Haïti, « Pays-lock » acte VI

13/02/2019
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P-au-P., 12 févr. 2019 [AlterPresse] --- C’est la 6e journée d’un mouvement de protestation contre le président Jovenel Moïse, qui paralyse Haïti. Rues barricadées et manifestations sporadiques caractérisent ce mouvement appelé « pays lock », qui prétend verrouiller le pays pour contraindre le chef de l’État à la démission.

 

La circulation continuait, tôt dans la matinée, d’être difficile dans plusieurs quartiers de la zone métropolitaine. Des pneus enflammés et de nombreux objets placés sur des artères compliquent les déplacements en voiture, malgré des opérations de la police pour tenter de libérer la voie publique, un peu moins encombrée.

 

Le transport en commun est rare, quoique quelques tap-tap et des taxis-moto soient remarqués.

 

Après près d’une semaine de blocage, en dépit d’une tendance à une certaine reprise, des riverains tentent difficilement, au début de la journée, de s’approvisionner, alors que le commerce est globalement paralysé, de même que les activités bancaires, scolaires, etc.

 

Le gouvernement reconnaît le droit des citoyens à manifester dans les limites de la loi, mais condamne fermement des actes de violence, de vandalisme et de pillage enregistrés ces derniers jours. Le ministre de la justice, Jean Roudy Aly demande à la police de sévir contre les fauteurs de troubles.

 

De son coté l’opposition dénonce une cinquantaine de personnes tuées à travers le pays depuis le début du mouvement ; des décès qui s’élèvent, de préférence, à plus d’une dizaine, selon les organismes de droits humains.

 

André Michel de la coalition appelée secteur démocratique et populaire annonce que le pays restera bloqué jusqu’à la démission du président.

 

Entre démission et dialogue

 

Plus d’une douzaine de sénateurs et de députés de l’opposition réclament la démission immédiate de Jovenel Moïse dans une prise de position rendue publique hier.

 

Le comportement irresponsable de Jovenel Moïse constitue une menace permanente pour la stabilité et la protection des vies et des biens.

 

Ils demandent de remplacer l’actuel pouvoir, de manière institutionnelle, et de mettre en place une transition, conduite par un gouvernement de salut public, issu d’un large consensus national.

 

Le secteur patronal a également fait part de sa position à travers des communiqués de différentes chambres de commerce.

 

La Chambre de commerce et d’industrie d’Haïti (Ccih) enjoint le président Jovenel Moïse et son premier ministre Jean Henry Céant, ainsi que les parlementaires (sénateurs et députés) à mettre leur mandat sur la table d’un dialogue national.

 

La Ccih exhorte le président à inviter les différents secteurs socio-politiques et économiques à un dialogue national inter-haïtien, « véritable et transparent ».

 

Plusieurs partis politiques avaient déjà exigé, comme préalable à tout dialogue, l’insertion de la démission de Jovenel Moïse à l’agenda des discussions.

 

L’heure est grave, la misère augmente, le bien commun est menacé, estime la Conférence épiscopale, qui déplore les pertes en vies humaines et en biens matériels.

 

Le pays est au bord de l’abîme ! Cette situation ne peut pas se prolonger, lit-on dans ce communiqué, qui invite à écouter le peuple.

 

Les Évêques en appellent à la conscience citoyenne des différentes parties en vue d’une décision patriotique, ne serait-ce qu’au prix de grands sacrifices.

 

12 février 2019

http://www.alterpresse.org/spip.php?article24038#.XGNPmLh7nIU

 

https://www.alainet.org/fr/articulo/198125
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