Les victimes de son régime continuent de crier « justice »

Trois ans après le retour de l’ex-dictateur

16/01/2014
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Trois ans après le retour de l’ex-dictateur Jean Claude Duvalier (1971-1986) au pays le 16 janvier 2011, les victimes de son régime n’ont pas encore obtenu justice. Mais elles se disent déterminées à faire aboutir leurs plaintes, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.
 
Exprimant leur suspicion face au gouvernement actuel, ces victimes manifestent leur détermination à lutter pour empêcher Duvalier d’échapper à la justice haïtienne, dans des interviews accordées à AlterPresse.
 
« Personne ne peut faire disparaître la détermination des victimes à lutter pour la justice. Nous ne combattons pas pour notre profit personnel, mais pour la justice et la vérité », affirme, avec fermeté, Alix Fils-Aimé, l’une des victimes du régime de Duvalier.
 
Depuis mai 2013, la procédure judiciaire - entamée contre Duvalier pour les crimes commis en Haïti - est au point mort.
 
L’ex-dictateur est poursuivi pour crimes économiques et crimes contre l’humanité depuis son retour en Haïti, après un exil de 25 ans en France.
 
Le conditionnement de la justice ainsi que sa banalisation sont à l’origine du blocage de l’affaire Duvalier, critique, de son côté, une autre victime Dre. Nicole Magloire affirmant que « Duvalier reste un dictateur et on ne peut légitimer ce fait ».
 
Le gouvernement actuel veut légitimer l’ancienne dictature de l’ex-président à vie d’Haïti, Jean Claude Duvalier, à l’encontre de tout ce qui existe comme fondement démocratique, dénonce Magloire, réagissant, à AlterPresse, sur la présence de l’accusé à la cérémonie officielle des 210 ans d’indépendance d’Haïti dans la ville des Gonaïves (Artibonite / Nord), le 1er janvier 2014.
 
Était également présent, à cette cérémonie du 1er janvier 2014, le proche allié de Jean-Claude Duvalier, l’ancien président militaire Prosper Avril (septembre 1988 - mars 1990).
 
Ayant pris le pouvoir à la suite d’un coup d’État militaire en 1988, Avril a dirigé le pays jusqu’en mars 1990, quand il démissionna devant les contestations de différents secteurs nationaux.
 
L’invitation de Duvalier et d’Avril était importante pour promouvoir la réconciliation nationale, a justifié le président Michel Martelly.
 
« Il ne peut y avoir de réconciliation en dehors de la vérité et de la justice », précise Alix Fils-Aimé, mettant en garde les personnes qui veulent, dit-il, court-circuiter l’histoire en cachant la vérité sur les crimes commis par Duvalier.
 
Questionné par AlterPresse, Fils-Aimé qualifie l’attitude de Martelly comme une insulte aux victimes et un manque de respect pour la vérité historique.
 
La dictature duvaliériste est responsable, en grande partie, des nombreux maux qui affectent le pays en ce moment, avance Fils-Aimé, arrêté en avril 1976 sous le chef d’accusation de complot contre le régime de Duvalier.
 
Lors de son arrestation, Alix Fils-Aîmé travaillait comme technicien agricole à Carice (Nord-Est d’Haïti).
 
« La justice haïtienne actuelle est faible, malade et très souvent entachée de beaucoup de corruption », déplore Nicole Magloire, tout en appelant à continuer la lutte contre l’impunité.
 
Âgée maintenant de 75 ans, Dre. Nicole Magloire a été arrêtée, de façon arbitraire, à son domicile, le 28 novembre 1980.
 
Elle a été emprisonnée pendant cinq jours, puis contrainte à l’exil au Canada, où elle résidera jusqu’à la chute du régime (7 février 1986), soit pendant six ans.
 
Magloire a été auditionnée le jeudi 14 mars 2013, à la cour d’appel de Port-au-Prince.
 
« La justice haïtienne est traumatisée et dépendante du pouvoir exécutif », fustige, pour sa part, Robert Duval, l’un des plaignants au procès de Duvalier.
 
Est-ce qu’il y a une volonté réelle d’avancer à ce dossier ? se demande Duval rappelant que cela fait plusieurs mois que les plaignantes et plaignants ont été auditionnés.
 
Le gouvernement a une responsabilité juridique dans l’affaire, fait remarquer Duval à AlterPresse.
 
Fils-Aimé et Duval ont été entendus à la cour d’appel, le jeudi 7 mars 2013, dans le cadre des poursuites engagées contre l’ancien dictateur Jean-Claude Duvalier pour crimes contre l’humanité.
 
Plusieurs observateurs critiquent la lenteur, cumulée dans l’affaire Duvalier, dont le verdict final tarde encore.
 
Le manque de volonté politique, enregistré dans le cadre de ce dossier judiciaire va permettre au dictateur d’’échapper à la justice haïtienne pour des violations de droits humains, craignent Amnesty International et Human Rights.
 
Successeur de son père François Duvalier (22 septembre 1957 - 21 avril 1971) Jean-Claude Duvalier (22 avril 1971 - 07 février 1986) a instauré un régime de terreur en Haïti, jusqu’à sa chute, le vendredi 7 février 1986, sous la pression populaire.
 
 
https://www.alainet.org/fr/active/70668?language=en
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