Les 5 propositions du Mouvement des Travailleurs Sans Terre aux candidats à la Présidence de la République
19/08/2014
- Opinión
1. Lutte pour une Assemblée Constituante exclusive de réforme politique.
Nous ne pouvons admettre qu’au Congrès National siègent 76 députés qui s’affichent comme représentants de l’agro-business. De l’autre côté seuls 7 députés se déclarent représentants des paysans sans terre. Au total seulement 8 % des députés sont des femmes. Cette réalité ne changera qu’avec une réforme du système politique qui ne sera pas réalisée par un Congrès issu du financement privé des campagnes. La société a besoin d’intervenir dans ce processus à travers la construction d’une Assemblée Constituante Exclusive et Souveraine du Système Politique.
2. Démocratiser la terre pour les Sans Terre.
C’est l’heure de lancer la bataille de la démocratisation des terres brésiliennes. Comment admettre que les meilleures terres agricoles soient au service des grandes transnationales de la canne à sucre, de l’eucalyptus et du soja, et dans leur majorité sous contrôle du capital étranger ? 60 millions d’hectares de terre cultivables sont en litige au Brésil – elles peuvent être destinées à la Réforme Agraire ou être achetées à tout moment par des étrangers. Il est important que l’exécutif organise un plan d’expropriation des grandes propriétés et garantisse la terre aux familles de paysans sans terre qui vivent dans les campements, en plus de la démarcation des terres indigènes et de garantir le droit des quilombolas et de leurs descendants (communautés afrodescendantes).
3. Pour un plan de production d’aliments sains.
Le Brésil est le plus grand consommateur de produits agrotoxiques au monde. Les petits agriculteurs peuvent produire des aliments de qualité sans ces poisons pour approvisionner le marché brésilien tout en préservant l’environnement et garantissant une diversification des aliments nécessaires pour l’équilibre alimentaire. Pour cela nous avons besoin d’augmenter la capacité de la Compagnie Nationale d’Approvisionnement (Conab) pour l’acquisition des produits de la Réforme Agraire et pour garantir que les mairies achètent ces aliments pour les repas scolaires.
Le gouvernement fédéral, les états régionaux et les municipalités doivent être partenaires des petits agriculteurs à travers un esemble de politiques publiques, agro-industrielles, politiques de crédit, de protection et de développement de semences, d’assistance technique et de formations pour contribuir à l’organisation de la production alimentaire. Nous proposons ainsi la création d’une entreprise d’État pour satisfaire cette demande.
4. Education et culture en zone rurale, comme lieu agréable de vie.
Les zones rurales brésilienes ne peuvent être réduites à un lieu pour produire. Nous ne pouvons traiter la campagne comme si elle n’était qu’une grande usine à grains. Nous avons besoin de zones rurales comme lieu agréable de vie, c’est pourquoi l’État doit renforcer les politiques publiques qui garantissent une qualité de vie. D’emblée nous revendiquons l’arrêt immédiat des fermetures des écoles rurales. Dans les dernières quinze années plus de vingt mille écoles ont été fermées. Nous avons besoin d’internet de qualité, de centres culturels, d’écoles pour les enfants, de transport public, d’équipements et d’infrastructures pour les pratiques sportives, et de politiques de publicité pour les publications centrées sur la vie de la population rurale.
5. Construire un projet populaire pour le Brésil.
De notre point de vue, la bataille électorale principale se joue entre le néo-développementisme et le néo-libréralisme. Nous ne sommes représentés par aucun de ces deux projets mais il est important de battre le néo-libéralisme et toute la droite conservatrice qui l’appuie. Face à cette conjocture nous devons débattre et construire un champ politique autour d’une plate-forme de réformes structurelles qui soit dirigée et hégémonisée par le camp populaire. Ceci permettra de résoudre les problèmes sociaux du monde du travail et en même temps, d’accumuler des forces pour les transformations profondes de l’État brésilien et pour élever le niveau de conscience politique et culturel de la classe des travailleurs.
Nous croyons le moment propice à l’ouverture d’un grand débat avec toutes les forces populaires et de gauche, avec les partis qui croient encore à la réforme agraire comme moyen de construire une société plus juste et égalitaire. Enfin, indépendamment de qui gagnera les élections, nous devons nous préparer pour les nombreuses luttes que connaîtra la prochaine période.
- Joao Paulo Rodriguez est membre de la Direction Nationale du MST, formé en sciences sociales et membre du groupe de conjoncture de la Fondation Perseu Abramo.
Traduction : Thierry Deronne
20 août 2014
https://www.alainet.org/pt/node/102602
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