La situation des migrantes et migrants d’Haïti au Brésil

28/08/2014
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P-au-P, 29 août 2014 [AlterPresse] --- La plateforme Groupe d’appui aux rapatriés et réfugiés (Garr) attire l’attention des autorités haïtiennes sur la situation « dégradante et humiliante » des migrantes et migrants, en provenance d’Haïti, au Brésil, lors d’une conférence de presse, donnée ce jeudi 28 août 2014 et à laquelle a assisté l’agence en ligne AlterPresse.
 
Actuellement, la quantité de migrantes et migrants haïtiens, recensés par les autorités brésiliennes, est estimée entre 35 à 40 mille, pour la période de 2010 à date (août 2014), alors que beaucoup d’autres ne sont pas recensés par l’Etat brésilien, rapporte une délégation de Garr qui a effectué une mission d’observation, du mercredi 13 août au mercredi 20 août 2014, au Brésil.
 
Les migrantes et migrants haïtiens vivent dans des conditions infrahumaines. Ne parlant pas la langue portugaise, ils éprouvent des difficultés à se loger.
 
« Certains d’entre eux se sont réfugiés dans un centre à São Paulo, qui a accueilli plus de 350 Haïtiens, en plus d’Africains issus de plusieurs pays, notamment du Congo. La promiscuité est alarmante. Il y a une absence d’infrastructures sanitaires et de services d’accueil. L’Etat brésilien ne leur donne aucun accompagnement, surtout lorsque les migrantes et migrants arrivent pour la première fois à São Paulo », dénonce Philippe Jean Thomas, président du conseil d’administration de Garr.
 
90 % des migrantes et migrants, rencontrés dans le cadre de la mission d’observation de Garr, sont âgés entre 18 à 34 ans.
 
Ce qui explique que la population, qui a laissé Haïti pour se rendre au Brésil, est très jeune.
 
Parmi ces migrants, certains sont des professionnels, qui détiennent des licences dans des domaines comme l’ingénierie, le droit, la maçonnerie, ébénisterie.
 
D’autres ont une licence en théologie.
 
« Après avoir tiré de leurs petites économies de fortes sommes pour payer leurs droits de passage, ces migrantes et migrants se retrouvent comme des prisonniers au Brésil », déplore l’observateur de Garr.
 
Lorsqu’ils respectent les procédures légales, en obtenant un visa d’un consulat brésilien, le voyage peut leur coûter plus de 1,500.00 dollars américains (soit près de 200.00 dollars américains pour les frais de visa et près de 1,300.00 dollars américains pour les frais de ticket (US $ 1.00 = 46.00 gourdes ; 1 euro = 65.00 gourdes aujourd’hui).
 
Pour les autres catégories de voyageuses et voyageurs, qui ne suivent pas les procédures régulières, les dépenses avoisineraient plus de 2,500.00 dollars américains, par personne, pour un visa permanent, sans compter les montants d’argent destiné à l’achat des tickets et aux autres frais.
 
En choisissant divers parcours pour atteindre le Brésil, les migrantes et migrants mettent leur vie en danger, signale la plateforme Garr.
 
Ils passent en République Dominicaine, afin de se rendre au Pérou, traversant l’Equateur pour atteindre le territoire d’Acre, un Etat brésilien qui se trouve dans le Nord du Brésil et baigné par la rivière de Rio Branco.
 
Les femmes sont davantage victimes de cette situation, puisqu’elles sont en maintes fois, violées, rançonnées, battues, par les organisateurs des voyages clandestins, les passeurs.
 
Beaucoup de femmes en ressortent avec des maladies sexuellement transmissibles (Mst).
 
Aujourd’hui, en août 2014, la situation des migrantes et migrants haïtiens, résidant au Brésil, défraye la chronique à cause de leurs mauvaises conditions de vie.
 
Cette réalité a commencé à exister au lendemain du tremblement de terre du 12 janvier 2010, quand l’Etat brésilien a permis à des Haïtiennes et Haïtiens d’immigrer au Brésil.
 
Pour s’y rendre, plusieurs compatriotes ont liquidé leurs biens, dont le bétail.
 
En moins de deux ans, l’ambassade du Brésil en Haïti affirme avoir donné près de 2 mille visas aux Haïtiennes et Haïtiens.
 
Un chiffre apparemment insignifiant, vu le nombre d’Haïtiennes et d’Haïtiens qui ont utilisé des passeurs, via la République Dominicaine, pour gagner le Brésil, dénonce la plateforme Garr.
 
Dans la capitale et d’autres villes d’Haïti, de nombreuses citoyennes et de nombreux citoyens se laissent envôuter par des passeurs qui leur font miroiter, en contrepartie de fortes sommes d’argent, des possibilités de se rendre au Brésil, sans visa, en passant par d’autres pays des Caraïbes et d’Amérique latine, suivant des témoignages recueillis par AlterPresse.
 
Les autorités en Haïti doivent établir de véritables programmes sociaux, susceptibles d’encourager la population à rester chez elle, en planifiant des plans constructifs d’avenir, recommande la plateforme Garr.
 
L’adoption de dispositions significatives, en faveur de la création d’emplois productifs, serait alors de nature à prévenir la fuite d’Haïtiennes et d’Haïtiens, qui vont subir des humiliations et vexations en pays étrangers.
 
La loi sur la lutte contre la traite et le trafic humain (publiée le 2 juin 2014, après le vote du parlement) doit être également appliquée.
 
La plateforme Garr tire cette sonnette d’alarme à la suite de sa mission d’observation, effectuée, du mercredi 13 août au mercredi 20 août 2014, au Brésil, dans la perspective d’obtenir des éléments d’information sur la problématique migratoire et les conditions de fonctionnement de milliers d’Haïtiennes et d’Haïtiens dans ce pays sudaméricain.
 
La délégation a été composée de deux membres du conseil d’administration de la plateforme Garr, le président Philippe Jean Thomas et le conseiller, le révérend père catholique romain Yves Edmond.
 
29 août 2014
https://www.alainet.org/fr/active/76620?language=en
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