La pollution de l’information
08/09/2010
- Opinión
Buenos Aires, le 1er septembre 2010.
La vie des peuples reste soumise aux impacts de l'environnement et à la pollution auditive et visuelle de la parole et des idées, qui impose la monoculture des esprits. Les avancées technologiques sont utilisées bien des fois pour contrôler les moyens de communication et, de cette façon, pour conditionner et manipuler les peuples. Aucun moyen d'information n'est aseptique en lui-même, mais ils devraient respecter l'éthique et les valeurs au service des peuples et non se baser sur les valeurs de ceux qui les utilisent à leur propre service.
Une des grandes conquêtes des luttes sociales a été la liberté de la presse et le droit d'informer et d'être informé, mais les grands monopoles économiques, idéologiques et politiques, qui contrôlent les moyens d'information, ont tué la liberté de la presse et créent la confusion en la réduisant à la liberté de l'entreprise de presse, alors que ces deux réalités sont loin d'être synonymes.
La pollution de la parole et la propagande médiatique ont atteint un niveau extrême qui ne permet plus de voir clairement où se situe la véracité de l'information. L'éthique et la recherche de la vérité sont absentes et c'est toujours la distorsion de la réalité qui prévaut. CNN, la chaîne d'information des USA, est un bon exemple de cette pollution informative dont souffrent les peuples. Sa façon d'agir au sujet de l'Irak est toujours de justifier la guerre et de répandre l'idée que ce pays possédait des armes de destruction massive. C'est quelque chose de semblable qu'ils mettent en place actuellement contre l'Iran et quelques autres pays, mais ils cachent toujours les massacres et les assassinats d'enfants et des populations en Irak et en Afghanistan, pays où ceux-la mêmes qui disent défendre la « démocratie», provoquent toujours le saccage des peuples irakien et afghan ; ils continuent d'y implanter des centres de tortures qui sèment dans cette région la destruction et la mort. Ils les accusent de « terrorisme islamique », alors que les véritables terroristes, ce sont les tortionnaires et les assassins qui ont envahi ces pays en violant les droits humains, les droits des peuples et toutes les conventions internationales.
Les grands monopoles de l'information en Europe, aux Etats-Unis et en Amérique Latine mènent actuellement une forte campagne internationale pour attaquer et faire perdre leur prestige à plusieurs gouvernements comme, par exemple, celui d'Hugo Chavez au Venezuela, en l'accusant de tyrannie et de bien d'autres maux, mais en ignorant dans leurs oublis intentionnels que Chavez est un des rares présidents qui se présente à des élections et que le peuple ré-élit à chaque fois à cause de sa politique sociale et du bon travail qu'il réalise dans les secteurs les plus marginaux.
Un autre objectif médiatique de cette campagne de dénigrement concerne Evo Morales, président de la Bolivie, qui subit actuellement les attaques des moyens de communication contre son gouvernement qui a voulu rechercher au plan national davantage d'intégration et de vie pour les différents peuples de ce pays pluri-culturel. En faisant cela, il a touché les intérêts économiques et politiques qui, depuis toujours, dominent la Bolivie.
Les campagnes médiatiques des grands monopoles de l'information sont utilisés pour la contamination mentale qui a pour but de critiquer les gouvernements progressistes. Depuis longtemps, nous constatons que c'est toujours la même chose qui arrive à Fidel Castro et au gouvernement cubain. Pourtant, après 50 ans de résistance, le monde reste toujours stupéfait par les avancées sociales de ce pays et la capacité de son peuple à réaliser les programmes de santé, d'éducation et de lutte contre l'analphabétisme et la pauvreté.
De plus, il est évident que Cuba est un peuple solidaire avec les aures peuples qui ont besoin de son aide. Les faits parlent d'eux-mêmes. Depuis déjà bien longtemps, bien avant le tremblement de terre qui a dévasté Haïti, Cuba a envoyé dans ce pays des médecins, des éducateurs, et des techniciens pour aider et travailler solidairement ensemble avec le peuple haïtien, victime de la pauvreté, de la marginalité, de la violence sociale et structurelle et des désastres naturels.
Les Etats-Unis, en réponse aux besoins du peuple haïtien, ont envoyé 20 mille soldats pour contrôler et soumettre ce peuple. Mais, personne ne parle de cela car l'intention des campagnes journalistiques est de rester au service des intérêts économiques et politiques des puissants qui veulent soumettre tous les peuples.
Dans un autre domaine, bien des actions de solidarité et des faits positifs sont passés sous silence par les media. Par exemple, la présidente argentine Cristina Fernandez Kirchner dans son voyage en Europe a parlé de la crise vécue par les pays d'Amérique Latine et a suggéré de ne plus accepter les recettes du FMI et de la Banque Mondiale, avertissant des graves conséquences que la crise financière mondiale aurait sur la vie du peuple argentin.
C'est avec une attitude orgueilleuse que les moyens de communication européens ont traîté cette intervention de façon méprisante et parlé de « cette dame qui veut nous enseigner ce que nous devons faire ». Pourtant, il aurait été bon et souhaitable qu'ils prêtent davantage attention à ces conseils de la présidente qui leur avait ainsi tendu la main de façon solidaire.
J'ai dit publiquement et je soutiens que « la Loi sur les Moyens Audio-visuels » votée par le Parlement argentin est vraiment nécessaire car elle permet de rompre le contrôle des monopoles de l'information et apporte davantage de pluralisme journalistique pour récupérer la liberté de la presse. La réaction des entreprises de presse, comme le Groupe Clarin, se sont aussitôt déchaînés dans une campagne virulente contre le gouvernement accompagnée par la voracité d'une opposition sans idées qui cherche seulement à frapper avec force le gouvernement et qui possède tous les media à sa disposition. Ils agissent comme la pythonisse en annonçant toutes sortes de catastrophes sans tenir aucun compte des apports et des avancées du gouvernement et en signalant seulement l'importance de ses erreurs. Tout ceci est très préoccupant pour la validité démocratique du pays.
Concernant l'entreprise « Papel Prensa », entreprise aujourd'hui en situation de monopole, il faut absolument rechercher ce qu'elle doit à la dictature militaire et savoir qui a été favorisé par cette dictature. La famille Graiver a subi des séquestrations, des tortures, la prison et la mort, et on s'est emparé de tous ses biens. Actuellement, le gouvernement argentin a commencé une recherche pour déterminer les responsabilités dans cette affaire. La dictature militaire a utilisé ce même type de manigances pour s'emparer aussi d'autres entreprises et des richesses d'autres victimes de la violence et de l'impunité dans cette période.
En même temps, ce gouvernement, comme je l'ai signalé plusieurs fois, ne sait pas et ne veut pas dialoguer ; c'est un gouvernement de confrontation qui ne fait qu'aggraver les conflits et agit toujours avec beaucoup de superbe et très peu de sens politique pour résoudre les problèmes du pays. A tout cela, il faut ajouter les politiques provinciales des seigneurs féodaux qui font toujours ce qu'ils veulent et non ce qu'ils devraient faire. Ils conduisent les provinces argentines à leur propre désintégration sur le plan social, culturel, politique et économique. Une chose est le fédéralisme qui partage à la fois l'intégration nationale et un même projet pour l'ensemble du pays, autre chose est le féodalisme qui mène à la désintégration nationale.
La politique néolibérale que conduit le gouvernement actuel ne s'est guère modifiée depuis l'époque de Menem qui a causé tant de dommages dans le pays. Au contraire, elle s'est aggravée. En effet, les discours progressistes sont une chose, mais la réalité est toute autre. Le problème politique et économique du gouvernement et celui de la « Société Rurale Argentine» ne sont pas très différents ; simplement, la dispute est de savoir qui va garder la plus grande part du gâteau. Il suffit de savoir que le gouvernement ne fait rien pour freiner les dommages environnementaux et les pesticides, ni pour arrêter l'exploitation des grandes compagnies minières avec tous ses désastres et les dommages qu'elles causent à la santé des populations et aux économies régionales et familiales..
D'un autre côté, nous devons reconnaître que le gouvernement, malgré ses nombreuses contradictions, a obtenu diverses avancées dans les domaines sociaux. Il serait très important pour le pays que les forces progressistes qui s'opposent au gouvernement, présentent des alternatives au modèle en vigueur au lieu de s'égosiller dans des critiques qui ne mènent nulle part.
Les défis sont énormes ; on doit repenser tout le pays et créer un nouveau contrat social qui permette d'avancer dans la construction démocratique et le respect des droits humains dans leur intégrité.
La liberté de la presse permettrait une plus grande conscience critique et le renforcement des valeurs éthiques, sociales, culturelles et politiques. Elle mettrait un terme à la pollution de l'information et on pourrait alors repenser l'organisation de ce pays que nous aimons.
https://www.alainet.org/fr/articulo/143992?language=en
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