Argentine, tout sur la détention de la dirigeante sociale Milagro Sala
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« On cherche à criminaliser le mouvement social »
Entretien avec l’avocat Luis Paz, défenseur de Milagro Sala
Le cas de Milagro Sala, dirigeante sociale du mouvement Tupac Amaru dans la province de Jujuy, emprisonnée depuis janvier 2016, est devenu une source de clivage. Pour une partie de la société argentine Milagro Sala - depuis octobre 2015 députée au Parlement sud-américain (PARLASUR) – est une victime de l’autoritarisme du nouveau gouvernement. Pour celui-ci, Milagro Sala a commis des délits graves, qui doivent être jugés. Entretien avec l’avocat Luis Paz, son défenseur.
Q : Quelle est la situation juridique de Milagro Sala ?
Luis Paz (LP) : Elle est privée illégalement de sa liberté, depuis le 16 janvier 2016, sur ordre du gouverneur Gerardo Morales. La première inculpation concerne sa participation à une protestation sociale pacifique, qui avait commencé devant la résidence gouvernementale le 14 décembre 2015, face au manque de réponses pour les réclamations de 20.000 travailleurs des coopératives demandant l’ouverture d’une instance de dialogue. Parmi quatre inculpés dans cette affaire, Milagro Sala fut la seule détenue. Le 29 janvier, il lui fut notifié l’arrêt de sa détention dans ce procès, mais quelques heures plus tard elle fut informée qu’elle continuerait d’être emprisonnée pour une autre inculpation d’association illicite, d’escroquerie et de fraude envers l’Etat. Après plus de quatre mois de détention, il n’existe dans le dossier aucun élément contre elle, hormis les déclarations d’autres dirigeants sociaux, cooptés par le gouvernement provincial, qui l’ont dénoncée.
P : C'est-à-dire…
En définitive, dans le cas de Milagro Sala, ont été violés systématiquement l’Etat de droit, la légitime défense, la présomption d’innocence, pour ne citer que quelques-unes des nombreuses irrégularités que nous avons dénoncées tout au long de ce procès.
Q: La détention viole-t-elle son immunité parlementaire ?
LP : Oui, Comme députée du PARLASUR, Milagro Sala jouit de l’immunité et, avant de l’arrêter, il aurait fallu commencer préalablement un processus de levée de cette immunité. La Procuraduría de Violencia Institucional (PROCUVIN) a constaté que Milagro Sala est privée illégalement de sa liberté et que, par conséquent « soit prise l’urgente et immédiate résolution de la mettre en liberté ».
Q: Votre évaluation politique de cette détention…
LP : Milagro Sala est la première prisonnière politique de l’ère Macri. Le Centre d’études légales et sociales, Amnesty International et les Avocats du Nord-oest argentin pour les droits humains et les études sociales ont déposé des dénonciations à ce propos auprès de la Commission interaméricaine des droits humains et du Groupe des Nations Unies sur les détentions arbitraires. Ceux-ci ont déjà communiqué leurs avis au gouvernement argentin, lequel persiste à ne pas y répondre. La criminalisation de Milagro Sala cherche à « discipliner » tous les mouvements populaires en Argentine. C’est un ballon d’essai : si ce processus continue, tous les Argentins risquent d’être arrêtés et accusés sans respect des garanties constitutionnelles, comme cela s’est déjà produit durant les époques les plus obscures (ndr : dictature militaire) de notre pays.
*Sergio Ferrari, collaboration avec le journal suisse Le Courrier
Traduction H.P.Renk
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