Le gouvernement et la Minustah sur la défensive
10/06/2013
- Opinión
La prestation des membres du gouvernement haïtien, par devant le sénat de la république, répondant à une convocation le mardi 4 juin 2013, vient renforcer les doutes sur la gestion des deniers de la nation, mais aussi sur la capacité de l’équipe gouvernementale en place à mener à bon port le pays, observe l’agence en ligne AlterPresse.
« Un gouvernement hors normes », qui s’investit dans le « blanchiment d’argent », n’ayant que des explications « farfelues » pour justifier ses dépenses, sont quelques expressions, utilisées par des sénateurs de la 49e législature, pour exprimer leur mécontentement de la démonstration ratée des tenants de l’exécutif, lors de la convocation.
Le premier ministre Laurent Lamothe et ses exécutants devaient, fondamentalement, dresser un bilan détaillé et clair sur les dépenses effectuées dans le cadre de l’état d’urgence, déclaré après le passage de la tempête Sandy à la fin de 2012.
Seulement 2,1 milliards de gourdes (US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui) ont été débloquées, sur les 5 milliards de gourdes requises, pour faire face à l’urgence, se défend, dans les médias, en guise de clarifications, Kedler Augustin, porte-parole de Lamothe.
Mais comment ont été dépensés ces milliards de gourdes ?
Personne ne le sait jusqu’à présent, même si le chef du gouvernement a évoqué les noms des ministres qui ont eu à gérer ces fonds, en l’occurrence le ministère des travaux publics, transports et communications, celui de l’agriculture ainsi que celui de la planification (qui n’est autre que Laurent Lamothe lui-même, en charge de ce ministère).
Encore, aucune explication n’est donnée sur l’origine des 40 millions de gourdes, soit environ 1 million de dollars américains, mobilisées pour célébrer, le 14 mai 2013, les 2 ans de l’arrivée de Joseph Michel Martelly au timon des affaires politiques du pays.
Wilson Laleau, ministre de l’économie et des finances (Mef), nie avoir signé un quelconque document, allouant un tel montant pour cette activité.
Pour le contredire, un autre ministre, celui de l’intérieur, David Bazile, a présenté une lettre relative à ces dépenses.
Les millions de gourdes dépensées entraient dans le cadre des décaissements, liés à la célébration de la fête du drapeau (18 mai 2013) et les autres fêtes de la période, explique, dans les médias, le porte-parole de Lamothe.
Ce qui ne frôle qu’un maigre aspect de la question.
Quelles « autres fêtes » ont eu lieu pendant la période ?
En fait, personne ne peut dire de quelle rubrique du budget de fonctionnement du gouvernement ont été tirés ces millions de gourdes.
La chambre des députés menace de suivre l’exemple du sénat.
Les bruits d’un remaniement gouvernemental courent déjà.
Le retrait de la Minustah, nuancé dans un plan de consolidation
Dans une lettre ouverte, Nigel Fisher, représentant spécial du secrétaire général de l’organisation des Nations Unies (Onu), Ban Ki Moon, en Haïti, se dit « très vigilant » sur la demande du départ, du pays, de la mission des Nations-Unies pour la stabilisation en Haïti (Minustah).
Cette demande de départ est exprimée, de différentes manières ces deniers jours, telles : des manifestations de rues, organisées par des citoyennes et des citoyens dans diverses villes du pays, des graffitis sur certains murs de la capitale ou encore une résolution parlementaire qui souhaite un retrait définitif de la mission onusienne, d’ici le 28 mai 2014.
Pourtant, les missionnaires onusiens s’offrent un nouveau plan baptisé « plan de consolidation adaptable ».
Ce dernier est annexé au rapport soumis au conseil de sécurité de l’Onu en mars 2013.
Celui-ci devra se matérialiser sur 3 ans, de 2013 à la fin de 2016.
Après 9 ans en Haïti (juin 2004 – juin 2013), la mission onusienne revient sur le concept de stabilité, intrinsèquement lié à sa vitalité.
Elle le définit essentiellement en fonction d’une « (…) culture politique, propice à la recherche d’un consensus sur les questions prioritaires (…) », ou encore d’une « (…) croissance et d’un développement économiques ne faisant aucun exclu, d’une amélioration de la situation de l’emploi et de l’adoption de mesures énergiques visant à réduire la pauvreté (…) »
Dans les propos de Nigel Fisher, le retrait de la Minustah est « éventuel ».
Une Minustah, à l’origine de l’épidémie de choléra en Haïti et qui n’a pas su empêcher que ses membres commettent des crimes à l’encontre de la population haïtienne, notamment des viols collectifs.
https://www.alainet.org/fr/active/64671?language=en
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