Le tabac tue toujours, les transnationales du tabac continuent à en retirer du bénéfice...
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- Des loups déguisés en moutons
- "Accros au profit et manquant de responsabilité"
- Plus de 80 % des fumeurs vivent dans les pays à bas ou moyen revenu
Bien que l'usage mondial du tabac ait considérablement diminué au cours des 16 dernières années, les objectifs d'une réduction drastique de 30% d'ici 2025 ne seront pas atteints, s'ils sont maintenus à ce rythme. C'est ce qu'indique un nouveau rapport de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) qui vient d'être présenté à Genève, le 31 mai dernier. Ce rapport met en cause la responsabilité évidente des grandes compagnies de tabac et la tiédeur de nombreux États.
Le tabac tue plus de sept millions de personnes par an - plus de six millions de fumeurs actifs et près d'un million de fumeurs passifs - ce qui représente 44 % de tous les décès dus à des maladies non transmissibles (MNT). Sans sous-estimer les différents types de cancers apparentés, la consommation de tabac est l'une des principales responsables des maladies cardiovasculaires, la majeure cause de décès dans les MNT.
Malgré ces données révélatrices, il y a encore 1,1 milliard de fumeurs adultes - et au moins 367 millions de consommateurs de tabac sans fumée dans le monde. Une personne sur cinq fume, dont 24 millions d'enfants âgés de 13 à 15 ans.
En outre, plus de 80 % des fumeurs vivent dans des pays à bas ou moyen revenu, selon le rapport de l'OMS. Ceci démontre bien l'incidence de ce fléau dans les économies les plus fragiles du monde.
Les compagnies de tabac et la complicité des États sont montrées du doigt
La responsabilité des transnationales productrices et distributrices de tabac est déterminante dans l'existence de ce fléau. L'OMS laisse entendre que l'un des principaux facteurs entravant les efforts des pays à faible et moyen revenu est "l'industrie du tabac avec sa promotion agressive des produits du tabac, en particulier auprès des jeunes, et ses efforts continus pour dissimuler les dangers du tabagisme".
La coresponsabilité de nombreux États n'en est pas moins importante. Actuellement, un pays sur quatre ne dispose pas de données suffisantes pour surveiller l'épidémie de tabagisme. Et seul un sur trois mène une enquête quinquennale sur les habitudes des jeunes et des adultes. Alors que plus de la moitié des pays membres de l'OMS ont réduit leur demande de tabac par rapport à 2010, s'ils continuent à ce rythme, sept pays sur huit n'atteindront pas l'objectif de réduire leur consommation de 30 % d'ici 2025.
La relation entre les politiques gouvernementales modérées et les bénéfices des compagnies de tabac demeure au cœur du tabagisme. Seuls 42 pays - 19% de la population mondiale - ont de bonnes pratiques en matière d'avertissements graphiques sur les conséquences du tabagisme, comprenant des messages clairs dans la langue locale, sur le recto et le verso des paquets de cigarettes.
Les pressions exercées par les sociétés transnationales et leur droit à une publicité massive sont également évidentes. Selon le rapport de l'OMS, une interdiction générale de toute forme de publicité, de promotion et de parrainage du tabac réduirait la consommation de 7 % en moyenne. Cependant, seuls 29 pays - représentant 12 % de la population mondiale - ont interdit toute forme de publicité, de promotion ou de parrainage. Un pays sur trois n'a pas ou très peu de restrictions.
La double morale des entreprises reste la norme. Comme le souligne l'OMS, "face au public, l'industrie du tabac est favorable à des mesures de lutte contre le trafic illicite de tabac et de produits dérivés. Cependant, des documents internes à l'industrie, publiés dans un certain nombre d'affaires judiciaires, montrent que l'industrie du tabac a en fait encouragé activement le commerce illicite dans le monde entier". Dans le même temps, cette industrie s'efforce d'empêcher l'application de mesures de lutte antitabac, par exemple, "en augmentant les taxes ou en exigeant l'exclusion d'avertissements graphiques sur la santé, au motif qu'ils stimuleraient le commerce illicite".
La ratification de la lutte antitabac
L'Organisation mondiale de la santé confirme sa détermination à poursuivre la lutte contre l'épidémie de tabagisme. Elle rappelle que la convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac - entrée en vigueur en 2005 - comprend 180 partenaires, représentant plus de 90 % de la population mondiale.
Pour l'organisme international, cette convention marque une étape importante dans la promotion de la santé publique. "En tant que traité fondé sur des preuves scientifiques qui réaffirme le droit des individus au meilleur état de santé possible, il établit des perspectives juridiques pour la coopération internationale en matière de santé et fixe des normes élevées de conformité". En 2008, il a également introduit six mesures supplémentaires pour renforcer la lutte antitabac sur le terrain: surveillance de l'usage du tabac et mesures de prévention; protection de la population contre la fumée du tabac; aide aux personnes qui souhaitent arrêter de fumer; avertissement des dangers du tabac; interdiction de la publicité, de la promotion et du parrainage; augmentation des taxes sur le tabac.
Loups déguisés en moutons
"La collaboration avec les industries du tabac est contraire aux principes et aux valeurs des Nations Unies", souligne la doctoresse Vera da Costa da Silva dans son article publié sur le site officiel de la convention-cadre de l'OMS pour la lutte antitabac. Madame da Costa da Silva est la cheffe du secrétariat de cette convention.
Cette publication est une analyse révélatrice de la tentative des "barons de l'industrie mondiale du tabac... qui se sont montrés comme de bons citoyens du monde, cadres à la voix débonnaire, versés dans le discours rassurant de la responsabilité sociale des entreprises."
L'article énumère encore certaines collaborations que ces barons ont établies avec l'Union européenne, avec l'Organisation internationale du travail et avec le Pacte mondial des Nations Unies (UNGC), dans le but d'améliorer leur image.
La responsable du secrétariat de la convention affirme qu'en réalité ces entreprises vendent des produits toxiques qui tuent sept millions de personnes par an et obligent les contribuables à payer la facture pour les maladies qu'ils causent. "C'est une industrie qui est dépendante du profit et qui manque totalement de responsabilité ".
(Traduction : Rosemarie Fournier)
- Sergio Ferrari, des Nations Unies, Genève, Suisse.
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