Détournements de fonds ou ce que Duvalier a fait à Haïti

09/03/2013
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Jean-Claude Duvalier (22 avril 1971 - 7 février 1986) s’est livré à un pillage systématique des fonds publics, avec l’aide de plusieurs complices, faisant de la population haïtienne l’une des plus pauvres du monde.
 
C’est ce que révèle un document de la banque centrale ou banque de la république d’Haïti (Brh), consulté par AlterPresse.
 
Le document, signé du ministre de la justice de l’époque, François Saint-Fleur, date du 16 janvier 1987 et recense une série de preuves administratives accablantes.
 
Il démontre comment Jean-Claude Duvalier, sa femme Michèle Bennett et sa mère Simone O. Duvalier, aidés de certains fonctionnaires publics, ont réalisé un « pillage aux proportions gigantesques » sans précédent « dans les annales du tiers-monde ».
 
Il s’agit d’une attestation, faite pour appuyer l’État haïtien dans ses poursuites contre l’ex-tyran et ses acolytes pour le détournement, en tout, de 507 millions 789 mille 59 dollars américains (US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui).
 
Sur ce montant, Jean Claude Duvalier est accusé d’avoir détourné personnellement 120 millions 574 mille 575 dollars américains.
 
Rien qu’en l’espace de trois ans, de 1983 à février 1986, l’ex-dictateur et consorts ont détourné 86 millions de dollars américains de fonds publics, indique l’attestation, véritable compte-rendu d’enquête.
 
« Le despotisme économique des Duvalier s’étendait sur chacune des institutions gouvernementales génératrices de revenus », lit-on.
 
« Ils se sont comportés comme si Haïti était leur royaume féodal et les coffres et revenus de l’État, leur propriété privée ».
 
Parmi ces institutions, certaines ont disparu à l’image de la Régie du tabac et des allumettes, la Minoterie d’Haïti et la Loterie de l’État haïtien.
 
Mais, d’autres, comme le ministère des finances et l’office d’assurance des véhicules contre tiers(Oavct), existent encore aujourd’hui, en 2013.
 
Pour piller ces institutions, la fraude a été érigée en routine et consistait globalement à émettre des chèques au nom de particuliers qui allaient percevoir des sommes cash directement dans le Trésor public.
 
L’argent était converti en dollars américains, puis généralement transféré dans des banques à l’étranger.
 
Duvalier prélevait à la fois au niveau des dépenses et du profit net, indique l’attestation de la Brh.
 
Les détournements dans les dépenses se réalisaient principalement à travers des entités fictives, appelées gentiment « œuvres sociales ».
 
On rencontrait ainsi des « œuvres sociales de la présidence (Osp) », des « œuvres sociales du président à vie de la république », des « Osp de son Excellence madame François Duvalier » et, plus effarant encore, des « œuvres sociales de madame la présidente » (Michèle Bennett) !
 
Des entités, dites philanthropiques, comme l’hôpital de Bon Repos (au nord de la capitale), elles-mêmes existant réellement, ont aussi servi aux détournements des dépenses de l’État haïtien.
 
A coté de Michèle Bennett Duvalier et d’autres membres de la famille Duvalier, émergent des noms, tels : Jean Sambour, Auguste Douyon et Frantz Merceron dans ce « siphonage » systématique des ressources économiques du pays.
 
Jean-Claude Duvalier a fait appel de l’ordonnance, en 2012, du juge Carvès Jean, incitant la justice haïtienne à le poursuivre pour ces crimes économiques.
 
Inculpé en même temps pour crimes contre l’humanité couvrant une grande quantité d’actes de violations de droits humains, il maintient jusqu’ici, devant la cour d’appel, une défense basée sur le déni total.
 
 
https://www.alainet.org/fr/active/62444?language=en
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