La liberté d’expression et de rassemblement bafoués pendant les réunions de la Banque mondiale et FMI à Singapour

27/09/2006
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La Via Campesina condamne les listes noires, les détentions et les expulsions à Singapour Plus que 80 représentants de mouvements sociaux et d’organisations de la société civile, qui avaient l’intention de participer aux événements pendant la réunion annuelles de la Banque mondiale et du FMI, ont été obligés de renoncer à leur participation. Selon nos informations, 27 personnes accréditées par la Banque mondiale et le FMI pour participer à leurs meetings annuels ont été mises sur une liste noire par le gouvernement de Singapour, soi-disant pour « des raisons de sécurité, du respect de la loi et de maintien de l’ordre ». Au moins 54 individus venant de 17 organisations – qui n’étaient pas, à priori, sur une liste noire – ont été détenus à l’aéroport de Singapour pendant plusieurs heures, sans explication, soumis à des interrogatoires, et nombre d’entre elles ont mpeme été expulsées. Plusieurs de ces victimes ont affirmé avoir été l’objet d’harassement, de privations de sommeil et de manque de nourriture pendant leur détention. Irma Yanni et Achmad Ya’kub, qui travaillent tous les deux pour la Fédération paysanne indonésienne (FSPI), membres du mouvement paysan international La Via Campesina ont été détenus par les autorités de Singapour la nuit du 17 septembre à l’aéroport international de Changi. Ils ont été interrogés pendant 14 heures puis expulsés le matin suivant vers Jakarta. « Nous ne faisions rien d’illégal ou de criminel. Nous voulions juste préparer une conférence de presse afin de présenter notre critique des politiques de la Banque mondiale et le FMI. Les paysans comptent parmi les principales victimes de ces politiques. Ces dernières s’emparent des terres, des semences et des réserves en eau. « Nous voulions juste faire entendre la voix des paysans mais nous avons été muselés », a affirmé Irma Yanni. Plus de trois milliards de personnes vivent dans des zones rurales, parmi lesquelles beaucoup sont violemment expulsées de leurs terres et perdent l’accès à leurs moyens d’existence. De grands projets de développement comme les grands barrages, des projets d’infrastructure, des industries minières ou des projets touristiques, ont déplacé les populations locales et détruit leur structure sociale ainsi que leurs ressources, les bases mêmes de leur survie. La promotion d’une agriculture d’exportation et les politiques de libre échange ont concentré les terres et les richesses entre les mains des élites et ont détruit l’économie paysanne. Ces politiques ont été favorisées par la Banque mondiale et le FMI et ont eu des effets désastreux sur les droits économiques, sociaux et culturels des paysans et autres communautés rurales. Vu l’influence de la Banque mondiale et du FMI sur la formulation d’importantes politiques sociales et économiques, ces institutions doivent être tenues responsables des violations des droits humains au niveau international. En effet, ces acteurs sont souvent plus puissants que les gouvernements nationaux, ils exercent donc un contrôle inique sur les décisions gouvernementales concernant les politiques nationales. Comme la Banque mondiale et le FMI empêchent la réalisation des droits fondamentaux des peuples, la Via Campesina et d’autres mouvements sociaux sont d’avis que ces institutions antidémocratiques doivent être démantelées. Il est extrêmement inquiétant que des actions pacifiques de protestation à Singapour aient été prohibées sous prétexte de menacer la sécurité. La vraie menace est de ne pas permettre aux peuples l’exercice de leurs droits fondamentaux tels que la liberté et d’association. Nous appelons la communauté internationale à condamner les abus du gouvernement de Singapour envers la liberté d’expression et le droit de participer aux affaires publiques. Comme il a été affirmé à plusieurs reprises, les mouvements sociaux et autres organisations qui sont touchées par ces processus de développement ont le droit de participer aux processus d’élaboration de ces processus. Finalement, la BM et le FMI doivent être tenus responsable d’avoir réduit au silence la société civile, n’ayant pas été capables de garantir la liberté d’expression lors de leurs réunions. Nous faisons appel à tous les mouvements et organisations engagés pour la défense des droits fondamentaux des peuples à protester contre le refus de la Banque mondiale et du FMI d’autoriser la pleine participation aux événements de Singapour et à résister aux politiques de ces institutions à tous les niveaux, des communautés rurales jusqu’aux instances internationales.
https://www.alainet.org/fr/articulo/117318?language=en
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