L'Équateur a choisi le chemin du changement et de la souveraineté

29/11/2006
  • Español
  • English
  • Français
  • Deutsch
  • Português
  • Opinión
-A +A

C’est avec un sentiment de satisfaction que ne nombreux Équatoriens et Équatoriennes ont célébré la victoire de l’économiste de classe moyenne Rafaël Correa sur le multimillionnaire de la banane, Alvaro Noboa, lequel échouait dans sa troisième tentative de gagner la Présidence.

Durant la campagne électorale, les grands médias d’information se sont alignés carrément avec Noboa. Un bombardement publicitaire à coups de millions, la répartition de billets de banque, de chaises roulantes, d’aliments, de médicaments, de petits prêts et une promesse de construire 300 000 demeures à prix modique par année ont réussi à en confondre plusieurs, mais tout cela ne fut pas suffisant pour que Noboa accède à la présidence. Au contraire, de la base est né un mouvement citoyen pour la dignité qui a répudié l’achat des votes.

On a assisté à une explosion de formes alternatives de communication comme les réseaux électroniques, les graffitis, les chansons, les vidéo-clips, les feuilles volantes, les radios populaires, etc. Ce qui a permis aux gens de s’informer et de connaître ce que les grands médias occultaient ou tergiversaient. Les villes se sont remplies de graffitis ingénieux qui combinaient l’humour et l’ironie et les artistes ont crée des chants pour dénoncer les tentatives de convertir le pays en une plantation de bananes. L’action citoyenne s’est aussi manifestée par la présence de milliers de citoyens et citoyennes aux lieux de vote pour surveiller l’élection et s’assurer qu’on respecte la volonté du peuple.

Noboa n’a pas réussi avec sa campagne de dénigrement, traitant Correa de communiste, ou encore de démon et d’instrument de Hugo Chávez et des FARC de Colombie. Correa pour sa part a su syntoniser avec les attentes des gens et il s’est centré sur les aspects sociaux tels l’élimination de la pauvreté, l’habitation, l’emploi et le micro-crédit.

Le nouveau Président de l’Équateur, Rafaël Correa, a 43 ans; né à Guayaquil dans une famille de classe moyenne modeste, il a fait ses études dans des collèges catholiques et a passé une année dans une commune autochtone. Diplômé en économie à l’Université de Guayaquil, ils a fait des études supérieures dans les universités de Louvain en Belgique et de Illinois aux États-Unis. Il a été doyen de la faculté d’économie de l’Université privée San Francisco de Quito et analyste économique réputé pour ses positions anti-néolibérales et nationalistes.

Le programme que Correa s’est engagé à mettre en marche comporte cinq points : une révolution éthique; une révolution socio-économique, durable et démocratique; une révolution politique. Une patrie digne et souveraine et une intégration latino-américaine. Il a affirmé que son deuxième décret sera celui d’organiser une consultation populaire pour l’installation d’une Assemblée constituante chargée d’élaborer une nouvelle constitution.

En politique internationale, le gouvernement de Correa est en syntonisation avec les gouvernements progressistes d’Amérique latine : Hugo Chávez du Venezuela, Evo Morales de Bolivie, Lula du Brésil, Tabaré Vásquez de l’Uruguay. Il va maintenir des relations avec les États-Unis dans un cadre de respect, mais il ne signera pas le Traité de libre-échange qu’il trouve nuisible en particulier pour les petits paysans. Il a aussi affirmé qu’il ne renouvellerait pas l’entente de la base militaire de Manta, signée entre les gouvernements des États-Unis et l’Équateur en 1999 pour une période de 10 ans.

En ce qui concerne la politique économique et énergétique, Correa a dit qu’ils réviserait les contrats avec les pétrolières transnationales; de chaque 5 barils de pétrole extrait du sous-sol équatorien, 4 vont aux entreprises et 1 seul va à l’État. Il envisagera le retour de l’Équateur dans l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, réduira le paiement de la dette externe afin d’investir socialement dans l’éducation et la santé, il payera ce que l’Équateur doit au FMI pour se libérer des ses contraintes.

Lors de ces dernières élections, une majorité d’Équatoriens et d’Équatoriennes se sont de nouveau prononcés pour le changement, la souveraineté nationale, la réforme politique, la lutte contre la pauvreté et pour diminuer les incroyables inégalités économiques et sociales. Ils ont de nouveau dit NON aux politiques néolibérales et à l’oligarchie. Le gouvernement de Rafaël Correa n’aura pas la tâche facile pour rendre concrets les postulats de la révolution citoyenne. La droite fera tout en son pouvoir pour boycotter ce processus. L’organisation et la mobilisation sociale seront vitales pour que le promesses de la campagne deviennent réalité.

Extraits traduits par Claude Lacaille
Comité de Solidarité/Trois-Rivières


http://www.cs3r.org/show.php?id=779

https://www.alainet.org/fr/articulo/118770?language=es
S'abonner à America Latina en Movimiento - RSS