Attentisme face à une gestion abracadabrante
03/09/2013
- Opinión
La population nationale manifeste une apparence d’impassibilité face au mode de gestion, jugée irrégulière de l’administration politique actuelle, observe l’agence en ligne AlterPresse.
Il n’y a pas d’ouverture de l’année scolaire académique, en cette première semaine de septembre 2013. Le gouvernement a décidé de reporter la rentrée des classes au 1er octobre, pour des prétextes divers.
Le ministère de l’éducation nationale et de la formation professionnelle (Menfp) menace de sévir contre les établissements scolaires qui ouvriraient leurs portes au cours de ce mois de septembre.
Le système éducatif national est contrôlé à 80% par le secteur privé, y compris les écoles congréganistes, celles d’organismes religieux, d’organisations non gouvernementales et d’autres non publiques.
La date retenue étant le mardi 1er octobre 2013, les parents ne devraient pas avoir d’obligations de paiement d’écolage pour septembre, laisse entendre la direction générale du ministère de l’éducation nationale.
Est-ce un appel à une confrontation imminente entre parents et directions d’écoles privées, à compter d’octobre 2013 ?
Quid de la rémunération régulière des professeurs qui avaient établi des plans de cours pour le mois de septembre ?
Le Menfp évoque tout simplement la nécessité de recherche de stratégies pour récupérer les jours qui seront, de nouveau, perdus en septembre 2013.
La décision de report ignore carrément les planifications, déjà faites depuis avril 2013, et les spots du ministère annonçant l’ouverture des classes le 2 septembre.
Entre-temps, des milliers d’enfants et de jeunes sont forcés de se morfondre chez eux, durant un autre mois de vacances, faute de cohérence institutionnelle.
Le gouvernement essaie d’imposer ses vues antidémocratiques par la force, en brandissant l’éventualité de sanctions contre les écoles enregistrées au Menfp.
Les manuels scolaires subventionnés ne sont pas encore disponibles. Jusqu’à début septembre 2013, les contrats n’étaient pas encore conclus avec les fournisseurs…
Depuis 3 ans, contrairement aux promesses en faveur de l’éducation, aucune disposition institutionnelle n’est véritablement adoptée pour respecter les calendriers fixés, excepté pour les bamboches carnavalesques de juillet dites « carnaval des fleurs ».
Des initiatives de démolition des trottoirs existants sont prises en différents quartiers, sans aucun avertissement ni aucune notification préalables. De tels chantiers, qui traînent en longueur, affectent la circulation dans ces quartiers.
Le gouvernement parle de « changement » en Haïti qui « avance »…
Dans quelle direction ?
Un projet autocratique, afin de diriger le pays par décrets, avancent des politiques qui évoquent les assertions de « businessmen », sans cesse mises en avant par le président Joseph Michel Martelly et Laurent Salvador Lamothe.
Aucune reddition de comptes n’est faite sur l’utilisation des 5 milliards de gourdes [US $ 1.00 = 44.00 gourdes ; 1 euro = 60.00 gourdes aujourd’hui] de fonds d’urgence (après le passage du cyclone Sandy à la fin de 2012), ni sur les prévisions budgétaires publiques quant à la multiplication de voyages somptuaires à l’étranger aux frais de l’État.
Environ 89 personnes auraient composé la délégation d’Haïti, présente à la Carifiesta de Surinam en août 2013. Combien d’argent public a été dépensé à l’occasion ?
Autre préoccupation sociale : le sévère rationnement d’énergie publique depuis plusieurs semaines. Aucune explication n’est fournie, sauf une brusque mise à pied de la directrice générale de la compagnie d’Etat « l’Électricité d’Haïti (Edh) ». L’ancienne directrice de l’Ed’H aurait refusé de souscrire à certaines demandes gouvernementales…
En trois ans, les prix des biens essentiels à la consommation ont subi des hausses substantielles (http://www.alterpresse.org/spip.php...), suivant les données disponibles.
Le projet de budget 2013-2014, non encore sanctionné par le sénat, prévoit des taxes sur la vente de bétail, les pièces de rechange de véhicules et d’autres produits. Plusieurs sénateurs annoncent leur intention de rejeter cette loi de finances, déjà votée par une majorité de députés favorables au gouvernement.
« Budget criminel », « document maladroit », « budget truffé d’anomalies », « budget antinational »... les qualificatifs et étiquettes pleuvent de tous les secteurs pour parler de cette loi de finances 2013-2014.
Les dossiers judiciaires semblent avancer à l’aune de la vision du gouvernement qui, tente par tous les moyens, d’exercer une mainmise sur l’appareil de justice. Après les rapports de deux commissions ad hoc (du sénat et de la chambre des députés) demandant la mise en accusation du président Joseph Michel Martelly et de son premier ministre Laurent Salvador Lamothe, c’est le silence sur les circonstances de la mort du juge Jean Serge Joseph le samedi 13 juillet 2013.
Le conseil supérieur du pouvoir judiciaire (CSPJ) n’a pas, jusqu’à présent, formulé ses conclusions d’enquête sur la mort du juge Joseph.
Au fort des scandales, qui marquent l’actuelle administration politique depuis 2011, des doutes persistent sur une volonté réelle du gouvernement à favoriser la tenue d’élections crédibles avant la fin de 2013.
Il se profile des velléités gouvernementales de dissoudre le parlement en janvier 2014 ainsi qu’un plan visant à modifier drastiquement le régime politique par la mise en place d’une nouvelle assemblée constituante…
L’actuelle administration politique projetterait d’attenter à la vie de différents sénateurs de la république, dénonce, en dernière heure, le sénateur John Joël Joseph qui appelle la population à la vigilance et à la mobilisation pour mettre fin à l’actuel régime.
Incertain, l’automne 2013 risque d’être accompagné de soubresauts et de turbulences aux conséquences imprévisibles en Haïti.
https://www.alainet.org/fr/active/67087
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