« Les filles ont plus de devoirs que de droits », s’insurgent des féministes
14/10/2012
- Opinión
Toute une série d’actes de maltraitance, comme le mariage forcé et précoce, au détriment des filles, dénoncés à l’occasion ...
P-au-P, 15 oct. 2012 [AlterPresse] --- Plusieurs organisations de promotion des droits des femmes élèvent leur voix pour protester contre la discrimination dont les filles sont victimes en Haïti à cause de leur sexe, à l’occasion de la première journée internationale de la fille, le jeudi 11 octobre 2012.
« Ma vie, mes droits, fini le mariage d’enfants » a été le thème de célébration, en 2012, de cette journée, adoptée suite à une résolution prise par l’assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (Onu) en décembre 2011.
La discrimination de sexe est l’un des problèmes, auxquels sont confrontées les filles en Haïti, souligne la responsable de l’organisation, Fanm deside (Les femmes décidées), Nadia Lafleur, dans une interview accordée à AlterPresse.
« Ce sont des filles qui ont plus de devoirs que de droits », déplore Lafleur, constatant que celles-ci sont victimes de toutes sortes de violences, de viols et de discriminations, à cause de leur sexe.
Dans la société haïtienne, plus de filles se retrouvent en domesticité que les garçons, avance la militante féministe qui critique cette disparité de genre.
On estime à 300,000 le nombre d’enfants, dont des filles pour la plupart, vivant en domesticité en Haïti, selon des chiffres avancés par le Foyer Maurice Sixto, une institution d’accompagnement de ces enfants.
Nadia Lafleur souligne aussi combien les filles sont victimes du mariage forcé, qui entraine divers impacts négatifs sur leur avenir, comme la grossesse prématurée et l’abandon de l’école.
Ce type de mariage, observé surtout dans les milieux ruraux, est contraire aux droits des filles, précise-t-elle.
Il y a des cas où des parents finissent même par marier leurs filles violées avec leurs propres agresseurs, s’insurge t-elle contre cette mentalité traditionnelle qui constitue une violation de leurs droits.
Le manque de moyens économiques est une des causes qui poussent les parents à marier leurs filles à des hommes âgés dans l’espoir d’accéder à de meilleures conditions de vie, fustige=-t-elle.
Il faut une sensibilisation des parents qui comptent, non sur l’intelligence de leurs filles pour les retirer dans la pauvreté, mais sur leurs corps, recommande Lafleur.
L’État doit aussi prendre ses responsabilités pour contrecarrer ces types de mariage, quoique isolés, souhaite la féministe.
La journée internationale consacrée aux filles devrait permettre à la société de réfléchir sur leur réalité et d’apporter des réponses aux différents problèmes, auxquels elles font face, comme la délinquance juvénile, le manque d’accès à l’éducation, leur maltraitance, que se soit dans leur famille d’accueil ou biologique, suggère, pour sa part, la directrice exécutive de « Fanm Yo La », Lisa François.
Cette journée attire aussi l’attention sur la violence, dont sont victimes constamment les filles, comme la pédophilie, la prostitution.
La moitié des enfants, livrés à eux-mêmes dans les rues, sont des filles, affirme François, estimant que la majeure partie d’entre elles, placées dans des familles d’accueil, sont maltraitées.
Les filles doivent bénéficier du même traitement que les garçons à tous les niveaux, préconise la militante de défense des droits des filles et des femmes.
« Au niveau primaire, il y a autant de filles à l’école que de petits garçons » depuis quelques années, se réjouit-elle.
Cette évolution dans le système éducatif au niveau primaire est due aux différentes sensibilisations, faites par les organisations féministes, auprès des parents, sur la nécessité d’envoyer et de maintenir leurs filles à l’école, au même titre que les garçons, fait remarquer Lisa François.
L’éducation est l’arme la plus efficace pour lutter contre la marginalisation et la violence orchestrées à l’endroit des filles dans le monde, préconise la directrice générale de l’Organisation des Nations-unies pour l’éducation la science et la culture (Unesco), Irina Bokova, à l’occasion de la journée internationale de la fille, le 11 octobre 2012.
Les mariages précoces, la discrimination active, le manque d’opportunités, la situation d’inégalité et d’injustice, dont sont victimes les filles à cause de leur sexe, constituent une atteinte aux droits fondamentaux et freinent les sociétés sur la voie du développement durable, critique l’Unesco.
https://www.alainet.org/fr/articulo/161848
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