“Diversifier la production dans le nouveau Plan de la Nation”
26/02/2012
- Opinión
Relation entre P.I.B et cours du pétrole au Venezuela.
Si nous regardons de près les conclusions du rapport du Service Géologique des États-Unis sur les réserves pétrolières vénézuéliennes nous lisons avec étonnement cette conclusion : « Le Service Géologique des États-Unis estime à un volume de 513 milliards de barils de pétrole lourd techniquement récupérable dans l´Unité d´Évaluation Pétrolifère de la Frange de l´Orénoque, dans l´est du Venezuela, Province de la Cuenca : le rang est de 380 à 652 millions de barils. La Ceinture Pétrolière de l´Orénoque contient un des plus grands gisements de pétrole récupérable du monde. »
Ce qui, ajouté aux 77.000 millions de barils qui forment nos réserves semblerait condamner le Venezuela à la voie de l´extractivisme, de l´activité minière et à la condition première d´exportateur, c´est-à-dire à une économie primitive sujette aux va-et-vients qui caractérisent l´économie pétrolière.
En lien avec ce jeu cyclique de l´économie mondiale du pétrole et son impact sur l´économie vénézuélienne, nous voyons comment les données sur la croissance de notre économie redeviennent positives après la chute dramatique des prix du pétrole entre 2008 et 2009. En 2011 l´économie a cru de 4,2 %. De même, les prix du pétrole OPEP et vénézuélien continuent à la hausse, pour se situer en février 2012 à 117,26 dollars pour le baril OPEP et 110.82 dollars pour le baril vénezuélien.
Les vents de guerre au Moyen Orient feront sans doute monter davantage ces prix mais face à l´état fragile de l´économie mondiale, cette courbe ascendante d´une matière première aussi vitale accélèrera la chute de l´ensemble de l´échafaudage économique mondial avec pour conséquence probable de provoquer une des pires crises qu´aconnnues le Venezuela dans les dernières décennies.
Si nous voulons laisser là les présages dramatiques et semer dans la terre ferme d´une économie nationale et latino-américaine soutenable, il nous faut revenir au nouveau Plan Général de la Nation aujourd´hui en pleine élaboration, à propos de la formule si souvent énoncée de la diversification industrielle et de la substitution des importations. Cette stratégie a été assumée à d´autres périodes avec une forte dose de rhétorique, mais la crise mondiale replace cette politique comme centre obligé de la prochaine feuille de route stratégique.
L´heure est venue de penser et de réaliser un modèle industriel systématique, planifié, cohérent et viable selon les potentialités et les limites de notre réalité productive, de notre développement tecnologique et de la formation de notre force de travail.
Sur le plan du modèle de l´industrialisation à réaliser, il est nécessaire de réfléchir à l´orientation de la construction de nos chaînes et de nos réseaux socio-productifs en priorisant nos potentialités. Tous les secteurs n´ont pas la même force d´entraînement et il serait illusoire, vu l´actuelle offre de prix des entreprises chinoises, de vouloir tisser des chaînes dans tous les secteurs. De même la position dominante du Brésil dans la région et son développement industriel nous imposent une rationnalité liée à la viabilité de nos efforts.
Il est indéniable qu´un secteur comme la pétro-chimie a de grandes possibilités d´entraînement et d´activation productive en amont comme en aval. Il possède des potentialités pour stimuler et activer des réseaux productifs locaux tout en progressant dans son impact sur les marchés régionaux et mondiaux.
De même les télécommunications et l´électronique sont un secteur dans lequel nous avons pris une forte avance d´expérimentation et qui pourraient être conçus comme une chaîne de fabrication de biens tout en occupant une part active dans les cadres nationaux et régionaux à travers les plate-formes de services.
Le modèle industriel signifie nécessairement la diversification productive et le dépassement de la dépendance de la rente pétrolière. Il signifie la substitution des importations. Il est d´usage que cette politique soit rejetée par les politiques et les universitaires néo-libéraux sans autre argument que « cette politique a déjà été tentée et a échoué en Amérique Latine ».
Il est vrai que le modèle de substitution des importations a déjà été tenté par diverses économies latino-américaines depuis les années 50 mais les néo-libéraux ne disent pas que l´échec de cette tentative fut le résultat du blocage intentionné que les capital financier et transnational ont généré contre les matrices nationales d´industrialisation, en réussissant à reproduire les logiques de dépendance dans la majorité des expériences productives. Ils ne disent pas que la substitution des importations n´est possible que dans un contexte de révolution nationale capable de défier la domination du capital financier.
Dans une étude détaillée, Urs Heierli analyse les facteurs qui ont mené l´Amérique Latine à la crise de la stratégie de substitution en Amérique Latine.
1 - En premier lieu l´échec du modèle de substitution a résulté d´une absence de conscience sur les forces et les valeurs propres aux sociétés respectives. S´est maintenue la dominnation des modèles culturels et de consommation impériaux tout en méprisant les capacités nationales propres.
2 - Cette stratégie fut mise en place sans prendre en compte la disponibilité des ressources et des faceturs productifs nationaux, en se limitant à produire en interne les produits que demandaient les strates sociales élevées et semi-élevées dotées d´un haut pouvoir d´achat et qui privilégient l´importation de devises et de produits importés.
3 - Les tissus industriels de développement ont fini par concentrer l´utilisation des maigres ressources financières dans des branches industrielles possédant de hautes capacités de production et de ralentissement, qui n´absorbaient qu´á la marge la force de travail.
4 - Les tissus industriels étant concentrés dans les villes et alignés sur l´extérieur pour s´approvisionner en matériaux et en devises, et en l´absence d´effort nationaux de construction de réseaux socio-productifs complémentaires, ont fini par étouffer les petites entreprises.
5 - Le modèle substitutif a fini par encourager la concentration de capitaux et la détérioration de la redistribution du revenu national.
Il faut souligner l´abandon de la part des bourgeoisies « productives » de leur volonté d´industrialisation face au positionnement hégémonique du capital financier. Lié aux intérêts transnationaux globaux, celui-ci a fini par imposer un nouveau mode d´accumulation ou de modèle de développement visant à capturer tous les secteurs de la vie économique nationale par le capital financier transnational. Nous parlons fondamentalement des services publics et de la pénétration de l´agro-business. Les ex-bourgeoisies industrielles ont migré vers d´autres secteurs à la recherche des miettes.
Enfin il faut souligner l´importance que dans la réalisation de notre modèle industriel vénézuélien revêtent l´environnement international et notre politique d´intégration régionale depuis l´ALBA, le MERCOSUR et l´UNASUR.
Nous devons garder à l´esprit que les chaînes productives dépassent nos frontières et qu´élever les niveaux de productivité exige de se nourrir d´expériences, de technologies et d´opportunités au-delà des frontières du Venezuela.
Les politiques et les stratégies que nous adoptons doivent entrer dans le cadre des politiques de complémentarité productive et d´intégration des chaînes productives régionales, sans remettre en cause notre souveraienté et notre modèle politique.
Le nouveau scénario récemment présenté par le président Chavez en lien avec le Plan Général de la Nation, sera un cadre fondamental pour approfondir cette réflexion obligée.
Les avancées majeures à mener sur les terrains politique et social, requièrent pour ce nouveau sextennat un gros effort dans la construction de notre modèle économico-productif.
- Jesse Chacon est Directeur du GISXXI
Source : http://www.gisxxi.org/articulos/la-…
Traduction : Thierry Deronne pour www.venezuelainfos.wordpress.com
https://www.alainet.org/fr/active/53089
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