Agriculture : Nouvelles actions de mobilisation pour la souveraineté alimentaire nationale

12/12/2008
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Plusieurs organisations paysannes en Haïti relancent, ce jeudi 11 décembre 2008, de nouvelles actions de mobilisation pour la souveraineté alimentaire nationale, en vue de trouver des réponses adéquates au modèle importé de développement mis en œuvre dans le pays, selon les informations obtenues par l’agence en ligne AlterPresse.

Recouvrer la souveraineté alimentaire du pays par l’élaboration d’une politique alimentaire institutionnelle, promouvoir la responsabilisation des pouvoirs locaux face à la dégradation environnementale, partager les préoccupations paysannes face à l’engagement du gouvernement dans le cadre du « document de stratégie nationale pour la croissance et la réduction de la pauvreté (Dsncrp) – « qui s’apparente au programme bien connu d’ajustement structurel (Pas) » préconisé par les organismes financiers internationaux - : telles sont les idées-force à la base de cette nouvelle campagne visant à combattre la faim dans le pays.

Intitulée « Kaba grangou, rebati anviwonman se kore agrikilti lakay » (arrêter la faim, reconstruire l’environnement implique un processus de consolidation de l’agriculture nationale), cette campagne en faveur de la souveraineté alimentaire en Haïti fait suite à divers ateliers départementaux réalisés en novembre 2008 par les différentes organisations paysannes initiatrices du mouvement.

Le vendredi 12 décembre 2008, des délégués, femmes et hommes venant des dix départements géographiques du pays, exposeront leurs principales revendications dans une marche pacifique de sensibilisation qui s’ébranlera de la municipalité de Delmas (nord-est de la capitale) pour aboutir à Port-au-Prince, à proximité du palais présidentiel.

Le droit à la nourriture, celui de manger des aliments sains, constitue l’un des droits fondamentaux des êtres humains au moment où est commémoré, le 10 décembre 2008, le 60 e anniversaire de l’adoption de la déclaration universelle des droits humains [le 10 décembre 1948], rappellent les organisations paysannes initiatrices de la campagne.

Dans ce contexte, elles renouvellent leurs demandes de support à une pétition contre le projet d’agrocarburant, lequel envisagerait de transformer les terres agricoles en zones de production de metsiyen (jatropha) en vue de souscrire au plan du président sortant des Etats-Unis d’Amérique George W. Bush.

« L’actuelle campagne en faveur de la souveraineté alimentaire nationale se rattache à la pétition contre le projet d’agrocarburant, un projet d’extermination (pwojè lanmò), un projet antinational et antipaysan, qui se positionne contre les couches démunies de la paysannerie en Haïti », avance Chavannes Jean-Baptiste du Mouvement paysan de Papaye (Mpp, Hinche / Plateau central).

Une fondation pour l’implantation du jatropha dans la production agricole en Haiti aurait déjà vu le jour, plusieurs rencontres ont déjà eu lieu en différents points du territoire national dans le même objectif, tandis que le président René Garcia Prévala exhorté les paysans à se lancer dans la production de jatropha, dénoncent les organisations paysannes à la base de cette mobilisation contre la faim et en faveur de la souveraineté laimentaire en Haïti.

Rosnel Jean-Baptiste de Tèt Kole Ti peyizan ayisyen stigmatise l’inaction du gouvernement de Michèle Duvivier Pierre-Louis face à la situation de famine qui frappe divers ménages dans le pays.

« Pendant que la vie chère et la faim sont en train d’exterminer les êtres humains en Haïti, le gouvernement garde le silence », souligne le dirigeant paysan.

« Vive une production agricole paysanne, rendant disponibles des produits locaux accessibles à toutes les couches de la population en Haïti » : c’est le leitmotiv de la campagne des organisations paysannes, qui comptent mettre en branle diverses actions de plaidoyer à partir de janvier 2009 dans le même but de reconquérir la souveraineté alimentaire nationale.

La campagne pour la souveraineté alimentaire d’Haïti, qui n’a pas de date butoir, entend porter l’Etat haïtien à accorder la priorité, dans la politique de développement du pays, à la protection de l’environnement sérieusement affecté par le passage de 4 cyclones successifs (Fay, Gustav, Hanna et Ike) en août et septembre 2008.

Les organisations initiatrices demandent également au gouvernement de Michèle Duvivier Pierre-Louis, qui aborde bientôt ses 100 premiers jours de gestion, de prendre des mesures adéquates pour la relance effective de la production agricole nationale.

Tèt Kole Ti peyizan ayisyen, la coordination régionale des organisations du Sud-Est (Crose), le réseau national haïtien pour la sécurité et la souveraineté alimentaire (Renahssa), le réseau des associations de coopératives pour le commerce et la production agricole dans le Bas Artibonite (Racpaba), Konbit peyizan Nip (Kpn), Kowòdinasyon paysan Grandans (Kpga), la coordination nationale pour les revendications des paysans haïtiens (Konarepa), le Mpp, le mouvement paysan national du congrès de Papaye (Mpnkp), la coordination nationale des femmes paysannes (Konafap) ont initié depuis novemebre 2008 la campagne pour la souveraineté alimentaire d’Haïti. [1]

Cette campagne bénéficie du support, entre autres, des organismes internationaux Action Aid, Intermon Oxfam, Oxfam Québec, Voisin Mondial, de la plateforme haïtienne de plaidoyer pour un développement alternatif (Papda), de Enfo Fanm, de l’Institut culturel Karl Lévêque (Ickl), de la coordination nationale de sécurité alimentaire (Cnsa, organisme public). [rc apr 11/12/2008 14 :00]

[1] Tèt Kole, Mpp et Mpnkp font partie du mouvement international Via Campesina

Source: AlterPresse - Haiti]

https://www.alainet.org/fr/articulo/131408
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