Coup d’œil sur la semaine du 30 août au 4 septembre 2020
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La semaine dernière s’est terminée sur un point d’interrogation, le président Maduro ayant déclaré qu’il ferait bientôt d’importantes annonces. Lundi a été rendu public le décret présidentiel qui gracie un peu plus d’une centaine d’opposants à la révolution bolivarienne, mais aucun ancien militaire. Cette nouvelle a bouleversé l’échiquier politique vénézuélien et perturbé l’ordre du jour des discussions politiques de cette semaine, alors que les délibérations et les alliances concernant les candidatures aux élections législatives étaient toujours en cours. Il faut aussi parler rapidement de l’Opération Gedeón à cause des récents événements qui se sont déroulés en Colombie et qui montrent que tout était organisé. Nous ne manquerons de faire notre rapport habituel sur la COVID-19 dans notre pays et nous finirons par quelques brèves concernant les élections.
C’est notre dixième coup d’œil sur la semaine et c’est le moment de remercier publiquement les camarades qui traduisent de façon solidaire en italien, en allemand et en français ainsi que les administrateurs des sites alternatifs qui publient ce coup d’œil sur le Venezuela aussi bien en Amérique qu’en Europe.
Les grâces : plus de questions que de réponses
Le président Maduro soutient que le décret qui accorde la grâce aux opposants est un geste en faveur de la réconciliation et de la paix qui doit aplanir le terrain pour des élections législatives libres de tout obstacle. Cette décision politique met une fois de plus à l’épreuve l’opposition farouche mais a aussi des répercussions dans les rangs du chavisme. Le chavisme soutient majoritairement cette manœuvre qu’il qualifie de stratégique mais certains partisans manifestent leur désaccord avec ce nouveau « pardon ». Le commandant Chávez, après le coup d’État de 2002, avait fait le même geste et le chavisme avait réagi de la même façon.
Une partie de l’opposition est lucide et veut revenir sur l’échiquier national. Ce sont des acteurs politiques qui ont une dynamique active sur différents plans alors que l’autre partie voit avec méfiance l’incorporation des personnes libérées, car cela va agiter la compétition. Bien que beaucoup continuent à ne pas reconnaître Maduro, aucun jusqu’à présent n’a refusé la grâce présidentielle, sauf ceux qui sont à l’étranger.
En arrière-plan se déroule un débat juridique, car il a été dit qu’il s’agissait d’une grâce concernant des personnes inculpées[1] alors qu’il vaudrait mieux dire ayant obtenu un non-lieu, ce qui signifie qu’elles ne sont plus accusées. Certains discutent aussi à propos des délits imputés à certains graciés qualifiés de « crimes contre l’humanité », ce qui les exclut, d’après la Constitution, de toute grâce ou aménagement de peine. Comme nous l’avons dit, ce n’est pas une mesure judiciaire, par conséquent cette discussion ne mène nulle part. Cette mesure est une mesure politique qui obéit à un calcul et suscite plus de questions que de réponses.
On peut être d’accord ou non avec cette mesure qui montre à nouveau qui prend les décisions politiques dans le pays : le chavisme. Alors que l’opposition reste plus confuse envers les élections et que beaucoup des graciés se sont déjà occupés de déposer leur candidature et se vanteront d’avoir laissé des plumes dans la lutte alors que d’autres n’ont pas souffert, surtout ceux qui jouissent d’un exil doré.
Cette décision n’est pas une décision isolée ni unilatérale, elle fait partie d’une dynamique privée dans laquelle les dialogues auxquels participent des acteurs vénézuéliens et étrangers n’ont pas été rompus. Cela signifie que le chavisme est reconnu en tant que force politique vitale et, à partir de là, ceux de l’opposition qui y participent adoptent un comportement contraire au discours public apocalyptique des yankees. Les nouvelles décisions ne nous surprennent donc pas.
En regardant le passé, une contrariété apparaît, car Chávez avait permis en 2002 qu’une partie de l’opposition reste dans le jeu politique : or elle avait cédé à la violence. Il n’y a aucune garantie qu’elle s’en tienne à la voie pacifique, car la voie de l’opposition, c’est déjà plus qu’évident, ce sont les yankees et la violence qui la définissent. La violence continue à être leur instrument favori.
L’Opération Gedeón: Des faits isolés ? Non, totalement liés et imbriqués
Ce qu’on appelle l’Opération Gedeón est l’incursion armée sur les côtes vénézuéliennes d’un groupe paramilitaire conseillé par une entreprise états-unienne qui a déclaré avoir été engagée par le soi-disant gouvernement de Juan Guaidó. En mars de cette année, l’un de ses organisateurs, Clíver Alcalá, un ancien haut gradé de l’armée vénézuélienne, a déclaré publiquement être lié à cette opération. Ensuite, l’opération a été exécutée et a été neutralisée efficacement au Venezuela. Par la suite, Alcalá a été réclamé par la justice états-unienne et extradé vers ce pays alors que ceux qui ont été arrêtés au Venezuela ont été jugés et condamnés rapidement, ayant avoué les délits qu’on leur imputait.
La nouveauté de cette semaine, c’est que le gouvernement colombien a annoncé la capture de quatre Vénézuéliens sur son territoire, des Vénézuéliens que le bureau du Procureur vénézuélien accuse d’avoir participé à l’organisation de ce qu’on appelle l’Opération Gedeón. Le gouvernement colombien affirme qu’ils organisaient des actions contre l’État colombien.
Cette nouvelle nous indique les véritables artisans de cette opération, c’est-à-dire les organismes de renseignement états-uniens, ne laissent rien au hasard, de sorte que tous les impliqués seront d’une façon ou d’une autre neutralisés ou protégés à discrétion. Ils ont commencé par Alcalá et ont fini, pour l’instant, par ces quatre Vénézuéliens qui ont été arrêtés, ce qui signifie qu’ils ont tous des informations qui peuvent compromettre de façon importante les gouvernements colombien et états-unien. Pendant ce temps, le gouvernement nord-américain cherchera des mécanismes permettant à ces citoyens états-uniens impliqués dans des actes terroristes au Venezuela de retrouver leur liberté.
La formule 7 x 7 pour affronter la Covid-19
Nous avons terminé la semaine de quarantaine radicale pendant laquelle seules les activités économiques essentielles étaient permises. Maintenant, nous commençons sept autres jours d’assouplissement, ce qui va dynamiser l’économie et permettre aux citoyens de réaliser certaines démarches auprès des instances de l’État.
Jusqu’à samedi 5 août, les sources officielles faisaient état de 52 165 cas positifs avec un taux de guérison de 81 %, ce qui signifie qu’il y avait 9 739 cas actifs dont la majorité ne présente pas de symptômes. La plupart des cas actifs continuent à être soignés par le système national de santé publique. On a aussi appris que le nombre de tests effectués par million d’habitants a augmenté et qu’il atteint à présent 60 192, ce qui signifie que 1 805 766 personnes ont été examinées. Comme je l’ai dit la semaine dernière, c’est l’un des taux les plus hauts du continent.
Selon le “Rapport statistique COVID-19” du Centre vénézuélien d’études sur la Chine en date du 3 septembre, les statistiques du Venezuela varient peu par rapport à l’Amérique du Sud. Le pays continue à occuper la 8e place avec une légère baisse du taux de mortalité : 0,81 % alors que la moyenne régionale baisse également légèrement à 3,18 %. Le taux de guérison continue à augmenter et se situe à présent à 81,35 %, au-dessus de la moyenne régionale (78,99 %). Les cas vénézuéliens représentent 0,76 % du total de la région méridionale de Notre Amérique et les morts 0,19 %.
Brèves concernant les élections
La période pendant laquelle les organisations politiques pouvaient inscrire leurs candidats s’achève. Le Conseil national électoral a fait savoir que plus de 14 000 candidatures ont été inscrites. Pour l’instant, beaucoup de listes ne sont pas publiques aussi bien en ce qui concerne le chavisme que l’opposition.
On ne connaît que la liste nationale des candidats chavistes. Dans l’opposition, la nouveauté, c’est l’intention du dirigeant d’opposition de droite Henrique Capriles d’organiser la participation aux élections. Dans les prochains jours, nous pourrons présenter une analyse des candidatures.
Le gouvernement des États-Unis d’Amérique, conformément à sa politique d’ingérence, a pris des mesures coercitives unilatérales qui affectent une partie des autorités du Conseil national électoral sous prétexte qu’elles participent à une fraude en cours. Il a même inscrit sur sa liste des « sanctionnés » le Procureur général de la République.
Si vous souhaitez commenter ce texte, demander qu’on approfondisse un sujet ou poser tout autre question en rapport avec ce texte, vous pouvez écrire à l’auteur : jesusalbertorondon@gmail.com
NOTE de la traductrice:
[1] Procesadas : accusées, inculpées, prévenus (substantif).
Traduction Françoise Lopez pour Bolivar Infos
Révision Claude Morin
URL de cet article: http://bolivarinfos.over-blog.com/2020/09/venezuela-grace-presidentielle...
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