Les objectifs du millénaire : « La Suisse et la décennie perdue »
15/09/2010
- Opinión
Quelques heures avant le début le 20 septembre, à New York, du sommet des Nations Unies chargé d’analyser la mise en œuvre des « Objectifs du Millénaire pour le développement», la société civile suisse élève la voix. Et demande aux autorités nationales de faire preuve de davantage de cohérence.
Des représentants d’Alliance Sud et de la section suisse d’Amnesty International ont critiqué le gouvernement suisse pour n’avoir pas rempli ses engagements, notamment en matière de coopération au développement.
« Une décennie perdue »
« Concernant la Suisse et les OMD, on peut parler d’une décennie perdue », relève Peter Niggli, directeur d’Alliance Sud -plateforme de 6 des plus importantes ONG d’aide au développement, qui regroupe Swissaid, Action de Carême, Pain pour le prochain, Helvetas, Caritas et EPER.
Plus spécifiquement, la critique des ONG s’adresse à l’augmentation réelle de la coopération au développement. « Le Conseil fédéral affirme que la Suisse a, depuis 2000, accru son aide au développement de 0,34 % à 0,47 % du produit national brut (PNB). En réalité, c’est un trompe-l’œil », déclare Niggli.
Il dénonce le fait que ces statistiques officielles incluent « les dépenses pour les requérants d’asile et les remises de dettes». Ces rubriques représentent 22 % de l’aide publique au développement.
Sans ces deux rubriques, la coopération au développement s’élèverait en réalité à 0,36 % du PNB, «soit quasiment le même niveau qu’il y a dix ans. Et les pays les plus pauvres ne reçoivent qu’un quart de l’aide bilatérale », souligne le directeur d’Alliance Sud.
En résumé, explique-t-il, si la Suisse avait appliqué le plan financier prévu en 2001, l’aide helvétique serait de 0,5 % du PNB. Mais ce n’est pas le cas. La Confédération ne remplit pas le 8e objectif accepté par la communauté internationale au sommet des Nations Unies en 2000, prévoyant l’augmentation progressive de la coopération au développement.
Malgré tout, selon Niggli, « Le Conseil fédéral a les moyens de corriger en partie le tir dans la dernière ligne droite des OMD, ces cinq prochaines années ».
Le gouvernement devrait adopter, en date du vendredi 17 septembre, « un message et un crédit complémentaire pour une augmentation de l’aide à 0,5 % d’ici 2015. Le Conseil fédéral donnera ainsi suite, avec retard, à une décision du Parlement en 2008 ».
« De la parole aux actes »
« Les droits humains doivent être au cœur même de la lutte contre la pauvreté… Il faut passer de la parole aux actes », souligne pour sa part Daniel Bolomey, secrétaire général de la section suisse d’Amnesty International.
Bolomey estime que le bilan à l’échelle internationale quant à la mise en œuvre des OMD est « mitigé ». Tout en reconnaissant certains progrès – scolarité enfantine, eau potable, lutte contre la malaria » -, il estime que « les Etats continuent à faire dépendre de la situation économique la réalisation des objectifs… sans assumer le fait que la non-application implique le non-respect des droits fondamentaux des gens qui souffrent de pauvreté ».
Les propositions de la société civile
Pour les ONG suisses, la critique doit s’accompagner de propositions. Leurs représentants ont donc présenté des propositions viables adressées au gouvernement suisse et à la communauté internationale pour améliorer d’ici cinq ans la réalisation des « Objectifs de développement du millénaire ».
Alliance Sud préconise deux mesures ou lignes d’actions, qui « donneront un nouveau souffle » dans la phase finale d’application des engagements à réduire de moitié la pauvreté.
Augmenter l’aide publique au développement pour atteindre le pourcentage de 0,5 %, en priorisant les pays les plus pauvres et les secteurs des populations les plus défavorisés. Et garantir, d’autre part, une meilleure cohérence de la coopération helvétique avec l’ensemble de la politique internationale du pays, par exemple en appuyant la lutte des pays pauvres contre l’évasion fiscale.
Selon Alliance Sud, quelques 360 milliards de francs de fortune non imposée en provenance des pays en développement reposent dans nos banques. Si seuls les revenus de ces placements étaient imposés, ces pays récupereraient chaque année six milliards de francs, soit plus du double de l’aide publique suisse au développement.
Pour la section suisse d’Amnesty International, il s’agit surtout de garantir que les OMD soient considérés comme exercice à la base des droits humains fondamentaux des personnes. Donner la priorité aux femmes – 70 % des personnes qui vivent dans la pauvreté sont des femmes - ; ouvrir un dialogue avec les personnes qui vivent dans la pauvreté et promouvoir leur participation réelle ; et établir des mécanismes de contrôle et l’obligation pour les Etats de présenter leurs comptes par rapport aux secteurs directement pénalisés par l’extrême pauvreté.
*Sergio Ferrari, service de presse E-CHANGER,
Traduction H.P. Renk
https://www.alainet.org/fr/articulo/144185?language=en
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