, débarrassés des méfiances inculquées pour nous diviser, nous verrons qu'existent les possibilités d'être efficacement aidé par des tiers dans ce cheminement. Plus encore, nous réaliserons que nous avons la capacité d'aider les autres.

A propos de nos relations avec les autres

Voila, justement, le deuxième effort dans lequel il convient de s'engager : humaniser les relations sociales, rechercher la cohésion dans le respect mutuel, au sein de notre famille, au sein de notre quartier, bref dans toutes les sphères de notre existence.

 Au haut de l'échelle, malgré leurs plus vives contradictions d'intérêt, les ennemis s'unissent comme les doigts de la main pour opprimer les peuples. S'ils doivent s'affronter c'est, par procuration, en jetant les couches populaires et les pays qu'ils dominent les uns contre les autres. Plus nous apprendrons à résoudre les contradictions au sein du peuple par de saines discussions, plus nous extirperons des esprits les intolérances et les racismes nés de l'ignorance ou de la désinformation semée par les classes dominantes dans le but de « diviser pour régner », plus nous mobiliserons de forces pour affronter le système et améliorer la vie.   Nous en revenons à la nécessité de se former pour comprendre les comportements négatifs auxquels nous sommes confrontés tant chez les autres qu'à notre propre niveau. Ceci implique la nécessité de développer notre esprit critique face aux messages que nous servent les médias, (Désinformations,  feuilletons, etc.) ainsi que notre vigilance pour ne plus être les relais de la propagande et des idées réactionnaires que développent les classes dominantes. (Blagues sexistes, informations truquées sur les pays anti-impérialistes, etc.) Forts, alors, de cette compréhension et de cette vigilance, il s'agit de s'engager dans le combat quotidien pour rendre nos comportements plus positifs, plus respectueux de nous-mêmes et des autres, pour résoudre plus sereinement les contradictions et reconstruire un tissu social plus humanisé.

A propos de l'acte de consommation

La consommation, c'est bien l'un des domaines où nous sommes le plus aliénés, manipulés et exploités. Paradoxalement, c'est là que réside la plus grande opportunité de combattre le système et de reprendre notre vie en main. Lors de la grande grève de 2009, des milliers de gens ont pu témoigner qu'ils avaient vécu, en dépit des « privations » liées au blocage des grandes surfaces commerciales, des moments de BONHEUR en redécouvrant des pratiques de consommation s'appuyant sur la production locale et sur le partage. D'ailleurs, quoiqu'on en dise, les comportements ont évolué positivement depuis. Chacun gagnerait à mener un combat quotidien pour éviter tout acte d'achat qui privilégie le superficiel sur le nécessaire, qui est induit par la publicité ou par la recherche d'une valorisation factice. Une réflexion lucide sur l'utilité réelle de ce qui nous entoure et que nous nous sommes parfois endettés pour posséder, nous révélera sûrement que nous avons parfois sacrifié à tort des dépenses qui auraient été plus utiles à notre émancipation humaine.

Mais puisqu'il s'agit d'abattre un système déshumanisant qui nous nuit, nous devons réaliser que la généralisation d'une « consommation » responsable serait un coup puissant contre le pillage par les capitalistes (contre sa folie productiviste et ses pratiques de manipulation), qu'elle serait un début de réponse portée au problème des déchets ménagers et de la pollution et que cela contribuerait effectivement à l'amélioration de la qualité de notre vie.


AGIR POUR LE BIEN COLLECTIF

On parle facilement de « chaîne alimentaire » ou d'écosystème pour appeler à préserver telle ou telle espèce de plante ou d'animal. Assez curieusement on évoque très peu la nécessité que chaque être humain puisse vivre pour garantir la survie de l'humanité. Il faut prendre conscience que l'action pour le bien-être collectif des êtres humains est une condition incontournable pour le bien-être de chacun en particulier. Qui peut se prétendre à l'abri des effets de la politique des capitalistes ? (Pensons aux crises internationales récentes.) Qui est assuré de ne pas subir les agressions générées par la misère et le mal-être qui frappent de larges couches de la population ? En se désintéressant de l'action citoyenne, en se contentant de dénoncer « les jeunes qui ne respectent plus rien » sans chercher à comprendre leur désarroi, espère-t-on arrêter la dégradation de la situation ? Inversement, en rejoignant ceux qui s'impliquent déjà courageusement dans l'action associative pour prévenir les dérives sociales ou y remédier, qui agissent dans la solidarité humanitaire, n'est-il pas évident qu'on contribuera à améliorer la vie? Les domaines les plus divers appellent l'engagement de tous, et chacun, en fonction de ses centres d'intérêts, peut participer à l'effort collectif (animer des associations sportives, culturelles, etc.)

A ce stade, il convient de démystifier la hiérarchisation des valeurs que certains se plaisent à établir entre l'engagement associatif et l'engagement politique. Car, en bien des domaines, l'action concrète des bénévoles dans le milieu associatif se révèle cent fois plus « révolutionnaire » que les imprécations de « badjolès* » politiques donneurs de leçon. Mais il faut, également, insister sur le fait qu'une solide compréhension de la chose politique est indispensable pour que l'action dans le milieu associatif, ne consiste pas à « chayé dlo an pannyié * », pour que, sans le savoir, on ne serve de faire valoir ou de marchepied à des politiciens opportunistes agissant dans l'ombre. (Au fait, sait-on suffisamment que certaines organisations humanitaires sont utilisées à des fins d'espionnages par les gouvernements impérialistes.) En réalité, s'investir dans l'action sociale pour rendre la vie meilleure c'est une façon de s'investir dans la lutte politique (Au sens défini dans la première partie du texte)

S'INVESTIR SUR LE FRONT POLITIQUE

      En effet, s'investir sur le front politique ne se traduit pas forcément par l'adhésion à un parti politique. Animé d'une juste compréhension de la politique et des priorités d'actions visant à transformer positivement la réalité, on peut choisir de militer dans une association, caritative, culturelle, syndicale, de quartier ou de tout autre type. Le choix d'adhérer ou pas à un parti politique dépend de facteurs très divers. Les contraintes matérielles ou sociales, la disponibilité, la crédibilité ou l'attractivité des partis existants, la lisibilité de leur ligne politique, sont souvent des éléments déterminants à cet égard. Ce qui reste le plus important, c'est la défense des idées positives en tout lieu, la lutte contre les manipulations politiciennes au sein des organisations dans lesquelles on milite, la portée et l'efficacité des actions menées.

    Par contre, l'erreur serait de tomber dans le piège tendu par les classes dominantes, en niant la nécessité et le rôle des partis politiques. Les classes dominantes, elles, consolideront toujours leurs partis politiques, en mettant à leur service leurs médias et leur puissance financière. Sans un (ou des) partis politiques qui les représentent les couches populaires ne disposeront pas d'état major pour organiser la lutte globale et seront évidemment perdantes dans la lutte contre l'exploitation.

Dans notre pays, depuis le début des années 80, les Marxistes-Léninistes, initiateurs du mouvement « Ase Plere An Nou Lite » ont pensé les « Comités populaires », se distinguant de la conception des partis politiques traditionnels occidentaux. Rappelons les 4 axes autour desquels, la population était invitée à se regrouper :

Unir le peuple ; Préparer la souveraineté ; Commencer à résoudre nos problèmes ; Organiser et soutenir les luttes populaires ;

c'est bien pour cela que la priorité d'action des marxistes a été, d'une part, d'impulser la formation et l'éducation de masse à travers une presse indépendante et alternative et, d'autre part, de contribuer à l'organisation du peuple pour que les masses prennent elles-mêmes leurs luttes en main (Comité de grève des travailleurs agricoles 74, syndicats, organisation des occupants des 5O pas* et des anciennes terres d'habitation*, etc.) Il convient de poursuivre dans cette juste direction. Et l'espace des Comités Populaires, au côté d'autres initiatives se développant dans le pays, reste ouvert à tous ceux qui partagent cette vision de la responsabilité collective et de la démocratie directe ; Pour transformer en profondeur le système, la lutte doit continuer contre le mythe des sauveurs suprêmes, contre toutes manœuvres visant à infantiliser les militants politiques et à utiliser les masses populaires pour la réalisation d'objectifs politiciens.

PAS QUESTION D'ATTENDRE « LE GRAND SOIR »

Car ce sont bien les masses populaires conscientes et organisées qui sont garantes de la victoire d'une révolution capable de changer de système.

Quand on entend le mot « REVOLUTION » vient immédiatement à l'esprit l'image colportée par les classes dominantes d'une débauche de violence et de pagaille nuisible à la société. La seule Révolution qui ait grâce à leurs yeux, qui soit honorable, c'est celle qui a porté la bourgeoisie au pouvoir : la Révolution Française. Puisque, désormais, nous entendons comprendre scientifiquement les choses, arrêtons-nous sur cette notion de « Révolution ». Une révolution, c'est, avant tout, un bouleversement qui affecte en profondeur une réalité et qui a pour effet le passage d'un état à un autre fondamentalement différent. Par exemple, la Révolution Française correspond à la substitution du système capitaliste au système féodal qui le précédait ; la Révolution Industrielle a transformé en profondeur le système de production. Des transformations de cette ampleur s'accompagnent forcément de périodes de crise, mais il est abusif d'identifier révolution et violence.

On comprend que l'humanité pour progresser a besoin d'une transformation révolutionnaire de la société. Elle a besoin que le système capitaliste criminel qui prévaut soit remplacé par un système plus juste, plus respectueux de la personne humaine, de l'environnement et de l'intérêt des générations futures. Ce système, nous l'appelons le Socialisme. Les conditions objectives de cette transformation sont de plus en plus présentes. C'est l'action politique consciente des peuples qui permettra la victoire de cette révolution.

Ceci dit, ce serait une erreur d'en conclure qu'il faudrait attendre un « grand soir » où les travailleurs prendraient le pouvoir pour installer un système nouveau dans lequel la vie serait idyllique. C'est bien dans le monde d'aujourd'hui que doit se poursuivre la lutte et se prendre des initiatives pour améliorer la vie, bref, que commence la construction de « l'autre monde possible ».

Certains s'efforcent de répandre des idées défaitistes concernant la grande grève de 2009. Selon eux, celle-ci n'aurait servi à rien. C'est loin d'être une réalité. C'est vrai que les profiteurs sont restés au pouvoir et ont élaboré des stratégies pour annihiler les résultats obtenus en matière de baisse des prix ; Les guerres ne se gagnent jamais en une seule bataille ! Mais, ce qui reste un précieux acquis, c'est que de larges masses ont fait une précieuse expérience de la solidarité et de la résistance économique. Il s'agit aujourd'hui d'aller plus loin. En particulier grâce à une solide compréhension de la chose politique, des enjeux et des stratégies à mettre en place pour avancer encore. Chacun a pu voir comment la détermination et l'unité pouvait constituer un puissant levier dans la lutte contre l'exploitation. Tous ceux qui ont sincèrement à cœur l'intérêt des travailleurs et plus généralement du peuple Martiniquais, doivent poursuivre la tâche et travailler solidairement à préparer de nouvelles offensives contre les « pwofitation ». Les terrains de lutte sont nombreux.

Nous avons parlé plus haut de la nécessité pour chacun de modifier positivement ses comportements en matière de consommation et de relations humaines. Eh bien, l'amélioration concrète de notre vie sera notable dans la mesure où, de façon volontariste, en tant que peuple, nous déciderons de penser collectivement et d'organiser concrètement la transformation positive de la réalité. Il ne suffit plus aujourd'hui de se donner bonne conscience avec quelques actions symboliques. Concrètement, nous pouvons améliorer les choses de façon significative en multipliant les espaces d'échange pour comprendre et agir ensemble, pour trouver des stratégies et organiser les pratiques alternatives, jouer l'émulation et évaluer les progrès. Tous les aspects de la vie peuvent être concernés par cet engagement (éducation, économie, lutte pour la protection de l'environnement, cohésion sociale, etc.) Cela peut se concevoir au niveau de la famille ou du quartier, entre amis, au sein des associations.

Développer une telle dynamique n'a absolument rien d'idéaliste. Dans de nombreux pays d'Amérique Latine ou d'Afrique, de telles démarches sont menées avec succès par des communautés populaires. C'est justement ce genre d'information que cachent les médias du système et qu'Il appartient aux militants de  porter à la connaissance de notre peuple, pour lui prouver que nous sommes loin d'être isolés dans ce beau combat visant à rendre le monde meilleur.

APPLIQUER LA LIGNE DE MASSE

Une chose est sûre : aucune victoire ne peut être significative ou durable, voire même possible, si les masses populaires ne sont pas actrices conscientes de la bataille menée. Certes, les partis-politiques dit d'avant-garde doivent effectivement jouer le rôle d'éclaireurs et de catalyseurs, mais ils seront désespérément impuissants si leur réflexion n'est pas constamment alimentée par la liaison avec les masses, par la connaissance de leur réalité, de leurs revendications. La nécessité de mener des enquêtes approfondies, de favoriser systématiquement l'expression du point de vue des masses doit s'imposer comme règle fondamentale à ceux qui entendent jouer un rôle d'éclaireur. Les gourous qui prétendent détenir la clé de la pensée et pensent avoir reçu la mission d'indiquer les solutions à leurs adeptes sont des obstacles à la transformation révolutionnaire.

Les organisations populaires ont absolument besoin de se doter de responsables. Les circonstances de la vie font que des hommes et des femmes sont appelés à assumer le rôle de dirigeant du fait de compétences particulières. Mais, l'idée que le peuple doive remettre son sort entre les mains d'un sauveur suprême ou d'un quelconque messie est inacceptable et contreproductive si l'on entend vraiment transformer la société. Dans le même ordre d'idée, compter exclusivement sur l'action des élus pour régler les problèmes est totalement illusoire. Ceux qui développent les thèses du style : « cela ne sert à rien d'appeler le peuple à développer une alternative, il faut attendre que nous, élus, contrôlions les institutions politiques » défendent des conceptions réactionnaires favorables au maintien du système en place!

Répétons-le : aucune action n'a de chance d'aboutir si elle ne s'appuie sur LA LIGNE DE MASSE ! Souvent quand une lutte populaire connaît l'échec, par exemple au plan syndical, certains dirigeants brandissent comme explication l'immaturité, voire la lâcheté du peuple. Peut-être qu'en se remettant modestement en cause, ils pourraient réaliser que la faille réside dans leur méconnaissance de la réalité,   dans le fait qu'ils ne savent pas prendre en compte le point de vue des masses ni les impliquer dans la préparation de l'action.

 Ainsi, si nous voulons atteindre nos objectifs en militant dans une organisation populaire, quelle qu'en soit la nature, nous devons penser « collectif » dans l'élaboration des projets, dans la réalisation des actions avec, toujours, pour boussole la recherche du consensus et la prise en compte du rapport de force.

« NOS REVES D'AUJOURD'HUI SERONT LES LOIS DE DEMAIN »

Cet admirable slogan brandi par des manifestants à l'occasion de luttes populaires en Amérique latine nous tiendra lieu de conclusion. Oui, nous rêvons d'un monde meilleur ! En même temps, nous restons extrêmement lucides : Une transformation révolutionnaire de la société ne se fait pas à coup de baguette magique. Nous savons que toute démarche humaine est inévitablement confrontée à des difficultés et à des échecs. Mais nous savons aussi que les plus grands exploits sont réalisables quand on a des convictions solides et quand on sait garder le cap dans la tempête. Alors, luttons solidairement pour construire ce monde plus juste et plus sûr dont l'humanité a besoin.

- Robert SAE, Ancien porte-parole du CNCP (Conseil National des Comités Populaires), Martinique. 

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