2012 : construisons !

03/01/2012
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Leurs gouvernements avaient prétendu, lors des vœux de janvier 2010, avoir pris les dispositions qui mettraient fin à la pagaille financière. Ils avaient garanti que l’acceptation de sacrifices - par ceux d’en bas – permettrait des lendemains meilleurs.

De fait, c’est uniquement pour leurs castes que l’année 2011 a été prospère. Leurs banques se sont vues renflouées et les superprofits de leurs multinationales ont pu gonfler encore. En jetant à l’eau des populations entières, sans gilet de sauvetage, ils ont pu maintenir leur navire à flots. Et, pour justifier l’agressivité de leur politique néolibérale, ils ne se sont jamais départis de leur cynisme!

C’est soi-disant pour garantir la protection sociale des générations futures :

- que les indemnités de congé maladies ont été diminuées,
- qu’ils entendent réduire le séjour en maternité des mères ayant accouché,
- que les mutuelles sont pillées.

Dans le même temps, ils précarisent les emplois, multiplient les licenciements et diminuent la part de cotisation des grandes entreprises tarissant ainsi les sources de financement indispensables à toute protection sociale.

C’est soi-disant pour « ne pas laisser de dettes à nos enfants »

- que les postes ont été supprimés dans la fonction publique, en particulier dans l’éducation et dans la sante,

- que les citoyens sont, désormais, soumis à une taxe pour faire valoir leurs droits devant la justice,

Dans le même temps, des fonds ont été dégagés pour mener des agressions coloniales en Côte d’Ivoire, et en Libye.

C’est soi-disant pour protéger la santé
qu’ils taxent les consommateurs de soda, lorsqu’il faudrait imposer de nouvelles normes de fabrication aux industriels.

Dans le même temps, ils allongent démesurément la liste des médicaments déremboursés, des actes médicaux non pris en charge et ils imposent aux hôpitaux publics des normes d’entreprises capitalistes qui ont pour résultat de développer une offre de santé à deux vitesses.

C’est soi-disant pour lutter contre la pollution

qu’ils ont augmenté le malus sur les véhicules polluants, tout en se gardant d’imposer aux firmes automobiles des normes plus contraignantes.

Dans le même temps, ils ont diminué les incitations fiscales à l’amélioration de la performance énergétique et se sont comportés en crabes aux négociations de Durban !

Et puis si, en France, 900 usines ont fermé en 3 ans et 100.000 emplois ont disparu, c’est preuve, selon eux, qu’on est sur la bonne voie et que  leur « compétitivité se renforce » grâce à leurs « réformes courageuses. » :

Arrêtons là les exemples. Les déclarations démagogiques ne peuvent décidément plus cacher le caractère injuste des politiques néolibérales. Et ce n’est pas la contribution prélevée sur les hauts revenus qui pourra donner le change. Contrairement au caractère permanent du pillage que subit la masse de la population, celle-là est annoncée comme exceptionnelle, et est largement compensée par les cadeaux fiscaux consentis aux capitalistes par le gouvernement. L’annonce, mille fois évoquée, de taxer les transactions financières ne saurait davantage démentir la réalité du pillage.

Il est suffisamment clair que les maîtres de l’économie capitaliste ont choisi de se lancer, avec insolence, dans une offensive visant à maintenir, coûte que coûte, leur pratique d’accaparement des richesses du monde.

Quel esprit sensé peut soutenir que les tenants du système ont à cœur l’intérêt des peuples en sabotant les services publics, en diminuant les budgets de la santé, de l’éducation, les prestations sociales, en obligeant des personnes âgées à travailler pour compenser des pensions diminuées.

En vérité, tous ces « plans d’austérités », imposés par les prédateurs aux peuples du monde sont de véritables crimes contre l’humanité.

Et, là, ne sont pas leurs seuls crimes :

- Puisqu’ils persistent dans la logique productiviste, responsable du changement climatique qui, si nous ne la bloquions pas, conduirait l’humanité au suicide. La conférence internationale qui s’est tenue à Durban en Afrique du Sud était censée imposer aux pays des mesures pour ralentir le réchauffement climatique. Ils en ont saboté les travaux. Manifestement les dizaines de milliers de victimes des catastrophes climatiques qui ont ponctuée l’année 2011, catastrophes directement liées aux conséquences de ce changement climatique, ne les empêchent pas de dormir !

- Puisqu’ils s’entêtent à jouer au casino du nucléaire, en dépit de la leçon donnée par l’accident de la centrale de FUKUSHIMA.

- Puisque, en renforçant la subversion dans tous les pays faisant obstacle à leur hégémonie, n’hésitant pas à armer et utiliser des terroristes notoires, ils déclenchent un engrenage qui conduit à un conflit militaire majeur.

Ayant fait le compte de toutes les horreurs subies par les populations en 2011, tant chez nous que dans le reste du monde, avons-nous encore besoin d’arguments pour comprendre que si nous laissions plus longtemps notre sort entre les mains de ces prédateurs qui contrôlent le POUVOIR, notre avenir serait assurément saccagé ?

Alors oui ! Il est plus que temps d’arrêter leurs bras criminels !

En 2011, la mobilisation des masses sur tous les continents a prouvé que le rapport de force est en train de s’inverser en faveur des peuples.

Dans les pays arabes des dictatures, que les occidentaux soutenaient, ont été renversées, En Inde, le mouvement anti-corruption tient tête au gouvernement ; En Chine, les grèves d’ouvriers et la résistance des paysans contre les spoliations rappellent que « l’économie de marché » est indissociable de la lutte de classe et qu’elle est, partout, remise en cause. En Israël, à Mayotte, dans pratiquement tous les pays d’Europe, les peuples ont exprimé sans ambigüité leur rejet des politiques d’austérité. Jusqu’aux Etats-Unis, un mouvement qui monte en puissance, remet en cause le système capitaliste !

Opportunistes, les gouvernements occidentaux, devenus curieusement admirateur des révolutions populaires, - tout au moins de celles qu’ils espèrent pouvoir manipuler- s’y impliquent pour en soutenir les groupes les plus réactionnaires avec, en porte-drapeau, leur conception frelatée de la démocratie. Leurs médias s’efforcent de présenter les luttes populaires comme l’expression d’une masse informe « d’indignés » apolitiques. Le rôle des partis marxistes, écologistes, alternatifs et réellement révolutionnaires, qui depuis des décennies organisent les résistances populaires, est carrément occulté.

Mais, une chose est sûre, ils seront incapables d’arrêter la désagrégation de leur système et la construction d’un monde nouveau.

2011 a montré, en effet, qu’en même temps que le système capitaliste continuait à sombrer dans la tourmente, se confirmait la consolidation de pôles alternatifs. Ceux des pays dits «émergents » qui ont choisi une voie anti-impérialiste, malgré la « Crise » ont réduit la pauvreté et pris plus d’importance dans le concert international La mutation qui a cours en Amérique Latine et dans la Caraïbe, avec la création de la CELAC, constitue un tournant majeur à cet égard.

2012 : Construisons !

Selon toute vraisemblance, 2012 sera porteuse de plus grande difficultés pour les populations. Les mesures d’austérités seront plus scélérates encore. Les gouvernements continueront à criminaliser les résistances populaires, à s’attaquer aux libertés individuelles et collectives, pour retarder l’effondrement du système.

Mais, l’offensive des peuples ne pourra être contenue. Au contraire, des pas de géants peuvent être réalisés dans la période à venir si, à l’appel « INDIGNEZ-VOUS » - auquel de nombreux mouvement ajoutent, aujourd’hui, le mot d’ordre « REVOLTEZ-VOUS ! »- si, donc, nous comprenons la nécessité de nous mobiliser, davantage encore, autour de la consigne « CONSTRUISONS ! ».

Les aménagements concédés par les gouvernants en place, bras politiques du système, sous la pression de seules manifestations d’indignations, aussi puissantes soient-elles, sont immanquablement appelés à être remis en cause. Qui peut en douter ?

C’est seulement en changeant le système, que les solutions seront viables. Et si, les mobilisations contre les mesures scélérates, pour des améliorations immédiates restent indispensables, il est absolument essentiel d’impulser une dynamique de réponses alternatives. Celles-ci existent déjà, mais restent trop souvent embryonnaires et éparses.

Si nous avons choisi de poser notre regard, d’abord et longuement, sur les problématiques propres à l’ensemble du monde, c’est pour que nous réalisions ensemble l’importance des enjeux. Ni la compréhension de ce qui se passe dans notre pays, ni les réponses à porter à nos problèmes ne seraient valables sans partir de ce regard là.

Ce que la situation exige de nous, c’est une grande clairvoyance quant aux objectifs à atteindre, un engagement conséquent tant au plan individuel qu’au plan collectif et une solide unité de tous ceux qui veulent réellement changer la vie.

L’heure n’est plus aux illusions ou aux jeux politiciens !

Nous aurons compris que l’heure n’est plus aux illusions ou aux jeux politiciens. Le tissu économique endogène est plus que jamais démantibulé par les politiques menées par la France dans notre pays et par l’impact des désordres financiers mondiaux.

Les marges de manœuvres des collectivités locales, qui ne disposent pas de pouvoirs politiques conséquents, sont de plus en plus réduites du fait du désengagement de l’Etat.

Il est absolument fallacieux de prétendre que la mise en place d’une collectivité unique en 2014, en lieu et place des Conseils Général et Régional, dans un contexte de renforcement de l’emprise coloniale sur notre pays, nous donnerait la possibilité de redresser la situation. Dans de telles conditions, continuer à semer des illusions quant à la possibilité de relancer l’économie et l’emploi dans le cadre actuel, attiser les divisions au sein du peuple dans le seul but de se bien positionner pour les échéances électorales, cela n’est pas acceptable.

Bien sûr, il ne s’agit pas de baisser les bras en attendant « le grand soir », Bien sûr, il faut chercher à innover ou à grappiller des « parts de marché », mais peut-on sérieusement prétendre que cela suffira à résoudre nos problèmes ?

Il faut maintenant confronter nos analyses, nos propositions et nous accorder sur un projet consensuel pour notre pays. Cela implique la nécessité de comprendre théoriquement la réalité de notre société.

- En 2011, de très nombreuses initiatives ont été prises pour commémorer le cinquantenaire de la mort de Frantz FANON. C’est un peu comme si l’histoire avait fixé ce rendez-vous. Car, les apports de ce grand Martiniquais se révèlent d’une brûlante actualité, tant pour comprendre la nature du colonialisme, la situation du colonisé et, surtout, pour penser la construction l’humanité. Et puisque l’engagement individuel et collectif est une exigence de l’heure, l’exemple de Frantz FANON illustre parfaitement l’importance de lier les positions théoriques à une pratique militante conséquente.

Au moment où nous parlons d’engagement conséquent, nous devons rendre hommage à ces militants de grande valeur qui nous ont quittés en 2011 :

David MOUTENDA et Herman RIBIER, militants et animateurs de Radio APAL

Clément Didier BARBARA, dirigeant de la grande grève des ouvriers agricoles de 1974

Josiane JULIARD, secrétaire du mouvement APAL, Georges MAUVOIS, dit « TI-JO » co-fondateur du GAP, historien militant.

Nous tenons à saluer leur mémoire et souhaitons que leur exemple soit source d’inspiration pour tous les militants.

Si l’ampleur de la tache que nous avons à accomplir demande l’engagement de chacun et de tous, la capacité d’atteindre nos objectifs d’émancipation et de mieux vivre exige une solide unité dans nos rangs. A cet égard, la création du cercle « Kolé têt Kolé Zépol », qui a tenu son premier colloque sur le thème « Pouvoir et Démocratie » en y associant des Martiniquais venant d’horizons très divers, a confirmé, s’il en était besoin, qu’il est possible de répondre à l’attente, mainte fois exprimée par notre peuple, que les « responsables » se mettent autour d’une table et travaillent de concert dans l’intérêt supérieur du pays. Nous devons nous donner pour objectif, en 2012, de renforcer significativement notre cohésion nationale.

Il nous appartient également, et cela relève d’une importance stratégique majeure, d’impulser des pratiques et des réseaux alternatifs en particulier dans les domaines de l’économie, de l’éducation et de la culture, de la santé.

Traduisant le délitement de la société, de nombreux faits de violences ont ponctué l’année 2011. Plusieurs jeunes ont encore perdu la vie. Nous pouvons et nous devons prendre davantage d’initiatives individuelles et collectives pour retisser les liens sociaux au niveau de la famille, du quartier, entre jeunes et adultes, bref, à tous les niveaux.

Nous devons saluer, ici, la dynamique de FO.S MATINIK (Forum Solidarité Martinique) qui s’est consolidée tout au long de 2011 et qui a permis à une dizaine d’organisations citoyennes de mutualiser leur action au bénéfice de la population.

Voilà donc, selon nous, les enseignements qui peuvent être tirés de 2011 et les perspectives qui s’ouvrent à nous pour cette année 2012.

Il nous reste à vous souhaiter à tous et à toutes nos meilleurs vœux de bonheur et de santé.

Que les peuples, sur tous les continents, avancent victorieusement vers la souveraineté et l’émancipation sociale !

02 / 01 / 2012

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