Michel Martelly comme au temps de l’ancienne dictature ?
05/08/2013
- Opinión
P-au-P, 06 août 2013 [AlterPresse] --- Les décisions et actions de l’exécutif haïtien continuent de générer le doute dans l’esprit de certains politiques et citoyennes/citoyens observateurs, constate l’agence d’information en ligne AlterPresse.
L’une des grandes décisions, qui choque la société, est celle de ne pas avoir reporté, à une autre date, le lancement des festivités carnavalesques du dimanche 28 juillet 2013, tel que le sollicitait un groupe de compatriotes.
« C’est grave », regrette le colonel Himler Rébu, membre des anciens Forces Armées d’Haïti (FAd’H), au cours d’une émission de débats radiophoniques sur la Radio télévision caraïbes (Rtvc), le samedi 03 août 2013.
Le 28 juillet 2013 a marqué le 98e anniversaire du débarquement des marines américains sur le territoire haïtien, le 28 juillet 1915, pour le début d’une occupation qui allait durer 19 ans (21 août 1934).
Abondant dans le même sens à cette émission, l’ancien parlementaire Hugues Célestin estime que l’administration politique actuelle s’investit dans un processus de « banalisation de l’histoire du pays (…) ».
« La société n’existe pas pour eux (les dirigeants) », a poursuivi l’ancien député de Quartier Morin / Limonade (Nord).
Pour minimiser les critiques sur le comportement du gouvernement, le porte-parole du premier ministre Laurent Lamothe, Kedler Augustin, un des invités à cette émission, demande de prendre en compte les diverses fois que les bottes ferrées ont débarqué dans le pays, au lieu de capitaliser sur ce coup de force de l’armée étasunienne.
Des centaines de paysans, en lutte contre l’occupation, ont été massacrés par les soldats américains suite au débarquement de 1915.
Une tendance dictatoriale égale, sinon supérieure à celle de Jean-Claude Duvalier
Une autre anomalie, remarquée au cours du carnaval des fleurs (du dimanche 28 au mardi 30 juillet 2013, prolongé jusqu’à 4:00 am locales / 8:00 gmt le mercredi 31 juillet 2013) est que tous les groupes - ayant des compositions critiques envers le gouvernement - n’ont pas été choisis pour le défilé carnavalesque.
Parmi ces groupes, « Brothers Posse » avec une méringue carnavalesque titrée « à l’oral », pour dénoncer le fait que l’exécutif n’arrive pas encore à délivrer ni à faire atterrir (concrétiser) ses priorités, notamment, l’éducation, l’État de droit, l’emploi, l’environnement et l’énergie.
Des poteaux en dur, sur lesquels sont placés des lampadaires électriques, ont déjà causé de graves accidents sur des artères de grande circulation, observent les riverains, notamment sur la route dénommée "route des rails" en direction de la municipalité de Carrefour.
« Le pouvoir de Martelly a bridé les groupes qui ne jouent pas en faveur du gouvernement », a déploré l’avocat et ancien parlementaire Samuel Madistin.
Même le dictateur Jean-Claude Duvalier acceptait que des groupes opposés au gouvernement participent aux défilés carnavalesques, a–t-il ajouté.
Avant les festivités carnavalesques de fin juillet 2013, le chanteur principal du groupe Brother’s Posse, Anthonio Chéramy (dit Don Kato), a dénoncé des menaces venant de proches du pouvoir ainsi qu’un processus d’interdiction de spectacles pour lesquels des contrats avaient préalablement été conclus avec le groupe Brother’s Posse.
Cette même attitude a été enregistrée lors des activités carnavalesques de février 2013, au tout début de l’année.
La présidence appelée à la prudence dans le cadre de l’affaire contre Me. André Michel
Le président Michel Martelly devrait être très prudent avec le dossier de l’arrestation de Me. André Michel, avocat et militant opposé à l’actuel gouvernement.
S’adressant au président Martelly par voie de presse, Himler Rébu - qui s’est toujours réclamé très proche du pouvoir en place - demandé à Martelly - avec beaucoup d’emphase et d’insistance - de « faire très attention ! », avec le dossier de mandat d’arrestation émis contre l’opposant André Michel.
Ce dernier et son collègue Newton Saint-Juste sont à l’origine de la plainte, pour corruption et usurpation de titre, déposée contre l’épouse et le fils du président, Sophia Saint Rémy Martelly et Olivier Martelly.
Lamarre Bélizaire, juge d’instruction, a émis, fin juillet 2013, un mandat d’amener contre Me. André Michel, dans le cadre d’un dossier d’assassinat, le 18 octobre 2010, de l’étudiant Frantzy Duverseau.
Duverseau aurait été tué par la police, indiquent les premières enquêtes sur ce dossier.
Pour Rébu, cette disposition d’arrestation n’a pas d’autre explication que la démarche d’André Michel de porter plainte contre la famille présidentielle pour corruption et usurpation de titre.
Une position, que partage une majeure partie de l’opinion publique.
« Il faut stopper ça », dixit Rébu, car le « le juge est faux, le mandat est faux et la situation est fausse », renchérit le politique et ancien colonel des Forces Armées d’Haïti.
Entre-temps, une interdiction de départ est prise contre Me André Michel.
Selon l’avocat Samuel Madistin, le Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj) avait émis une circulaire en date du 4 juillet 2012 pour dire que Lamarre Bélizaire n’était pas en droit de prêter serment.
Une objection, que le doyen du tribunal civil de première instance, Raymond Jean Michel, aurait rejetée, en permettant à Lamarre Bélizaire de prêter serment, en tant que juge, dans son bureau, le 11 juillet 2012, toujours d’après Samuel Madistin.
Ce dernier appelle le Cspj à démontrer, dans le cadre de ce dossier, « qu’il n’est pas l’esclave (du président Michel Joseph) Martelly ».
Le juge Lamarre Bélizaire s’était déplacé, en personne, avec des policiers nationaux, pour procéder à l’arrestation de Me. André Michel, dans son cabinet, le vendredi 26 juillet 2013, à la veille de la fermeture des tribunaux durant la période des festivités carnavalesques (du 28 au 30 juillet 2013).
Carlos Hercule, le bâtonnier du barreau des avocats de Port-au-Prince, dénonce un non-respect de la loi dans le cadre de ce dossier.
L’ordre des avocats de Port-au-Prince demande au juge d’instruction Lamarre Bélizaire, également membre du barreau, de « faire retrait du mandat d’amener contre Me. André Michel », et de se déporter du dossier, dans une résolution adoptée le lundi 5 août 2013.
Visa canadien octroyé à la femme du juge Jean Serge Joseph ?
La requête d’un visa canadien en faveur de Rachelle Acélat, la conjointe du défunt juge Jean Serge Joseph, aurait été finalement agréée par les services d’immigration canadienne, selon les informations circulant dans la presse à P-au-P.
Les funérailles du juge, décédé le samedi 13 juillet 2013, devraient être chantées le dimanche 04 août au Canada, où la dépouille a été transférée depuis le 22 juillet.
L’exposition du cadavre a été faite dans la soirée du vendredi 02 août dernier. Les parents du défunt disaient attendre l’arrivée, au Canada, de Rachelle Acélat pour organiser les obsèques.
Le juge était chargé d’instruire le dossier d’une plainte de corruption, déposée contre Sophia Saint-Rémy Martelly et Olivier Martelly, la femme et le fils du président.
Jean Serge Joseph subissait des pressions de la part de l’exécutif haïtien, suivant plusieurs témoignages.
Il est même question d’une rencontre, qui se serait déroulée, le jeudi 11 juillet 2013 (2 jours avant la mort du juge), et au cours de laquelle le président Martelly et le premier ministre Lamothe l’auraient menacé.
https://www.alainet.org/fr/active/66205?language=en
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