Le poids de la dépendance alimentaire
14/03/2008
- Opinión
L’accès à la souveraineté alimentaire est loin d’être une évidence pour un pays comme Haïti qui a développé, au cours des dernières décennies, une forte dépendance alimentaire vis-à-vis de l’étranger et où le secteur de l’agriculture s’est considérablement affaibli, selon l’organisation non gouvernementale belge « Entraide et Fraternité ».
Les Haïtiens sont de plus en plus nombreux à réclamer le droit à la souveraineté alimentaire, tandis que la moitié de la population ne mange pas à sa faim, constate l’organisme dans son ouvrage « Souveraineté alimentaire : regards croisés » paru aux Editions Presses Universitaire de Louvain, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Ce livre, de 334 pages, ne concerne pas seulement Haïti, mais également d’autres pays du Sud.
La souveraineté alimentaire est le droit dont devrait disposer tout État ou tout peuple de définir lui-même sa propre politique agricole et alimentaire. Elle prévoit le droit à la sécurité alimentaire, c’est-à-dire qu’un pays doit pouvoir nourrir sa population en quantité suffisante et de manière durable.
La notion de souveraineté alimentaire a été inventée par le mouvement international «Via Campesina» qui, depuis 1992, rassemble et coordonne divers acteurs du monde paysan pour la défense de leurs droits.
Au cours de ces dernières années, Haïti se trouve incapable de répondre à ces obligations, libéralisant ainsi son marché aux produits étrangers.
De 1970 jusqu’en 1985, Haïti avait une autosuffisance alimentaire produisant à l’époque jusqu’à 123 000 tonnes de riz.
Pour la période 2005/2006, 76 000 tonnes de riz ont été produites dans ce pays, tandis que les importations de riz sur le marché haïtien étaient évaluées à 342 000 tonnes durant cette même année, selon l’Ong belge qui estime que « 75% du riz consommé en Haïti provient de l’étranger (des Etats-Unis d’Amérique principalement) ».
Haïti est, dans ce cas, loin de récupérer sa souveraineté alimentaire à cause d’ « une insécurité alimentaire chronique », dans laquelle vit ce pays des Caraïbes. Selon l’étude de « Entraide et Fraternité », les crises qui ont secoué Haïti à maintes reprises ont fait de l’insécurité alimentaire un problème permanent et difficile à résoudre.
Aujourd’hui, Haïti n’est pas en mesure de nourrir sa population à cause notamment de l’explosion démographique qui a aggravé l’insécurité alimentaire, estime « Entraide et Fraternité » qui dénonce le fait que ce pays, confronté aux pratiques de dumping, a fini par privilégier les produits extérieurs, meilleur marché, plutôt que sa propre production agricole.
Cette dépendance [alimentaire] est, selon l’étude, d’autant plus forte qu’elle intervient dans un contexte de pauvreté, de crises sociopolitiques et de tensions économiques.
Depuis que le pays importe diverses denrées au lieu de les produire au niveau national, on estime à 330 000 le nombre de personnes qui ont perdu leur travail suite à l’effondrement de la production agricole haïtienne. L’insécurité alimentaire quotidienne touche 40% des ménages, révèle l’étude, réalisée notamment avec le concours de Justice et Paix.
Les politiques de développement appliquées en Haïti sont généralement fragmentées entre les différents ministères qui répondent alors à des problèmes ponctuels, selon Entraide et Fraternité.
La Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa), mise en place depuis 1996, souffre d’un déficit de légitimité. Aucun texte de loi devant régir le fonctionnement de cette structure interministérielle n’a été, jusqu’à présent, adoptée.
La Cnsa a, cependant, pour mission d’harmoniser et de rationaliser toutes les politiques qui ont trait, de près ou de loin, au domaine de la sécurité alimentaire.
Pour la reconquête de sa souveraineté alimentaire, Haïti devrait « consolider son système de gouvernance [gestion publique] tout en développant et en renforçant les compétences de la Cnsa ».
Aux yeux de « Entraide et Fraternité », Haïti devrait se donner la volonté politique de préserver sa production agricole nationale pour garantir à sa population le droit de se nourrir.
Source: ALTERPRESSE
http://www.alterpresse.org
Les Haïtiens sont de plus en plus nombreux à réclamer le droit à la souveraineté alimentaire, tandis que la moitié de la population ne mange pas à sa faim, constate l’organisme dans son ouvrage « Souveraineté alimentaire : regards croisés » paru aux Editions Presses Universitaire de Louvain, dont a pris connaissance l’agence en ligne AlterPresse.
Ce livre, de 334 pages, ne concerne pas seulement Haïti, mais également d’autres pays du Sud.
La souveraineté alimentaire est le droit dont devrait disposer tout État ou tout peuple de définir lui-même sa propre politique agricole et alimentaire. Elle prévoit le droit à la sécurité alimentaire, c’est-à-dire qu’un pays doit pouvoir nourrir sa population en quantité suffisante et de manière durable.
La notion de souveraineté alimentaire a été inventée par le mouvement international «Via Campesina» qui, depuis 1992, rassemble et coordonne divers acteurs du monde paysan pour la défense de leurs droits.
Au cours de ces dernières années, Haïti se trouve incapable de répondre à ces obligations, libéralisant ainsi son marché aux produits étrangers.
De 1970 jusqu’en 1985, Haïti avait une autosuffisance alimentaire produisant à l’époque jusqu’à 123 000 tonnes de riz.
Pour la période 2005/2006, 76 000 tonnes de riz ont été produites dans ce pays, tandis que les importations de riz sur le marché haïtien étaient évaluées à 342 000 tonnes durant cette même année, selon l’Ong belge qui estime que « 75% du riz consommé en Haïti provient de l’étranger (des Etats-Unis d’Amérique principalement) ».
Haïti est, dans ce cas, loin de récupérer sa souveraineté alimentaire à cause d’ « une insécurité alimentaire chronique », dans laquelle vit ce pays des Caraïbes. Selon l’étude de « Entraide et Fraternité », les crises qui ont secoué Haïti à maintes reprises ont fait de l’insécurité alimentaire un problème permanent et difficile à résoudre.
Aujourd’hui, Haïti n’est pas en mesure de nourrir sa population à cause notamment de l’explosion démographique qui a aggravé l’insécurité alimentaire, estime « Entraide et Fraternité » qui dénonce le fait que ce pays, confronté aux pratiques de dumping, a fini par privilégier les produits extérieurs, meilleur marché, plutôt que sa propre production agricole.
Cette dépendance [alimentaire] est, selon l’étude, d’autant plus forte qu’elle intervient dans un contexte de pauvreté, de crises sociopolitiques et de tensions économiques.
Depuis que le pays importe diverses denrées au lieu de les produire au niveau national, on estime à 330 000 le nombre de personnes qui ont perdu leur travail suite à l’effondrement de la production agricole haïtienne. L’insécurité alimentaire quotidienne touche 40% des ménages, révèle l’étude, réalisée notamment avec le concours de Justice et Paix.
Les politiques de développement appliquées en Haïti sont généralement fragmentées entre les différents ministères qui répondent alors à des problèmes ponctuels, selon Entraide et Fraternité.
La Coordination nationale de la sécurité alimentaire (Cnsa), mise en place depuis 1996, souffre d’un déficit de légitimité. Aucun texte de loi devant régir le fonctionnement de cette structure interministérielle n’a été, jusqu’à présent, adoptée.
La Cnsa a, cependant, pour mission d’harmoniser et de rationaliser toutes les politiques qui ont trait, de près ou de loin, au domaine de la sécurité alimentaire.
Pour la reconquête de sa souveraineté alimentaire, Haïti devrait « consolider son système de gouvernance [gestion publique] tout en développant et en renforçant les compétences de la Cnsa ».
Aux yeux de « Entraide et Fraternité », Haïti devrait se donner la volonté politique de préserver sa production agricole nationale pour garantir à sa population le droit de se nourrir.
Source: ALTERPRESSE
http://www.alterpresse.org
https://www.alainet.org/fr/articulo/126356?language=en
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