Pourquoi Pinochet divise-t-il les Chiliens ?

06/02/2007
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Même mort, Pinochet continue de marquer la politique chilienne. Son décès fait s’opposer, une fois encore, deux portions de la société chilienne : ceux qui se réjouissent de sa disparition et ceux qui se désolent. Cette division n’est pas nouvelle dans un pays marqué par les inégalités, la souffrance, les crimes et les bas salaires instaurés durant les 17 années de sa dictature. C’est un autre effet de « l’héritage de Pinochet ».

Comment peut-on soutenir un ex-dictateur qui a commis des crimes monstrueux et a inauguré en Amérique latine une politique d’élimination systématique des opposants transformant les militaires en vulgaires assassins ? Pinochet a instauré une « chaîne de montage » similaire à celle d’Henry Ford pour détruire la direction populaire [le gouvernement d’Unité Populaire de Salvador Allende, ndlr] en recourant à des sbires, des spécialistes de l’interrogatoire, des médecins et même des journalistes.

Les « interrogateurs » qui recevaient les détenus les remettaient entre les mains des tortionnaires qui les remettaient parfois à leur tour à des médecins qui recommandaient de poursuivre ou d’arrêter les tortures. Ils n’étaient pas là pour prendre soin de la santé de ceux que la presse qualifiait de « terroristes », comme à Guantánamo. Le cycle se répétait de temps à autre, comme une simple formalité, dans un pays efficacement bureaucratisé par la classe possédante depuis le XIXe siècle.

Accablés et transformés en loques humaines - non seulement pour leur soutirer des « informations compromettantes » mais aussi pour les détruire en tant qu’êtres humains -, les prisonniers étaient envoyés dans des camps d’extermination, comme Villa Grimaldi [[1]] ou dans des camps de concentration, comme Chacabuco [[2]], pour une sorte de solution finale.

Les « travailleurs » du système Pinochet étaient des employés de l’État et, aujourd’hui, beaucoup sont pensionnés et bénéficient du régime public de retraite financé par « tous les Chiliens ». Ils ont fait disparaître ou assassiné plus de 3 000 personnes et torturé 30 000 hommes et femmes, dont les enfants, petits-enfants et arrière-petits-enfants célèbrent aujourd’hui la mort du chef [de ses « fonctionnaires », ndlr], avec d’autres jeunes qui ont appris par les médias, à l’école et dans la littérature le peu qu’ils savent de cette période de l’histoire encore occultée.

En quoi a consisté la « modernisation » ?

La politique d’extermination des dissidents de gauche a semé la peur dans la société et a détruit l’élite syndicale et politique qui aurait pu contrer l’implantation postérieure du modèle néo-conservateur de main-d’œuvre bon marché défendu par la Commission trilatérale (États-Unis, Europe et Japon), c’est-à-dire « l’héritage de la modernisation du Chili » vanté de nos jours par les grands groupes économiques, la droite politique, les patrons qui ont mis la main sur les entreprises d’État, les nouveaux riches, les anciens cadres de l’armée et même le lumpen qui fait la queue pour saluer le cadavre.

Pour ces gens, Pinochet « a modernisé le Chili », lui a apporté la réussite économique qui profite aux grands groupes propriétaires, « nous a sauvés du communisme », « a évité un second Cuba », etc. Même le cardinal Francisco J. Errázuriz, dans son absoute, a remercié Dieu des « qualités » données à Pinochet et « de tout le bien qu’il a fait à notre patrie et à sa propre institution  », lorsqu’il « s’est senti le devoir d’assumer le commandement suprême de la nation ». Le « péril communiste » d’hier est le « terrorisme » d’aujourd’hui.

Si l’annonce de la mort inattendue de Pinochet a donné lieu à une carnaval à Santiago et dans plusieurs villes, une autre fraction de la société, à la vue de sa dépouille, a commencé à se remémorer son « œuvre de dirigeant », y compris la droite politique, qui avait abandonné le dictateur lorsqu’elle s’était aperçue que l’image qu’il véhiculait lui faisait surtout perdre des voix. Un certain malaise règne du fait de la « mesquinerie » de Michelle Bachelet qui a refusé de rendre des honneurs de chef d’État au défunt et a opté pour un hommage privé rendu par l’armée, qui demeure un élément de pouvoir.

Pendant que des milliers de partisans de Pinochet allaient en pèlerinage dans la chapelle ardente de l’École militaire, où sont formés les cadres de l’armée, les médias se sont faits largement l’écho de la cérémonie pour en transmettre toute la solennité. On aurait dit que les journalistes qui côtoient le milieu militaire et l’entourage de Pinochet étaient atteints d’un « syndrome de Stockholm » [[3]] semblable à celui inventé par la presse pour les victimes d’enlèvement qui se lient d’amitié avec leurs ravisseurs.

Le Chili, « deux en un »

La couverture de la presse au Chili est aussi unilatérale que la répression menée par les carabiniers, qui ne touchent pas un cheveu des manifestants « pinochetistes » mais, au contraire, les protègent et leur ménagent un espace public dans lequel ils donnent libre cours à une curieuse tristesse mâtinée d’insultes et d’agressions à l’encontre d’une presse qu’ils ne trouvent pas aussi inconditionnelle qu’ils le voudraient. Le mardi 12 décembre, une équipe de la télévision espagnole a été agressée. Un individu qui avait fait sept heures de queue pour cracher sur le cercueil a été agressé et emprisonné.

Pinochet n’a pas eu droit à des funérailles de chef d’État, mais, lors des funérailles politiques que l’armée lui a faites à l’École militaire, on a pu voir les Grenadiers, régiment ayant pour rôle de rendre les honneurs aux présidents défunts. Ce corps a réussi à transmettre au monde l’image solennelle d’hommages rendus à un président et non à un simple ex-chef de l’armée. Les sympathisants de Pinochet qui se sont approchés de l’École militaire ont été présentés comme des citoyens pacifiques attristés, bien que, devant des carabiniers impassibles, une femme ait détruit à l’aide d’une batte de baseball la vitrine d’un bâtiment contigu en construction où les ouvriers avaient émis par leurs sifflets une autre opinion sur le défunt. La télévision montre les manifestants anti-Pinochet comme des vandales et les qualifie explicitement de « délinquants ». Dans la nuit du lundi 11 décembre ont été arrêtés, à proximité de La Moneda [le palais présidentiel, ndlr], Lorena Pizarro, présidente de l’Association des parents de détenus disparus (AFDD, Agrupación de Familiares de Detenidos Desaparecidos) et l’avocat spécialiste des droits humains Federico Aguirre, entre autres personnalités.

Les partisans de Pinochet qui expriment leur « douleur » ont disposé de stands de la Croix-Rouge pour venir en aide à ceux qui ont perdu connaissance sous l’effet de la chaleur ou ont fait de l’hypertension. D’énormes quantités d’eau en bouteille ont été distribuées pendant que les carabiniers veillaient sur eux. Les manifestants qui ont fêté l’événement ont eux aussi eu droit à des carabiniers et à de l’eau, mais qui leur est venue des chars anti-émeute d’où ont été projetés des gaz et des jets de liquide à haute pression près de La Moneda. Les dirigeants « anti-pinochetistes » formels, représentés au Parlement,ont brillé par leur absence sur le terrain et dans la rue, à l’exception peut-être de quelques cas isolés qui ne se sont pas montrés à la télévision. Ce sont les organisations de défense des droits humains qui ont pris l’initiative du mouvement.

On peut s’étonner de la grande couverture panégyrique que la presse locale a fait du défunt qui contraste avec le manque de profondeur et d’analyse manifesté par des journalistes novices qui, installés au soleil, ont passé des heures à exalter l’affection et la douleur des proches du défunt. La presse chilienne s’enorgueillit de la grande couverture médiatique dont a bénéficié dans le monde une disparition qui a eu pour effet d’éclipser les conflits existant en Irak, en Palestine, au Liban et sous d’autres latitudes.

L’exception vient encore une fois de La Nación, qui a titré la une de son édition du mardi 12 décembre : « Et justice n’a pas été faite », signifiant par là que le pouvoir judiciaire n’a jamais rendu de jugement. Dans quelques rares quotidiens de Madrid, Paris, New York, Londres et Washington, on a pu lire que Pinochet est mort sans rendre de comptes. Les tribunaux ont fait traîner les procès en longueur, ont pris des gants avec le dictateur, lui ont imposé pour toute peine une réclusion à domicile de quelques jours, sans jamais le condamner pour ses nombreuses atteintes aux droits humains et ses crimes contre l’humanité.

Division du pays

La division de la société chilienne ne date pas d’hier. Quand Salvador Allende fut élu président en 1970, le pays était partagé en trois blocs qui s’exprimaient par le vote lors des élections présidentielles : la gauche - qui en méritait alors encore le nom -, la droite et le centre, représenté par la Démocratie chrétienne (DC). Faute de second tour ou de ballottage, Allende fut sacré avec 36,22% des voix (...). La droite (Jorge Alessandri) obtint 34% et la DC (Radomiro Tomic) 27,81%.

Allende était soutenu par les partis socialiste (PS), communiste (PC) et radical (PR), plus la gauche chrétienne (IC) et le Mouvement d’action populaire unitaire (Mapu), ces deux derniers ayant fait scission de la DC. Le gros de la DC a soutenu le coup d’État de Pinochet en 1973.

Lors des élections précédentes de 1964, Allende avait obtenu un meilleur pourcentage de voix (38,93%), mais il avait été battu par le centre droit (le candidat DC Eduardo Frei Montalva), qui avait réuni 56,1% des suffrages. L’extrême droite, ou ce qui serait l noyau dur du pinochetisme aujourd’hui, avait presque disparu de la carte politique, avec un résultat de 4,99% pour son candidat, Julio Durán. Frei avait promis des « changements », dont une « révolution dans la liberté », incluant une réforme agraire.

Á l’époque, le secteur industriel était peu significatif et la droite politique et économique se concentrait surtout chez les propriétaires terriens, appelés « momies » en raison d’une pensée extrêmement rétrograde axée sur leurs intérêts propres. La « modernisation » a changé la structure économique de la société, industrialisé l’agriculture avec l’utilisation de cueilleurs mal payés que, contrairement aux États-Unis, le Chili n’a pas besoin d’importer parce qu’il regorge d’une main-d’œuvre bon marché régulée par un chômage permanent. Peut-être que la pensée d’un autre âge des « maîtres du Chili » s’est « sophistiquée » en se cachant derrière un langage plus châtié, mais elle apparaît plus rétrograde qu’il y a 40 ans, lorsque cette classe « était en danger ».

Les élections présidentielles de 1958 ont fait ressortir plus nettement la division en trois blocs : la droite (Jorge Alessandri) l’a emporté avec 31,6% des suffrages et a gouverné pendant six ans sans que personne ne remette en question la représentativité d’un tiers des voix. Allende a fait un score de 28,8% et la DC (Eduardo Frei père) un résultat de 20,7%, tandis que le centre droit de l’époque, le PR, qui a dû céder le pouvoir à Alessandri, a recueilli 15,5% des voix avec son candidat Luis Bossay. En obtenant 3,3% des suffrages, un prêtre pseudo-gauchiste (Antonio Zamorano, « le curé de Catapilco ») a empêché Allende de gagner les élections.

Avec le temps et l’aide économique de la social-démocratie européenne pendant les 17 années de dictature, la gauche s’est elle aussi « modernisée » ; autrement dit, elle a glissé vers le centre droit. Le Parti socialiste (PS) s’est rapproché du centre, le Parti radical (PR) hésitant s’est découvert social-démocrate et la DC a été adoubée par la Fondation Nationale pour la Démocratie (NED, National Endowment for Democracy), la Fondation Konrad Adenauer et la démocratie chrétienne internationale et états-unienne (l’Organización Demócrata Cristiana de América, ODCA), tandis que le Parti communiste (PC) a campé sur ses positions et a même engagé une tardive lutte armée contre la dictature.

Retour sur une division historique

La tyrannie a divisé la société chilienne en deux blocs principaux, l’un favorable et l’autre opposé au tyran, une division qui ne pouvait pas nécessairement s’identifier à la vieille « lutte des classes ». En 1988, tout ce qui faisait l’identité de chacune des composantes du centre droit (DC, PR plus certains secteurs du PS) s’est effacé devant l’objectif premier à atteindre, à savoir la déroute, dans les urnes, du plébiscite demandé en faveur d’une dictature qui recherchait le vote populaire pour conserver « légalement » le pouvoir 10 ans de plus, jusqu’en 1998. Mais, déjà à cette époque, elle avait accompli ses basses œuvres de la « modernisation » et elle était déjà contestée par ceux qui l’avaient installée, c’est-à-dire la DC et les centres du pouvoir international en Europe et aux États-Unis.

Le plébiscite d’octobre 1988 s’est traduit par un NON à Pinochet : il n’était pas question qu’il reste au pouvoir, du moins officiellement. Beaucoup de rêveurs y ont vu le début de « la joie des gens » (« la alegría de la gente »), comme le disait le slogan de la campagne, et le retour aux réformes sociales qu’Allende comptait mener dans un cadre démocratique mais avec l’opposition de l’armée et sans les scores électoraux réalisés aujourd’hui par Hugo Chávez au Venezuela.

Pinochet a donc perdu la consultation populaire, qui est le fruit d’une négociation de coupoles, entre des dirigeants soutenus par l’Europe et des États-Unis et renforcée localement par des mobilisations populaires ainsi que par des manifestations de rue massives organisées avec les encouragements de médias financés de l’extérieur et au cours desquelles des jeunes ont versé leur sang. Lors du plébiscite perdu par Pinochet, 44% des électeurs ont voté pour le OUI, en faveur de sa proposition de reconduire « légalement » son mandat pour 10 années. Les 53% obtenus par le NON ont contraint le tyran à réformer sa constitution de 1980 pour convoquer des élections en 1989, élections remportées par Patricio Aylwin (DC) avec 55,2% des voix, tandis que les deux candidats de la droite (Hernán Büchi et Francisco J. Errázuriz) se sont partagé les 44,8% restants.

En 1993, Eduardo Frei s’est présenté devant les urnes aux couleurs d’un « anti-pinochétisme » déjà plus tiède qui a plu à 58% de l’électorat, contre 30,6% aux deux candidats de droite réunis (Arturo Alessandri B., 24,4%, et José Piñera, frère de Sebastián [[4]], avec 6,2%). Trois candidats de gauche ont récolté 11,4% des voix : Max Neef, soutenu par les écologistes et les indépendants (5,5%), le père Eugenio Pizarro, candidat du PC (4,7%) et l’humaniste tendance Silo Cristian Reitze (1,2%).

Petite histoire de conciliabules

L’élection de Lagos au second tour du scrutin en janvier 2000, alors que Pinochet était incarcéré à Londres, s’est faite dans un mouchoir de poche, avec un score de 51,31%, contre 48,69% pour le pinochétisme, incarné par Joaquín Lavín, candidat de l’Union Démocrate Indépendante (UDI, Unión Demócrata Independiente) et du Renouveau National (RN, Renovación Nacional), regroupés au sein de l’Alliance pour le Chili (Alianza por Chile).

Résultat de négociations obscures et peu connues entre dirigeants internationaux, l’influence du président élu a eu pour effet que, avant son entrée en fonction officielle le 11 mars, les sociaux-démocrates britanniques ont pris la décision politique de décréter la liberté de Pinochet « pour cause de maladie », lui épargnant l’extradition obtenue par le juge espagnol Baltasar Garzón. Et ce, pour le « juger au Chili », non à l’extérieur. Lagos s’est ainsi retiré une épine du pied et, au Chili, les procès se sont multipliés contre Pinochet, à commencer par celui fait par Gladys Marín [[5]]. Mais jamais justice n’a été faite.

Paradoxalement, le pluralisme de l’information et le travail des journalistes dissidents ont été plus importants pendant les derniers temps de la dictature qu’ils le sont aujourd’hui, avec deux quotidiens de diffusion nationale (La Época et Fortín Mapocho) et une demi-douzaine de revues intéressantes (Análisis, Apsi, Cauce, Hoy, Mensaje, La Bicicleta, entre autres) qui, durant la période de transition, se sont vues privées de leur financement extérieur et ont été condamnées à mort par la classe politique qui a pris le contrôle des partis au pouvoir depuis la fin de la dictature. Cependant, Pinochet a continué à occuper le centre de la scène bien après sa détention à Londres, le 16 octobre 1998.

La campagne du plébiscite a permis à l’ex-radical Ricardo Lagos de surgir en opposition à Pinochet comme figure d’un « socialisme modernisé » et tolérable pour la droite et les grandes groupes économiques. La dictature était devenue imprésentable pour afficher aux yeux du monde la réussite d’un modèle économique de société construit à feu et à sang au prix de milliers de morts, de personnes torturées et incarcérées et sur le dos d’une classe laborieuse bâillonnée, privée de syndicats, de partis populaires et dont les dirigeants avaient été exterminés. Si la dictature chilienne est tombée, ce n’est pas à cause d’une guerre extérieure comme celle des Malouines [[6]], ni d’une guerre intérieure du type de celle qui a frappé le Nicaragua de Somoza, ni d’une rébellion urbaine à l’instar de celle qu’a connue l’Argentine du temps de De La Rúa [l’Argentinazo, en décembre 2001, ndlr], ni d’un soulèvement populaire mené par la gauche, comme dans la Bolivie de Sánchez de Lozada [ladite Guerre du gaz en octobre 2003, ndlr].

La fin de Pinochet a été décidée lors d’une négociation entre dirigeants locaux et internationaux aiguillonnée par le sang versé par de jeunes Chiliens lors de centaines de manifestations de rue organisées avec les encouragements de médias depuis disparus qui entretenaient le feu de la rage populaire.

Des chiffres qui se répètent

Allende a dû souscrire à un Statut de garanties selon lequel il s’engageait à respecter la propriété privée et à limiter le nombre d’entreprises d’État dans le dénommé « secteur social de l’économie » pour que les parlementaires de la DC lui donnent leur soutien au sein d’un Congrès qui, le 4 novembre 1970, risquait fort d’accorder pour la deuxième fois la majorité à Alessandri. De même, la nouvelle classe politique s’est elle aussi engagée à respecter la « modernisation » qui est aujourd’hui inscrite au crédit de Pinochet. Pour mettre en pratique le nouveau modèle néolibéral mondialisé précocement dans les années 1970 par les pays développés de la Commission trilatérale, la nouvelle classe a estimé qu’il n’était pas nécessaire de conserver les quotidiens qui l’avaient aidée à « abattre » la dictature par les urnes et que l’on pouvait se contenter des journaux du marché, c’est-à-dire de ceux-là mêmes qui avaient soutenu Pinochet pendant 17 ans.

C’est ainsi que ces organes de la presse écrite disparurent de la circulation et que leurs imprimeries changèrent de propriétaire, à l’exception du mensuel catholique Mensaje, aujourd’hui peu diffusé. Lagos a réussi à s’imposer comme personnage public en se servant des moyens de son supposé adversaire, l’empire constitué par le duopole d’Agustín Edwards (El Mercurio et son réseau national de journaux et de radios) et Alvaro Saieh (La Tercera, La Cuarta, Qué Pasa, une chaîne de télévision déjà vendu et diverses radios).

Les résultats du plébiscite de 1988 (53% contre 44%) se sont presque répétés avec le triomphe de Michelle Bachelet au second tour des élections présidentielles de janvier 2006 (53,5% contre 46,5% au camp Pinochet incarné cette fois par Sebastián Piñera, avec l’Alliance pour le Chili). Mais elle a réussi un meilleur score que les 51,31% recueillis par Ricardo Lagos en 2000. Et, bien sûr, le Chili reste divisé. Non seulement entre partisans et adversaires de Pinochet, mais aussi parce que les bénéfices des grands groupes économiques n’ont jamais été aussi importants que durant ces 16 années d’administration démocratique de l’héritage néolibéral laissé par le dictateur.

En cas de reproduction de cet article, veuillez indiquer les informations ci-dessous:

RISAL - Réseau d'information et de solidarité avec l'Amérique latine
URL: http://risal.collectifs.net/

Source : ALAI, Agencia Latinoamericana de Información (http://www.alainet.org/index.phtml.es), 12 décembre 2006.

Traduction : Gilles Renaud, pour Diffusion d’information sur l’Amérique latine (DIAL - http://www.dial-infos.org/). Traduction revue par l’équipe du RISAL.



[3] [NDLR] Le syndrome de Stockholm désigne la propension des otages partageant longtemps la vie de leurs geôliers à adopter un peu ou tous les points de vue de ceux-ci. Ce comportement paradoxal des victimes de prise d’otage, a été décrit pour la première fois en 1978 par le psychiatre américain F. Ochberg qui lui donne ce nom syndrome de Stockholm, en relation avec un fait divers ayant eu lieu dans cette même ville. Inversement le syndrome peut s’appliquer aux ravisseurs, qui peuvent être influencé par le point de vue de l’otage.
Source : l’encyclopédie libre Wikipedia.

[4] [NDLR] Sebastián Piñera était candidat lors des élections présidentielles de 2005

[5] [NDLR] Gladys Marín (1941-2005) était alors la secrétaire générale du parti communiste chilien

[6] [NDLR] Même si en toute rigueur, les Malouines font, pour les Argentins, partie du territoire national

https://www.alainet.org/fr/articulo/119294?language=en
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