Des victimes témoignent de la terreur dans les geôles de l’ancien régime

02/03/2013
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Plusieurs victimes de la dictature se déclarent plus que jamais déterminées à conter les souffrances, tourments, déboires et autres crimes contre l’humanité (assassinats, disparitions forcées, déportations, sévices et autres), essuyés sous l’ancien régime, dans des témoignages à l’agence en ligne AlterPresse.
 
Ces victimes condamnent l’attitude de mépris, affiché par l’ex dictateur Jean-Claude Duvalier (surnommé Baby Doc), lors de son audition devant la cour d’appel de Port-au-Prince, le jeudi 28 février 2013.
 
« C’est foncièrement faux de dire que les personnes emprisonnées, sous la dictature, étaient, pour la plupart, des délinquants, alors que le régime n’avait pas cessé de terroriser la population à tout bout de champ », se révoltent ces victimes de l’ère Duvalier.
 
Jean Rénélus Éliacin, un paysan de la section communale de La Tremblay, située dans la commune de la Croix-des-Bouquets, a été arrêté le 5 septembre 1969 à l’âge de 25 ans, sous motifs d’activité communiste.
 
« Je n’avais aucun rapport avec la politique active, au moment de mon arrestation en septembre 1969. J’ai été sous-alimenté et torturé, durant les 6 mois horribles que j’ai passés à Fort Dimanche (prison politique sous Duvalier, au nord de la capitale) », rapporte Éliacin qui a assisté à l’audience de Duvalier, le 28 février, devant la cour d’appel de Port-au-Prince.
 
Écartant toute idée de vengeance, Éliacin forme le vœu de voir juger Jean-Claude Duvalier pour les atrocités commises durant son régime (21 avril 1971 – 7 février 1986).
 
Sous Jean-Claude Duvalier, Éliacin allait subir 6 autres années au pénitencier national, de 1971 à 1977.
 
« Bien que François Duvalier mourût en 1971, les prisonniers ne l’avaient pas su, parce qu’ils étaient gardés en secret. Son fils, devenu président, ne nous a pas libérés », rappelle Jean Rénélus Éliacin.
 
D’autres victimes de la dictature, présentes à la cour d’appel, ont été choquées de l’attitude de Duvalier, tour à tour arrogant et méprisant.
 
C’est le cas de Robert (Bobby) Duval qui a démenti les allégations de l’ancien chef des Tontons macoutes, alléguant qu’il aurait été arrêté pour possession illégale d’arme à feu.
 
Sur 13 prisonniers politiques, dont Amnesty international a réclamé la libération à l’époque, Robert Duval figure parmi les 3 survivants (les 10 autres étant portés disparus sous le régime).
 
« Leur objectif c’était de m’assassiner », signale Robert Duval, ajoutant qu’il n’aurait pas survécu longtemps à la prison.
 
Une autre victime de la même époque, Henry Faustin, n’a pas caché sa frustration, lors de cette audience, la toute première dans l’histoire d’Haïti, pendant laquelle un ancien dictateur se présente devant les tribunaux pour répondre des actes de son régime.
 
Arrêté le 15 juin 1976, Henry Faustin passera deux mois dans un cachot aux casernes Dessalines (autre prison politique sous Duvalier, à proximité du palais présidentiel au cœur de la capitale), où il a été enfermé.
 
Âgé alors seulement de 20 ans, Faustin sera transféré pendant 16 autres mois (jusqu’en décembre 1977) à Fort Dimanche.
 
« Le Fort Dimanche n’était pas un jeu d’enfants. Vous arrivez, comme prisonniers, tout habillés dans cette prison, mais on vous mettait nus comme des vers », se souvient Henry Faustin, relatant d’autres situations de détention effroyables.
 
« En vous envoyant à Fort Dimanche, les sbires de Baby Doc vous annonçaient qu’on vous envoie dans un endroit pour que vous puissiez nager », poursuit-il.
 
L’instruction de l’affaire Jean-Claude Duvalier doit se poursuivre, le jeudi 7 mars 2013, à la cour d’appel de Port-au-Prince.
 
 
https://www.alainet.org/fr/active/62268?language=en
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