Des organisations du mouvement social minimisent la démission de Lamothe
16/12/2014
- Opinión
Plusieurs organisations du mouvement social haïtien minimisent la portée de la démission, dans la nuit du 13 au 14 décembre, du premier ministre Laurent Lamothe, marquant une apparente accélération des évènements dans le contexte de crise en Haïti.
Ces organisations, consultées par AlterPresse, estiment que cette démission ne modifie que très superficiellement le statuquo, même si un pas a été franchi dans le cadre de la lutte démocratique.
Il s’agit en fait d’une « réorganisation, un réajustement du bloc au pouvoir des classes dominantes », croit Didier Dominique du syndicat Batay Ouvriye (Lutte ouvrière).
Il perçoit cependant dans la conjoncture actuelle des avancées dans la préservation des libertés démocratiques.
Depuis plusieurs semaines des manifestations antigouvernementales se multiplient à Port-au-Prince et dans d’autres villes.
Des consultations de divers secteurs par le président Michel Martelly ont abouti à la formation d’une commission consultative qui a recommandé, entre autres, la démission de Lamothe, pour sortir de l’impasse électorale et éviter un vide parlementaire à partir de janvier 2015.
« Les classes populaires ne doivent pas prendre cette démission pour une grande victoire », selon Evrard Jean Charles de l’Association de communicateurs et communicatrices populaires (Akp).
« Il faut qu’elles s’organisent pour obtenir le départ du président Martelly également », propose Jean Charles qui met « les masses » en garde contre les « politiciens traditionnels ». Ces derniers attendraient la chute de l’actuel pouvoir pour se faufiler comme les « futurs serfs » de la communauté internationale.
Incertitudes
Malgré le peu d’effets du départ de Lamothe dans la société civile, la sociologue féministe Danielle Magloire concède que la « conjoncture est peu claire ».
Ce qui est certain, selon elle, c’est que « l’après Lamothe ne changera pas la donne ».
En tout cas, une certaine accélération est constatée dans la mise en œuvre par l’exécutif des recommandations de la commission présidentielle consultative.
Au moins 3 des personnes incarcérées et considérées par l’opposition comme des « prisonniers politiques » ont été libérées.
A l’agenda du 15 décembre de Martelly, il y avait des rencontres avec le Conseil électoral provisoire (Cep), les présidents des deux chambres et celui du Conseil supérieur du pouvoir judiciaire (Cspj).
De nombreuses questions demeurent pendantes : l’avenir du pouvoir de Martelly est-il assuré ? Les manifestations de rue de l’opposition vont-elles faire moins de recettes ?
Quel sera le sort du parlement haïtien ? Le chaos redouté pour janvier 2015 sera-t-il évité ? Les acteurs politiques haïtiens, ont-ils le contrôle ? Qu’en est-il de l’influence de la communauté internationale ?
16 décembre 2014
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