Bush : le Pouvoir et l'Obéissance

12/10/2002
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C'est déjà presque un lieu commun de dire qu'avec l'avancée des processus globalisateurs les instances de délibération et de décision politique tendent à disparaître, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur des nations. S'il en est ainsi, cela signifie qu'une des tâches politiques les plus importantes de notre temps consiste non seulement à revitaliser ces relations mais aussi à en créer d'autres là où elles n'existent pas (Mires 2000). Sinon, ces relations seront peu à peu remplacées par des instances non politiques qui, en général, utilisent la violence comme mode de communication avec « les autres ». Autrement dit, il s'agit de créer des relations de pouvoir là où tend à s'imposer la violence. Il est important de parler ici de relations de pouvoir, car, alors que la politique est basée sur des relations de pouvoir, la violence ne se base sur aucune relation, et c'est cette différence et pas une autre qui constitue le point essentiel qui sépare la violence du pouvoir. Il n'existe pas de relations de violence, alors qu'il existe des relations de pouvoir. La violence se caractérise fondamentalement par la destruction de toute relation, ou, si on préfère, la violence est l'absence de toute relation. C'est la thèse que j'essayerai de défendre ici, en l'illustrant de façon détaillée avec la nouvelle doctrine que représente l'administration Bush concernant le renversement par la guerre de gouvernements ennemis, d'une part, et la déclaration de guerre au prétexte d'une supposée (et presque toujours imaginaire) prévention, d'autre part. Cette doctrine confond, à mon sens, la notion de pouvoir avec celle de violence et, par là même, il s'agit d'une doctrine essentiellement anti-politique. Un sujet très actuel Cette distinction si importante entre violence et pouvoir est l'une des grandes dettes théoriques de la pensée politique de notre temps vis-à-vis de la philosophie politique d'Hannah Arendt (1996). C'est précisément l'incapacité à faire cette distinction fondamentale qui a amené tant de gouvernements latino-américains à recourir à la violence comme mode de pouvoir, détruisant ainsi les relations de pouvoir dont lesdits gouvernements étaient issus. A l'inverse, c'est ce même malentendu qui a amené des oppositions politiques à opter pour la « lutte armée », ce qui a fini à la longue par les isoler des cadres de la communication politique (il existe de très nombreux exemples). Là où il n'y a pas de relations, il n'y a pas de pouvoir, seulement de la violence. Là où il n'y a pas de relations de pouvoir, il n'y a pas de politique. Là où il n'y a pas de politique, il n'y a pas de polis, mais il y a une police. Les nations, mais aussi l'ordre international, doivent choisir d'être régis soit par des règles politiques, soit par des règles policières. Ceci constitue l'une des principales alternatives du présent. La distinction d'Arendt entre violence et pouvoir est valable pour les processus de construction politique à l'intérieur des espaces nationaux mais aussi internationaux. Le sujet est très actuel. Car les nations où ne prédominent pas les relations de pouvoir ont tendance à privilégier la confrontation violente par rapport au dialogue politique vis-à-vis des autres nations. En revanche, il est plus difficile qu'il y ait une guerre entre deux démocraties. Il n'y en a presque jamais eu dans l'histoire. Les nations où dominent les structures anti-démocratiques (dictatoriales et totalitaires), de la même façon qu'elles ont déclaré la guerre interne à la démocratie, ont tendance, lorsque se présente une « vacance du pouvoir », à privilégier les moyens de lutte violents pour résoudre leurs antagonismes, et ne recourent aux moyens politiques que lorsqu'elles sont en situation d'infériorité militaire. Par conséquent, la démocratie interne sera toujours la condition de la paix. Seules les nations qui ont réussi à vivre en paix avec elles-mêmes peuvent vivre en paix avec les autres. Plus difficile à résoudre est le problème des relations entre les nations qui ont atteint un niveau politico-démocratique et celles qui ne l'ont pas atteint. Dans ce sens, la règle qui amène les nations démocratiques à faire usage de la violence est l'agression directe (comme ce fut le cas de la guerre des Etats-Unis et de l'UE au nom de l'ONU avec les talibans en Afghanistan) ou bien la défense d'une nation ou d'un peuple agressés, ou sur le point de l'être, par un Etat (cas du Koweit dans la guerre du Golfe, ou de la population albano-kosovar dans la guerre de l'ex- Yougoslavie), mais en aucun cas un mécanisme de prévention comme le dit la dernière doctrine Bush, puisque la prévention ne peut exister que si quelqu'un connaît les énigmes du futur ; et personne sauf à être Dieu -et j'ai l'impression que Bush ne l'est pas- ne les connaît (peut-être Dieu non plus car il est bien possible que ce Dieu n'existe pas). Reste cependant un problème additionnel qui marquera sans doute les temps à venir. Que peut-il arriver si une nation intérieurement démocratique en vient à accumuler un potentiel de violence très supérieur à celui des autres nations, démocratiques ou non ? C'est la situation actuelle des Etats-Unis. Ces Etats-Unis difficiles Il y a deux alternatives : la première c'est que les pouvoirs démocratiques internes des Etats-Unis arrivent à imposer une sorte d'auto-limitation dans la politique extérieure nord américaine, ou, ce qui revient au même, que la démocratie interne soit un frein aux initiatives militaires qui doivent avoir lieu dans l'espace non encore démocratisé qu'est la politique internationale. Et si de toutes façons elle est dépassée par l'équipe belliciste nord-américaine, la deuxième alternative c'est que les nations représentées aux Nations-Unies (toutes républicaines, bien que pas toutes démocratiques) empêchent, ou du moins limitent, le potentiel d'agression de l'administration Bush. Or, si même cette opposition internationale est dépassée par les Etats-Unis, cela signifierait que l'administration Bush commencerait le retour à un monde international non politique dans lequel règne la seule raison des bombes, ou, ce qui revient au même, que Bush renoncerait à l'exercice international du pouvoir politique pour le remplacer par la violence qui, par définition, n'est pas politique. Le prix en est généralement très élevé. Nixon l'a payé. Les quantités du pouvoir Pour afiner un peu plus l'idée de la relation antagonique entre le pouvoir et la violence, quelques précisions sont nécessaires : Le pouvoir dépend avant tout de quantités (de personnes dans les relations nationales, d'Etats dans les relations internationales). Un petit groupe non violent ne peut imposer ses conditions à personne. Un grand groupe, ou une majorité, si. Un petit groupe armé peut, momentanément, imposer ses conditions à des gouvernements, mais ceci ne signifie pas qu'il ait le pouvoir. Arendt précisait : « Le cas extrême du pouvoir est celui de la constellation tous contre un. Le cas extrême de la violence est celui de la constellation un contre tous. Et ce dernier est, sans instruments, c'est-à-dire sans moyens de violence, impossible » (ibid, p. 43). Le pouvoir n'est pas au bout du fusil, comme disait Mao. Quoique, dans certains cas, le fusil puisse venir du pouvoir, ajouterai-je. Ceci signifie que, bien que s'agissant de deux phénomènes distincts, ils se complètent parfois. Mais il est plus probable que la violence se nourrisse du pouvoir (ou des majorités) que le pouvoir de la violence. Le pouvoir peut légitimer la violence. La violence ne peut jamais légitimer le pouvoir. Le cas des pilotes kamikases de New York est exemplaire : rarement un groupe aussi réduit a réussi à accumuler une telle capacité d'agression et de violence. Que le pouvoir dépende des nombres ne signifie pas pour Arendt, et loin de là, que le pouvoir soit plébiscitaire. C'est pour cela que, avec des auteurs tels que Montesquieu, Kant, Tocqueville, Mill et Schmitt, Arendt se prononce contre la démocratie purement « majoritaire » puisque la dictature de la majorité, ou ce qui revient au même, une dictature qui s'appuie sur la majorité (et il y en a eu de nombreuses) sont des réalités assez éloignées de l'idéal démocratique. Cela veut dire que les nombres n'ont un sens politique que s'ils sont précédés de la délibération, c'est-à-dire d'antagonismes résolus par l'argumentation dans un espace de projection et de transferts collectifs qui est celui de la politique. Si nous comprenons bien les thèses d'Hannah Arendt, le pouvoir n'est pas donné à l'avance, il se conquiert de façon partielle et momentanée à travers des processus d'accumulation de forces, de votes, ou de volontés. De sorte que le pouvoir, surtout si on lutte pour le pouvoir dans des cadres démocratiques, ou pour le moins républicains, n'est jamais acquis définitivement par personne. Arent dit : « Le pouvoir correspond à la capacité humaine non seulement d'agir ou de faire quelque chose, mais aussi d'agir avec les autres et en accord avec eux » (ibid, p. 45). D'où le fait que la domination totale, ou le totalitarisme, en éliminant ou en inhibant les initiatives collectives qui tentent d'obtenir le pouvoir ou une part du pouvoir, c'est-à-dire en éliminant les possibilités d'agir politiquement par et à l'intérieur d'un jeu de pouvoirs, finit par annuler la notion même de pouvoir. Et la possibilité collective de lutte pour le pouvoir étant éliminée, seul reste un territoire vide de politique où la violence fait son entrée en grande pompe. La mort du pouvoir Alors la violence non seulement ne résulte pas du pouvoir, mais elle s'impose sur son inexistence, ou sur sa mort. Sans pouvoir, il n'y a pas de politique. Mais on doit ajouter : sans politique, il n'y a pas de pouvoir politique. Si le pouvoir politique est mis hors jeu, même si c'est par une majorité, en refusant aux minorités la lutte pour le pouvoir, c'est-à-dire la possibilité d'être parfois majoritaires, la politique prend fin et avec elle le pouvoir lui-même, pour être remplacé, tôt ou tard, par la violence pure ou simplement par cette terreur qui laisse voir dans toutes ses dimensions la cruauté sans limites de l'être humain quand aucune borne ne la contient. Pour que le pouvoir existe, la majorité suffit (de citoyens dans une nation, d'Etats dans les relations internationales). Pour que le pouvoir existe comme pouvoir politique, il est nécessaire que personne -ni même la majorité ou ses représentants- ne soit l'occupant définitif de tous les espaces du pouvoirs, car si ces espaces sont définitivement occupés, il n'y a plus de place pour la politique en tant que moyen de conquérir plus de pouvoir. Le pouvoir politique existe dans la mesure où on lutte pour l'obtenir. Le pouvoir totalement acquis n'est déjà plus un pouvoir politique. C'est un pouvoir pur qui, exempt de politique, doit être remplacé, tôt ou tard, par la simple violence. « La politique commence ici, précisément où s'arrête la guerre » (Mires, 2001). Cela veut dire, à son tour, que la guerre, dans un monde politique, doit commencer précisément là où s'arrête la politique. Mais bien sûr -pour poursuivre l'exemple déjà exposé- même dans le cas où le président Bush arriverait à imposer le militaire au politique (cas de l'Irak), la possibilité de résister politiquement à ladite imposition demeure, aussi bien de l'intérieur que de l'extérieur des Etats-Unis, comme ce fut le cas lors de la guerre du Vietnam. La guerre du Vietnam fut perdue par les Etats-Unis non seulement au Vietnam, mais aussi en Europe et surtout aux Etats-Unis mêmes, de la même façon que la guerre d'Afghanistan fut perdue par l'URSS à la fois en Afghanistan et à Moscou. Dans la démocratie moderne, le pouvoir, comme l'écrit Lefort, « devient un espace vide ». C'est pourquoi Lefort affirme que la société moderne est « une société dans laquelle le pouvoir, le droit et le savoir sont exposés à une indétermination radicale, une société qui est devenue le théâtre d'une aventure incontrôlable, de façon à ce que l'institué ne puisse jamais être l'établi ; le connu reste en permanence indéterminé par l'inconnu, et le présent résiste à toute détermination » (Lefort, 1986, p. 305). Cela signifie que pour que la lutte politique pour le pouvoir (qui est, je le répète, l'objectif de la politique) existe, il faut que personne ne soit en position d'avoir le dernier mot sur le pouvoir, ou, ce qui revient au même, qu'il demeure toujours un reste de pouvoir à prendre, ou encore, comme le dit Laclau, qu'il s'ouvre un espace « d'indicibilité » dans lequel, le dernier mot n'étant jamais prononcé, le pouvoir puisse continuer à se reproduire dans ses formes les plus multiples et variées (Laclau, 1990, p. 172). Mais « faire de la politique » ne signifie pas seulement désirer le pouvoir, mais également, en conséquence, risquer de le perdre, chose qui aux Etats-Unis est acceptée à l'intérieur mais jamais à l'extérieur. Personne ne gagne le pouvoir sans que quelqu'un ne le perde. Occuper des positions de pouvoir n'est possible que par le déplacement d'adversaires qui occupent des zones de pouvoir. Parce que la politique est faite par les vainqueurs mais aussi par les perdants. S'il n'y avait que des vainqueurs, c'est-à-dire si le pouvoir était réparti mathématiquement et équitativement une fois pour toutes, la lutte pour le pouvoir s'achèverait définitivement et avec elle la politique puisque la politique est le moyen non militaire d'accéder au pouvoir-que-l'on-a-pas, car si on l'avait il n'y aurait pas à y accéder. Ce serait un pouvoir inaccessible, comme seul l'est le règne des cieux. Ou comme dans l'enfer totalitaire où les sièges du pouvoir sont entourés de murs et de fils de fer barbelés ; ou comme dans les anciennes (anciennes ?) dictatures latino-américaines, quand des généraux abrutis se mettent au milieu de cet espace vide qu'est le pouvoir politique qui, pour qu'il y ait politique, doit rester vide, ou du moins ne doit jamais être occupé de façon définitive. En laissant de côté le règne des cieux, ce qui est sûr c'est que les règnes terrestres (qu'ils soient absolus, totalitaires ou dictatoriaux) n'ont jamais réussi à supprimer la politique, tout au contraire, ils l'ont rendu possible, mais contre eux. L'idée de liberté ne peut naître que de l'oppression qui la nie. Les contre-pouvoirs ne surgissent que du pouvoir établi dont ils combattent l'hégémonie absolue ; ce n'est que de la prise de conscience du non-pouvoir que vient l'idée du pouvoir qui, si elle s'installe dans un agir ensemble qui progresse numériquement, se convertit en lutte politique pour le pouvoir. D'où le fait que la politique se nourrit des inégalités et des différences ou, autrement dit, que par sa pratique non seulement on recherche l'hégémonie, mais on tombe aussi dans la subordination, et en même temps, ce n'est qu'à partir d'une position subalterne que l'hégénomie peut être recherchée (désirée). Il n'y a pas d'alternative. Politique et obéissance En résumé, la politique (tant nationale qu'internationale) ne vit pas de l'ordre, mais d'acteurs qui se déplacent continuellement, parfois unis, parfois séparés, bien que s'affrontant presque toujours, au milieu d'antagonismes qui ne rentrent pas dans le jardin idilique de la « société plurielle » proclamée par les idéologies libérales. Le pluralisme en soi ne garantit rien s'il ne permet pas les antagonismes qui doivent nécessairement être présents dans toute pluralité, qu'elle soit nationale ou internationale. Même des dictateurs garantissent un minimum de pluralisme politique (Kadaffi, Hussein, entre autres). Ce qu'ils ne peuvent jamais garantir, à moins de cesser d'être des dictateurs, c'est l'antagonisme politique. Parce que, en vérité, un pluralisme politique qui n'accepte pas l'antagonisme n'a aucun sens, de la même façon que l'antagonisme sans pluralisme serait la guerre et non la politique. Même si certaines dictatures garantissent la liberté de culte, cela ne veut rien dire si les croyants n'ont pas la possibilité de s'organiser politiquement, quand bien même ce ne serait que contre le Diable. Une communauté politique qui garantit non seulement la pluralité mais aussi l'antagonisme dans la pluralité est nécessairement asymétrique du point de vue politique, ce qui signifie qu'il s'établit à l'intérieur -pour continuer avec le vocabulaire d'Hannah Arendt- non seulement des relations d'hégémonie et de subordination, mais aussi, qu'on le veuille ou non, de commandement et d'obéissance. Sur ce point, Arendt raisonne presque psycho-analytiquement, en argumentant qu'il existe des prédispositions qui poussent certains individus à occuper des postes de pouvoir et d'autres à accepter des positions plutôt marquées par l'obéissance (Arendt, 2000, p. 159). L'obéissance est dans de nombreux cas une condition de l'adaptation sociale dont nous avons besoin, d'une façon ou d'une autre, pour continuer de vivre ensemble. C'est pour cela que l'obéissance est inscrite dans notre conscience de façon bien plus profonde que la déobéissance même, puisque cesser d'être infantile pour devenir adulte suppose un long processus de socialisation qui n'est possible qu'en obéissant d'abord aux parents, ensuite aux maîtres d'école et enfin à des juges et des experts (en général nous obéissons au médecin qui nous prescrit une dose de comprimés pour soulager une douleur ou pour prolonger un tant soit peu notre vie si précieuse). Mais l'obéissance à ceux que nous acceptons comme -ou à qui nous accordons une- autorité légitime et/ou traditionnelle, ou l'obéissance à la Constitution et aux lois, ou enfin l'obéissance au policier qui règle le trafic, est différente de l'obéissance à un tyran qui s'imagine maître d'un pays, qui gouverne par décret et qui nous fait entendre des discours de quatre ou cinq heures parce qu'un jour il s'est mis dans l'idée, dans son petit cerveau, qu'il parlait au nom de l'histoire. Pas plus qu'à un président qui s'imagine maître du monde seulement parce que son pays possède plus de bombes que les autres. En même temps, si nous n'obéissons pas au Droit (qu'il soit national ou international), sans nous être déclarés -de façon associative- contre ce Droit, par une décision de désobéissance civile, nous devons en payer les conséquences. Puisque faire de la politique, encore une fois, signifie accepter un jeu de pouvoirs dans lequel il est possible d'occuper tantôt des positions hégémoniques et tantôt des positions de subordination. Or, au moment où j'écris ces lignes, le Président Bush est sur le point de désobéir à certaines règles du Droit International, en accord avec sa doctrine très particulière constituée de maximes fondées sur l'obéissance pure à un pouvoir qui n'est pas légitimé ni par le nombre, ni par les lois et qui, en cela même, est plus violence que pouvoir. Ceci, dans un monde politique, ne peut être possible. Dans le cas du jeu politique international, l'obéissance ne peut être consentie à des Etats, et encore moins à des personnes qui administrent ou occupent des Etats, mais à des institutions qui représentent, ou simplement symbolisent, les droits et les obligations que nous avons créés à travers les siècles pour passer de la barbarie à la culture et de la culture à la politique. Si l'administration américaine, par exemple, décide de passer par-dessus ces institutions pour remplir une mission que personne ne lui a confiée, celle de renverser par les bombes des gouvernements qu'elle suppose ennemis, aussi dictatoriaux et même criminels soient-ils, il ne reste plus aux autres nations démocratiques d'autre alternative que de désobéir à l'impératif de la violence pour restaurer un pouvoir qui, dans les conditions actuelles, ne peut être que politique. Il y a déjà des nations européennes qui optent pour la désobéissance au niveau international. Bush devra compter avec ce nouveau phénomène. Références : Arendt, Hannah, Macht und Gewalt, Piper, München, 1996. Arendt, Hannah, Zwischen Vergangenheit und Zukunft, Piper, München, 2000. Lefort, Claude, Essais sur la politique, Le Seuil, Paris, 1986. Laclau, Ernesto, News Reflections on the Revolution of our Time, Verso, London, 1990. Mires, Fernando, Teoria politica del nuevo capitalismo, Nueva Sociedad, Caracas, 2000. Mires, Fernando, El fin de todas las guerras, LOM, Santiago de Chile, 2001. Traduit de l'espagnol par ALAI.
https://www.alainet.org/fr/articulo/108186
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