Ressources minières : Une investigation journalistique sur 10 mois avait soulevé des irrégularités en 2012
07/02/2013
- Opinión
Alors que l’affaire des permis d’exploitation minière agite les médias en Haïti en ce début d’année 2013, l’agence en ligne AlterPresse - qui avait publié, en 2012, une investigation journalistique sur la question, dans le cadre du partenariat Ayiti Kale Je (Akj) - revient avec ces articles pour l’éclairage de ses lectrices et lecteurs.
Au cours de cette enquête, qui a duré dix mois (de 2011 à 2012), une équipe d’étudiantes et d’étudiants, de journalistes et de membres d’une radio communautaire, a révélé plusieurs données.
Près de 3,885 kilomètres carrés de territoire haïtien, soit 15 pour cent de tout le pays, sont déjà sous une licence de recherche, d’exploration ou d’exploitation, ou sont soumis à une convention contrôlée par des firmes américaines et canadiennes.
À elle seule, l’Eurasian Minerals, une des firmes en question, a prélevé 44,000 échantillons.
La Newmont Mining, deuxième productrice d’or au monde et qui exploite la plus grande mine en Amérique, a largement investi auprès d’Eurasian. Elle envisage la possibilité d’exploiter au moins cinq sites miniers sur le territoire national.
L’ancien ministre haïtien de l’économie et des finances (Mef), Ronald Baudin (novembre 2009 - octobre 2011), travaillait, au moment de l’investigation journalistique, comme consultant pour la compagnie minière Newmont.
Deux ministres haïtiens ont (récemment) signé avec Newmont et Eurasian un « protocole d’entente », selon lequel – et en violation de la loi haïtienne – les compagnies peuvent commencer le forage dans un des sites en exploration. Or, la loi haïtienne stipule qu’aucun forage ne peut être entrepris sans une convention minière.
Équipée de quelques géologues et d’une poignée de véhicules, l’agence d’État, en l’occurrence le bureau des mines et de l’énergie (Bme), n’a pas les moyens de superviser les opérations de forage et de recherche, en cours au Nord du pays, signalait l’investigation journalistique d’Ayiti Kale Je.
Personne ne semble enclin à parler, aux communautés, de ce qui se passe dans le Nord et des ententes conclues derrière des portes closes.
Le premier élément fondamental, mis en lumière par l’enquête, a été le manque de transparence et de souci pour les intérêts du pays.
Le second élément est que le taux de redevance, réclamée par l’État, est le plus bas de l’hémisphère.
L’autre élément est l’importance des ressources minières du pays et le lourd tribut qu’engendrera leur exploitation.
L’histoire du pays le démontre, l’exploitation minière a souvent abouti à la violence contre la population locale ou son appauvrissement.
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